La viande suisse est chère. À l’étranger, le prix de la viande n’atteint pas des sommets aussi vertigineux qu’en Suisse. Mais pourquoi est-elle si chère? Nous vous l’expliquons afin que, à l’avenir, vous soyez contents de dépenser autant pour ce produit local.
À une époque où le végétalisme est tendance et où le tourisme d’achat est en plein essor en Allemagne et en France, il est difficile d’être un producteur de viande suisse. 96% des Suisses mangent encore de la viande et, en moyenne, 51 kg par habitant et par année. Le porc et la volaille sont particulièrement populaires dans notre pays. Mais qu’est-ce qui justifie l’achat de ces produits coûteux sur place, alors que l’Allemagne, la France et l’Italie ne sont pas loin et offrent des prix plus avantageux?
Des petites terres mais bien gérées
Si la viande est aussi chère, c’est notamment à cause de l’utilisation durable des terres. Environ un tiers de la Suisse peut être utilisé pour l’agriculture. Les deux tiers sont des espaces verts sur lesquels le bétail peut être gardé. Cependant, de nombreux terrains sont inutilisables pour les cultures fruitières en raison de leur nature escarpée et en haute altitude. Pour de nombreux ruminants, ces conditions ne posent pas de problème. Ils utilisent ces espaces verts comme source de nourriture. À titre de comparaison, aux États-Unis, seuls 16 000 km2 sont utilisés pour la production d’aliments végétaux, ce qui représente moins de la moitié de la superficie de la Suisse.
D’ailleurs, la Suisse peut généralement se passer des systèmes d’irrigation artificielle en raison des pluies abondantes. En revanche, sur le continent américain par exemple, de nombreuses zones de taille s’assèchent car la production d’aliments pour les animaux nécessite déjà une irrigation artificielle continue. La conséquence inévitable de cette situation est une baisse constante de la nappe phréatique. Les statistiques montrent également que les États-Unis ont une consommation d’eau supplémentaire pour la production alimentaire de 1 800 km3 par personne et par an, soit 400 km3 de plus que dans de nombreux pays occidentaux.
En Suisse, les producteurs de viande sont souvent des entreprises familiales qui se sentent proches de leur bétail.
Des antibiotiques? Pas dans la viande suisse
Dans ce contexte, il est encore plus important de rappeler la loi suisse sur la protection des animaux. Il s’agit de la réglementation la plus stricte au monde. Par exemple, la loi stipule que les ruminants doivent se nourrir surtout de foin et de paille, le fourrage grossier. La proportion d’aliments concentrés, en revanche, doit être maintenue à un niveau aussi bas que possible. Ainsi, le régime alimentaire des animaux s’avère adapté à leur espèce et respectueux de l’environnement. De plus, les farines animales et les plantes génétiquement modifiées ainsi que les hormones et les antibiotiques qui améliorent les performances sont interdits en Suisse.
La détention d’animaux conformément à ces lignes directrices suisses est plus de l’ordre de l’exception que de la règle dans des pays comme les États-Unis. On pourrait donc penser que, si ces règles ne sont pas respectées par tous les producteurs américains, les aliments comportent une étiquette qui avertit le consommateur. En fait, c’est le contraire qui se produit aux États-Unis. Ce sont les fabricants qui peuvent étiqueter, à leur discrétion, les aliments provenant d’une entreprise de production qui utilise des manipulations génétiques, des antibiotiques ou des hormones. Il n’y a pas d’obligation de déclarer les médicaments et les hormones, ce qui serait plus clair pour les consommateurs.
En Suisse, les directives relatives au transport des animaux sont également claires. L’animal ne peut en aucun cas passer plus de six heures en voyage; il faut lui épargner un stress et une peur inutiles.
Les farines animales et les plantes génétiquement modifiées ainsi que les hormones et les antibiotiques qui améliorent les performances sont interdits en Suisse.
La confiance c’est bien, mais le contrôle c’est mieux
Des mesures efficaces ne doivent pas toujours être obligatoires. En Suisse, les producteurs de viande sont souvent des entreprises familiales qui se sentent proches de leur bétail. Ce sont ces agriculteurs que l’État encourage à participer à des programmes tels que les «systèmes de logement particulièrement respectueux des animaux» (BTS) et «l’exercice régulier en plein air» (RAUS). Les statistiques de participation indiquent un grand succès. En effet, les trois quarts de tous les animaux d’élevage sont détenus conformément au programme RAUS et plus de la moitié selon les lignes directrices du BTS. Différents labels informent le consommateur sur la détention de ces animaux.
Pour que toutes ces réglementations ne soient pas juste des mots, les producteurs attendent une documentation complète. Des contrôles systématiques sont également effectués pour vérifier si les exigences en matière d’origine et de production sont respectées. Ces contrôles sont effectués par des organismes de certification indépendants reconnus par le gouvernement fédéral. Des scandales, tels que ceux mis à jour par l’organisation française de protection des animaux «L214 éthique & animaux» sont donc impensables. En France, chaque année, circulent des vidéos enregistrées avec des caméras cachées par des militants du bien-être animal. Dans ces vidéos, le personnel de certains abattoirs en France fait preuve d’un terrible comportement.
Une différence de goût évidente
Enfin, mentionnons encore un argument évident qui justifie le prix de la viande suisse. Il s’agit de la différence de goût entre la viande suisse issue d’un élevage respectueux des animaux et celle d’une production non réglementée. Les meilleures précautions pour les animaux et les consommateurs se trouvent sur le pas de la porte. Le tourisme d’achat dans les pays étrangers proches est donc regrettable en ce qui concerne la viande. Afin de respecter les réglementations strictes et les engagements volontaires, les producteurs doivent pouvoir compter sur de bons chiffres de vente. Soyons honnêtes: là où il y a de la volonté, il y a des moyens.
Texte Selin Olivia Turhangil
Traduction de l’allemand par Andrea Tarantini
Laisser un commentaire