Content marketing et musées : des œuvres déridées !
Prenons un musée. Son but premier ? Accueillir des œuvres d’art. Son but second (et très lié au premier) ? Accueillir des visiteurs. Si certaines personnes, amatrices d’art sous toutes ses formes, n’ont pas besoin de publicité pour vouloir pénétrer les portes de l’un des temples de la culture (Le musée de la porcelaine ? Mais oui allons-y !), pour d’autres, c’est plus compliqué.
Une question se pose alors. À l’heure de TikTok et de ses vidéos de 30 secondes, à l’heure des Kardashian, des pandémies mondiales et des changements de température qui donnent envie de s’emmitoufler sous une couverture ou de se dorer la pilule en terrasse, pourquoi donc se farcir l’observation d’œuvres d’art pendant des heures ? Œuvres d’art qui, disons-le, ont pour la plupart du temps été réalisé par des hommes et des femmes (disons-le aussi, plus souvent par des hommes malheureusement) morts depuis très très très longtemps ? Le radeau de la méduse, personne ne va le sauver. En revanche ce petit chat-là, eh bien il se roule en boule et c’est très mignon à voir.
Oui mais voilà. Les œuvres d’arts sont toujours là. Cinq cent ans plus tard, la Joconde n’a toujours pas pris aucune ride. Le but de cet article n’est pas de démontrer l’importance de l’art dans un monde en mutation. Cela a sûrement déjà été très bien fait et par des gens très qualifiés. Nous chercherons plutôt à démontrer ici que rien n’est ni tout blanc ni tout noir et que, peut-être, pour se refaire une petite beauté, la Joconde a beaucoup de choses à apprendre des Kardashian.
En d’autres termes, les institutions culturelles, comme les entreprises, ont tout intérêt à s’inspirer des nouvelles techniques de communication pour continuer d’attirer des passionnés, des novices, des professeurs, des étudiants, des personnes âgées, des artistes, des touristes, ou même des gens qui ne savaient pas quoi faire pour leur premier date.
Voici donc quelques exemples d’institutions culturelles qui ont réussi à adapter leur stratégie marketing pour promouvoir leurs œuvres auprès des visiteurs.
Mona Lisa sous son meilleur jour
Visiter le célèbre musée parisien sans la file d’attente interminable devant la pyramide ? C’est possible ! Et ce de deux façons. La première, arrêtez de faire la queue à cet endroit-là et prenez plutôt l’entrée souterraine appelée Carrousel du Louvre et accessible depuis le métro. La deuxième, visitez le musée depuis votre canapé. Les visites virtuelles créées par le musée permettent à toute personne qui ne peut pas s’y rendre d’apprécier les œuvres à leur juste valeur. Elle démocratise l’accès à l’art, tout en permettant aux personnes qui ont visité les lieux dans la journée mais qui en ont encore plein les yeux de continuer à s’émerveiller. Si tout le musée n’est pas accessible en visite virtuelle, l’institution propose de nombreux autres contenus pour répondre à la curiosité des internautes, tels que des concerts ou des conférences en live, des films, des podcasts ou encore des posts sur les réseaux sociaux. Le musée a même créé une expérience de réalité virtuelle entièrement consacrée à La Joconde qui permet aux visiteurs virtuels d’observer l’œuvre et d’en apprendre davantage sur le travail de son créateur, Léonard de Vinci.
Les œuvres en vedette le temps d’une vidéo
Des musées, il y en a plein. Certains sont mêmes plutôt cocasses. Entre le musée du phallus en Islande, le musée des nouilles instantanées au Japon ou encore le musée du collier de chien à Leeds, en Angleterre, on se rend compte que la culture, c’est large. Au-delà des grands noms tels que le Louvre, les plus petits musées aussi ont droit à leur campagne de content marketing. En Suisse, on retrouve le musée d’histoire de Thurgau sur TikTok. Au programme, de courtes vidéos explicatives sur les pièces conservées au sein du musée. L’avantage du réseau social Tiktok pour les musées est de pouvoir produire de courtes vidéos, afin de s’insérer dans ce nouveau phénomène du scrolling compulsif dans lequel, soyons honnête, les musées ne sont pas les mieux placés pour rivaliser. Comment donner envie de déambuler des heures durant pour admirer des objets ou œuvres immobiles, alors qu’on peut voir des milliers de vidéos dans le même temps ? La réponse à cette question, c’est l’adaptation. Non, les musées ne vont certainement pas changer de formes de sitôt, mais de petites vidéos souvent humoristiques permettent de les redécouvrir autrement. De leur donner peut-être même un petit coup de jeune.
Ouh là là, ou comment jouer avec les codes
Utiliser le marketing de contenu peut donc être un bon moyen pour les musées de se faire connaître, mais aussi de dénoncer. En 2021, les musées de Vienne ont pris une initiative originale pour faire un pied de nez aux réseaux sociaux et à leur politique de censure : ils ont ouvert un compte OnlyFans. En effet, beaucoup d’œuvres des musées de la capitale autrichienne ont été victimes de censure sur Facebook et Instagram pour cause de nudité. Ainsi, en 2018, une photographie de la Vénus de Willendorf du Musée d’histoire naturelle de Vienne s’est faite retirée de Facebook. La raison ? Le caractère soi-disant pornographique de la vieille femme de 25 000 ans. Comme quoi, il n’y a pas d’âge. Autres œuvres victimes de leur sexitude, les toiles de Pierre Paul Rubens, Amedeo Modigliani ou encore d’Egon Schiele. OnlyFans, un réseau social payant permettant de s’exposer nu, est donc apparu comme une solution adéquate aux musées pour exprimer leur frustration face à un algorithme jugé insensé et qui bannit des œuvres pourtant historiques et éducatives. Alors que d’antan, on s’offusquait pour une cheville dénudée, on s’offusque aujourd’hui pour un sein peint. Si l’objet de transgression change, les débats restent les mêmes, prouvant que les musées n’appartiennent définitivement pas au passé.
Finalement, les musées ont aujourd’hui tout intérêt à s’amuser et jouer avec ces nouvelles technologies et les médias sociaux. C’est grâce à cette alliance entre l’héritage et la modernité qu’ils continueront à attirer petits et grands et à montrer tout leur plein potentiel. Autant donc laisser libre cours à sa créativité !
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