musique une plongée au rythme de la musique
2018FFJM-Lione
Interview

Une plongée au rythme de la musique

29.06.2023
par Léa Stocky

Passionné de musique, Mathieu Jaton est le directeur du Montreux Jazz Festival depuis 2013. Dans cette interview, il nous décrit les coulisses de l’événement phare de l’été suisse. 

Mathieu Jaton, comment est né le festival? 

Dans les années 60, Claude Nobs, cuisinier de formation, travaillait à l’office du tourisme de Montreux. Une année, son patron lui donne la mission d’organiser des événements pour remplir les chambres d’hôtel pendant l’été. C’est là que lui vient l’idée d’organiser un festival de jazz, genre musical dont il était fan. Il part aux États-Unis pour rencontrer et convaincre ses idoles de venir jouer à Montreux. Un petit miracle se produit et il parvient, avec un budget de 10 000 francs, à faire venir des artistes tel que Charles Lloyd, Keith Jarrett et Jack DeJohnette.

Quels sont les défis à relever dans l’organisation d’un tel événement? 

Il y en a sans arrêt. En 2019, le grand défi était de construire une immense scène dans un stade de Montreux pour accueillir Elton John. En 2021, lorsque la pandémie avait mis le monde du spectacle à l’arrêt, nous nous sommes lancés le défi de faire une scène sur le Lac. Et l’année prochaine, à cause des travaux de rénovation du Centre des Congrès, le Festival devra se faire hors-mur. Mais nous avons beaucoup appris des différentes expériences de ces dernières années et nous sommes confiant. Donc encore un défi mais on vous prépare quelque chose qui, je l’espère, vous éblouira.

Avez-vous une ou deux anecdotes à raconter à nos lecteurs? 

En regardant le programme de cette année, je vois le nom de Sofiane Pamart et ça me plonge tout de suite dans un incroyable souvenir de 2021. Cette année-là, le pianiste français, qui collabore avec les plus grands noms de la scène rap française, a joué un concert magnifique sur la fameuse Scène du Lac. En s’apercevant du paysage de Montreux et de ce qu’il avait à offrir, il a demandé à notre équipe de production vidéo de tourner un clip pour lui à Montreux sur le titre « Solitude ». La séquence principale du clip a été tournée à l’aurore, sur la plateforme devant la place du marché de Montreux. C’était un moment inoubliable, les premières lueurs du jour, les premiers chants d’oiseaux et ce pianiste incroyable qui nous régalait d’une de ses plus belles compositions. Cette année il joue au Stravinski avec Chilly Gonzales. La rencontre de ces deux pianistes me réjouit beaucoup. C’est la première fois qu’ils jouent sur la même scène et le même soir ! Je rêve qu’ils fassent un duo ou qu’ils enflamment la jam après les concerts.

Comment choisissez-vous les artistes? 

Notre équipe de programmation est composée de six personnes. Chacun a une ou plusieurs scènes attitrées mais les réflexions se font en groupe. C’est un travail complexe qui se fait, pour certains artistes, des années à l’avance. Nos programmateurs scrutent les nouvelles tendances et ce qu’il se passe sur les réseaux sociaux. Ils vont à de nombreux festivals en Suisse et à l’étranger et ils composent en fonction de ce qu’ils rêvent de faire et de ce qui est réalisable. En plus, ils ont ce flair pour dénicher les grands noms de demain. C’est comme ça qu’on a déjà eu des artistes comme Ed Sheeran et Kendrick Lamar au Lab, au tout début de leur carrière. Après il faut aussi toujours prendre en compte le budget, à savoir le cachet de l’artiste, les coûts de production du concert et la rentabilité de la soirée. Contrairement aux open airs classiques, nous vendons 32 billets différents sur 16 soirées. C’est un vrai casse-tête.

Qui est le coup de cœur de l’équipe? 

Caroline Polachek est certainement l’artiste qui fait l’unanimité au sein du bureau. C’est une touche à tout et sa musique est aventureuse et sophistiquée. Je me passe en boucle son dernier album, c’est pop, ça va dans tous les sens, c’est avant-gardiste tout en étant hyper accessible. Sa tournée a commencé au début de l’année et elle a fait sold out partout aux USA. Les critiques s’enflamment sur son show et j’ai le sentiment qu’elle va exploser ces prochaines années, comme Dua Lipa ou Angèle qui avaient joué au Lab juste avant qu’elles deviennent des stars mondiales.

Interview Léa Stocky

Image Marc Ducrest

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