A 52 ans, Joseph Gorgoni, alias Marie-Thérèse Porchet, continue de faire rire le grand public à travers ses spectacles. En route pour sa quatrième tournée avec le Cirque Knie, l’artiste prépare d’autres projets pour l’année prochaine. Incarnant son personnage devenu culte en Suisse romande depuis 25 ans, l’humoriste entend également explorer d’autres possibilités artistiques. Rencontre.
Tout le monde la connaît. Figure incontournable de la scène humoristique romande, Marie-Thérèse Porchet nous a tous fait rire à travers ses innombrables spectacles et représentations. Derrière ce personnage rapidement devenu mythique, Joseph Gorgoni, 52 ans cette année, continue d’incarner cette ménagère un peu bourgeoise avec le même succès depuis maintenant 25 ans. Si l’humoriste endosse actuellement le costume de Marie-Thérèse pour sa quatrième tournée avec le Cirque Knie dans toute la Suisse romande, il travaille aussi sur d’autres projets artistiques. Après le carton de son dernier spectacle De A à Zouc tourné de fin 2014 à 2016, durant lequel on pouvait suivre le «vrai» Joseph Gorgoni, l’artiste veut continuer à explorer d’autres horizons et personnages, sans perdre de vue sa fidèle Marie-Thérèse, qu’il continue d’incarner avec autant de plaisir. Tant mieux, car le public en redemande! Interview.
Le personnage de Marie-Thérèse Porchet a toujours eu la cinquantaine. Alors que vous l’incarnez depuis 25 ans, vous la rejoignez finalement pour de vrai après avoir fêté vos 52 ans cette année. Qu’est-ce que cela vous évoque?
Joseph Gorgoni: C’est vrai (rires). A vrai dire j’ai l’impression que cela ne fait pas autant d’années que je joue ce personnage. En regardant en arrière, je réalise surtout à quel point le temps file à une vitesse incroyable. Au début, alors qu’il s’agissait encore d’un gag et d’un sketch, je n’imaginais pas du tout que ma carrière artistique allait se construire sur ce personnage. Je l’ai vécu un peu comme un rêve, à la fois ahuri de ce qui m’arrivait tout en étant conscient de la grande chance que j’avais. Une chance qui continue d’ailleurs puisque j’ai toujours autant de plaisir à jouer Marie-Thérèse aujourd’hui.
J’ai toujours aimé la danse et j’ai pu commencer à prendre des cours à l’âge de 15 ans, grâce à mon travail de vendeur en papeterie.
Racontez-nous la première fois où vous avez incarné ce personnage.
Marie-Thérèse a vu le jour en 1993. En fait le personnage est né suite à mon engagement en tant que danseur à la Revue genevoise en 1991. Durant les répétitions, je m’amusais à danser et à faire rire les copains en prenant une autre voix. Suite à cela, Pierre Naftule a décelé la possibilité d’en faire un personnage à part entière et nous avons ensuite imaginé le spectacle.
D’où vous est venu l’inspiration pour donner naissance à Marie-Thérèse Porchet?
Des femmes en général ainsi que de ma grand-mère et de mon ancienne chef de bureau en particulier. Certaines expressions de Marie-Thérèse sont d’ailleurs tirées de celles que ma grand-mère avait. Le côté guilleret et la gestuelle du personnage viennent en partie de mon ancienne chef lorsque je travaillais en tant que vendeur par téléphone dans une papeterie. J’avais également pris l’habitude de me rendre dans des tea-rooms pour m’inspirer de la manière dont les femmes parlent.
En tant qu’artiste, qu’est-ce que votre expérience vous apporte aujourd’hui par rapport à vos premières années?
Je dirais que je me sens plus en phase avec moi-même aujourd’hui qu’il y a 30 ans. Le fait que Marie-Thérèse ait fait autant rire le public, et qu’elle continue à le faire, me procure un sentiment rassurant. C’est très agréable de se sentir aimé et apprécié, surtout en tant qu’artiste. En même temps, je ressens davantage de stress et d’appréhension aujourd’hui. A l’époque je n’avais rien à perdre. Alors qu’aujourd’hui je me questionne davantage, notamment pour savoir si mon spectacle va encore plaire ou si mon personnage continuera à amuser le public.
Une carrière artistique s’avère aussi éprouvante. Tenir deux heures sur scène demande un certain niveau de concentration ainsi qu’une bonne condition physique. Que faites-vous pour garder la forme et votre métier vous y aide-t-il?
L’humour aide à rester jeune, c’est certain. Ensuite j’ai surtout la chance d’être toujours en bonne santé et d’aimer le sport. Je viens de la danse à la base et je continue à m’entraîner régulièrement en salle avec d’anciennes collègues danseuses. Je fais aussi beaucoup de cardio. Après je dois avouer être de nature gourmande, j’essaie donc de faire assez attention à ce que je mange. A 40 ans déjà j’ai commencé à m’apercevoir que je ne pouvais plus manger autant qu’avant sans prendre de poids.
Qu’est-ce qui vous a amené à la danse et dans quels styles avez-vous principalement évolué?
J’ai toujours aimé la danse et j’ai pu commencer à prendre des cours à l’âge de 15 ans, grâce à mon travail de vendeur en papeterie. Sept ans plus tard je devenais professionnel et je dansais beaucoup dans des cabarets et des opérettes. J’ai également eu de très belles expériences, par exemple en intégrant la comédie musicale Cats en 1989 à Paris. J’ai ensuite continué avec mes spectacles, durant lesquels une partie de ma performance est aussi basée sur la danse.
Même s’il n’y a rien de prévu pour l’instant, je dois dire qu’un retour à Paris m’intéresse beaucoup.
Votre dernier spectacle De A à Zouc, durant lequel on suivait Joseph Gorgoni et non Marie-Thérèse, a connu un gros succès. Cela vous encourage-t-il à explorer d’autres possibilités artistiques durant ces prochaines années en plus de votre personnage principal?
Oui. C’est en tous cas ce que je prévois pour l’année prochaine. Je travaille d’ailleurs avec Pierre Naftule pour l’écriture d’un spectacle, comme depuis mes débuts. Si j’aime toujours autant jouer Marie-Thérèse et que je ne compte pas l’abandonner, je veux aussi explorer d’autres voies et incarner des personnages différents. Le théâtre, le cinéma et la chanson m’attirent également. D’ailleurs ces différentes disciplines se retrouvent partiellement dans mes spectacles. En incarnant Madame Porchet durant toutes ces années, j’ai en outre pu apprendre à moduler ma voix avec une grande précision. Je projette aussi de voyager un peu et de jouer à l’étranger. Même s’il n’y a rien de prévu pour l’instant, je dois dire qu’un retour à Paris m’intéresse beaucoup. J’ai récemment reçu plusieurs demandes pour y jouer. On verra donc de quoi 2019 sera fait. Et jusqu’à la fin de cette année je me réjouis de pouvoir continuer ma tournée avec le Cirque Knie.
Par rapport à un spectacle sur scène, quelles sont les spécificités liées à une représentation au cirque?
Le cirque constitue un exercice artistique assez exigeant. Il n’est pas rare que l’on doive donner plusieurs représentations durant la même journée, ce qui peut s’avérer éprouvant. Ensuite, durant mon spectacle, je ne peux pas forcément me permettre de faire les mêmes blagues ou les mêmes sketches que sur scène. Car au crique, le public compte des enfants et des adultes. Le défi consiste alors à parvenir à faire rire ces deux publics sans les choquer ni les lasser. Et le cirque s’avère par ailleurs particulier dans le sens où il y a tout un univers qui l’entoure, les décors, la musique et les autres spectacles qui se succèdent durant une même représentation.
Peut-on aussi s’attendre à vous voir en représentation avec d’autres humoristes?
Oui pourquoi pas. J’en serais même ravi. La scène romande compte de plus en plus de talents et j’avais déjà eu l’opportunité de jouer avec un bon nombre d’entre eux pour l’anniversaire des 20 ans de Marie-Thérèse avec le spectacle G20 en 2012. Une superbe expérience durant laquelle je me suis vraiment amusé. Et en tant qu’humoriste, on prend un réel plaisir à pouvoir partager ces moments. Si jouer en solo s’avère confortable, on rit davantage à plusieurs. A voir pour un prochain spectacle donc.
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