jean jean-claude van damme: «il faut profiter de chaque moment»
Hollywood Interview

Jean-Claude Van Damme: «il faut profiter de chaque moment»

15.10.2020
par Andrea Tarantini

Entrer dans la cinquantaine est un cap que certains vivent douloureusement. Jean-Claude Van Damme l’a passé il y a une dizaine d’années. Icône des arts martiaux et du cinéma d’action depuis 40 ans, il se livre sur son sentiment face à cette nouvelle étape.

Comment vivez-vous votre âge?

Difficile de vous répondre puisque j’ai toujours 20 ans (rires). Pour être honnête, je n’y prête pas attention. Ce ne sont que des chiffres.

Votre corps est votre outil de travail, quelle est votre routine «santé»?

Il n’y a pas de miracle. Je fais attention, j’évite de manger trop gras. Mon épouse, ancienne championne de bodybuilding, me prépare toujours de bons petits plats dont elle a le secret (rires). Le matin par exemple, j’aime manger des flocons d’avoine avec des noix ou des bananes, le midi du poisson et le soir une soupe de légumes. Mais le plus important, c’est le sport. C’est ma philosophie de vie. J’en ai besoin. J’ai appris très jeune à souffrir dans une salle. C’est même mon seul caprice sur un tournage: une bicyclette et des haltères. A mes yeux, le sport est l’un des meilleurs médicaments pour la santé.

Dans votre carrière, vous avez maintes fois prouvé votre ténacité et votre force mentale. Quelle approche du monde tenez-vous à garder à l’esprit en toute circonstance?

Indéniablement, l’ouverture d’esprit. Je souhaite à tout le monde d’être «aware». Être «aware», c’est être à l’écoute de soi pour éviter les blessures et bien vieillir. Être à l’écoute des autres aussi, de ce qui nous entoure. Je vis à Hong-Kong depuis plusieurs années et je passe aussi beaucoup de temps à Los Angeles. Ce sont des cultures très différentes. Hong Kong est à la fois ultramoderne et très traditionnelle. Là, respect, politesse, gentillesse font partie de la philosophie de vie. À Los Angeles, le cinéma et le sport ont une place à part. C’est une ville qui ne dort jamais. Dans ma vie quotidienne, j’essaie d’être ouvert aux deux influences. Sport et zen attitude d’un côté, savoir-vivre de l’autre. Être à l’écoute nous fait grandir, je plains ceux qui se regardent le nombril toute la journée. Ils passent à côté de beaucoup de choses dans la vie, probablement sans même s’en rendre compte.

Le sport, l’alimentation et l’ouverture d’esprit. Tout cela participe à votre bien-être. Mais avez-vous un élixir de jeunesse?

L’humour! J’adore blaguer. Il m’est impossible de passer une journée sans me marrer. C’est dans mon ADN. Le rire est aussi l’un des meilleurs médicaments. Rire, c’est connu, ça rallonge la vie et ça rend heureux.

Passé cinquante ans, une inquiétude guette, celle de manquer de projets ou de défis dans le futur. D’un autre côté, on y trouve peut-être une forme de sérénité, celle de n’avoir plus besoin de prouver sa valeur. Qu’en pensez-vous?

On n’a simplement plus envie de s’embêter. On a envie de faire des choses qu’on aime et qu’on n’a pas eu le temps de réaliser. Des projets, on en a tous, peu importe l’âge. Il faut se donner l’ambition de les atteindre! Je me suis engagé dans le combat en faveur des animaux avec GAIA et dans le «télévie». Je rêve un jour d’ouvrir ma salle de karaté en Asie ou à Los Angeles. Bien évidemment, je continue à tourner des films. Je viens de réaliser l’un de mes rêves avec «Jean-Claude Van Johnson» de Ridley Scott: varier mes registres au cinéma. J’y incarnais plusieurs personnes. J’ai adoré jouer un héros, un abruti, un idiot, un minable ou un ingrat. C’était juste jubilatoire!

Aujourd’hui, quelles sont les trois grandes envies que vous souhaitez concrétiser en priorité?

Les mêmes qu’avant la cinquantaine. Sans hésitation, je veux poursuivre mes passions: le sport et le cinéma. Poursuivre aussi mes engagements humanitaires. Mais la plus importante de mes envies, c’est celle que j’ai toujours à l’esprit: le bonheur de ma famille. Je souhaite que mes enfants s’épanouissent dans leur propre vie. C’est le souhait de tous les parents du monde.

Avancer en âge vous rend-il plus sensible qu’avant à vos racines belges?

Même si je n’y vis pas, j’ai toujours été très attaché à mon pays. J’ai grandi à Berchem-Sainte-Agathe. Dès mes premiers fils, j’ai mentionné d’où je venais. C’est par exemple le cas de «Kickboxers» qui a fait un carton mondial dans les années 90. J’ai toujours été proche de mes racines. J’y reviens deux à trois fois par an. Je suis avec attention le palmarès des sportifs belges: Eddy Merckx, les joueuses de tennis, les combattants. Sans oublier la bande dessinée belge qui est d’une belle richesse. J’adore les aventures de Tintin. Petit, je les ai toutes lues.

Quels bénéfices apporte l’âge?

À 50 ans, on a déjà accompli la moitié de notre vie. Donc, c’est un nouveau départ, une nouvelle naissance pour la seconde moitié (rires)! Plus sérieusement, ça apporte une certaine harmonie avec soi-même. On a un regard différent sur la vie, plus posé et attentif à ce qui compte vraiment. On dit parfois que la sagesse est au rendez-vous, je pense que c’est vrai. C’est aussi une étape compliquée, où il faut revoir ses ambitions. J’ai de la chance, j’aime ce que je fais. Je le souhaite à tout le monde. Et je me sens plus fort aussi, avec ma compagne. Je souhaite à tout le monde de vieillir avec sa moitié.

Quels conseils donneriez-vous à vos fans pour passer sereinement le cap des 50 ans?

Je leur conseillerais de prendre soin de leur corps. Si on est bien dans son corps, on est automatiquement bien dans sa tête. Ensuite, il faut s’entourer de belles personnes, qui ont une attitude positive. Finalement, on devrait tous s’éloigner des futilités de la vie. Parfois, je suis un peu irrité quand je vois des jeunes qui passent des journées entières sur leur téléphone. Le temps file à une vitesse incroyable, il faut profiter de chaque moment de bonheur et le partager.

Si je n’avais pas été Jean-Claude Van Damme…

J’aurais pu être un sportif de haut niveau, pour partager mon savoir avec les nouveaux talents. Autrement, j’aurais pu être autre chose, chirurgien par exemple. Le corps humain me fascine depuis toujours, j’adore les documentaires médicaux!

© BELGA/AFP PHOTO/Martin BUREAU

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