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Culture Interview Jeunesse

«Être jeune a ses avantages»

30.11.2021
par Léa Stocky

En 2013, à 21 ans, Yoann Provenzano publie ses premières vidéos humoristiques sur Facebook. Aujourd’hui, l’humoriste, chroniqueur radio et animateur de télé prépare une nouvelle tournée. Dans l’interview qui suit, il se confie sur ses débuts et sa vision de la jeunesse.

Yoann Provenzano, pourquoi as-tu décidé de devenir humoriste? Exercer le métier d’humoriste était pour moi un rêve d’enfant, mais je n’ai pas vraiment cherché à le devenir, c’est plutôt quelque chose qui m’est tombé dessus. J’ai toujours fait des blagues pour me marrer, mais aussi pour faire rire mes proches. Et puis, au bout d’un moment, des gens m’ont engagé pour que je les fasse rire aussi. J’ai commencé à gagner ma vie comme ça. Aujourd’hui, c’est mon métier et j’en suis très heureux. Je suis aussi conscient de sa fragilité et je savoure donc chaque instant.

Qu’est-ce qui te plaît le plus dans ce métier?

Ce que j’aime le plus, c’est le contact. Ça me fait plaisir de rencontrer les gens qui ont assisté à mon spectacle ou qui regardent l’émission de télé que j’anime, «Cash», et qui me disent qu’ils aiment ce que je fais. J’aime aussi le fait de pouvoir exprimer ma créativité tout en partageant mes idées, mes propos, mes opinions et mes blagues.

Tu t’es lancé dans le secteur de l’humour très jeune, notamment en participant à 20 ans au Banane Comedy festival. Quelles difficultés as-tu rencontrées?

Être jeune a ses avantages. J’avais cette espèce de fougue et d’insouciance qui me disait «fonce, tu es plein d’énergie, les gens vont t’écouter et ça va être trop bien!». Quand on est jeune, on découvre, tout est magique et spectaculaire parce que tout est nouveau. J’espère conserver la spontanéité et l’insouciance de ce mec de 20 ans qui commençait à faire des blagues. Au début, on n’a pas forcément confiance et on n’est pas toujours préparé. Plusieurs fois, je me suis retrouvé face à un public qui n’était pas du tout réceptif, ou peut-être je n’étais juste pas bon ces soirs-là. Parfois, j’avais envie d’arrêter et de tout casser! Je manquais de confiance et je ne m’affirmais pas assez, ce qui m’a causé quelques petites désillusions.

Selon toi, quelles sont les difficultés que rencontrent les jeunes dans leurs études ou leur début de vie active?

Les jeunes peuvent ressentir un sentiment d’illégitimité quand ils se retrouvent face à des gens qui ont plus d’expérience. Ils se disent qu’ils ne seront jamais écoutés parce qu’ils sont jeunes. Tout le monde s’est retrouvé à un moment donné à cette place. Le chemin mène à l’expérience, il faut juste être patient et confiant, s’affirmer et faire de son mieux.

Tu t’es notamment fait connaître avec des vidéos dans lesquelles tu incarnais des jeunes. La jeunesse t’inspire-t-elle?

J’incarne la jeunesse parce que j’ai l’impression d’être encore un peu jeune (rires). Je baigne toujours dans cet univers culturel relié à la jeunesse. J’essaie de comprendre les systèmes de référence: je me demande ce qui fait rire les gens de mon âge, en essayant toujours de rester dans une tranche d’âge qui varie de plus ou moins cinq ans. C’est comme ça que je fonctionne et que je m’inspire. Je pense qu’on ne fait pas rire les jeunes et les moins jeunes de la même manière, mais on peut faire rire tout le monde avec les mêmes thèmes. Il faut juste savoir trouver la meilleure façon de leur transmettre ce qu’on veut leur dire. Par exemple, si une personne âgée découvre Tik Tok, elle sera submergée par la quantité d’informations. Les univers sont les mêmes, c’est juste le moyen de rendre les blagues saillantes qui change.

Pour toi, qu’est-ce que cela signifie être jeune aujourd’hui?

Être jeune aujourd’hui, c’est avoir le demi-tarif (rires). C’est mener des batailles pour lesquelles on aurait dû se battre il y a 20 ans. Beaucoup de jeunes s’investissent énormément dans le combat contre la crise environnementale, dans celui pour l’égalité des genres ou des orientations sexuelles… Être jeune aujourd’hui, c’est aussi être ultra-connecté et avoir une ouverture folle face au monde.

Quels conseils donnerais-tu à un.e jeune qui souhaite se lancer dans de nouveaux projets?

Je lui dirais: «Fonce! Si ça ne marche pas, tu as le temps pour réessayer, si ça marche tu as le temps de te perfectionner, donc autant utiliser ce temps comme tu le souhaites!» Aujourd’hui, on a tout à disposition: par exemple, pour se lancer dans le dessin ou la photo, il existe des tutos sur Youtube.

Et quels sont tes projets futurs?

Je prévois un spectacle en tournée, Le Spectacle est Permanent. Je vais aussi continuer à contribuer à l’émission de télé «Cash» et à m’investir dans ma chronique sur Couleur 3. Autrement, j’espère aussi continuer le plus longtemps possible à faire rire les gens!

Yoann Provenzano en quelques mots...

Mon humoriste préféré est… Sebastian Maniscalco, un humoriste américain.

Petit, je rêvais de devenir… footballeur professionnel.

Adolescent, je détestais… les champignons… et les inégalités (rires).

À l’université, je mangeais… beaucoup de croissants au jambon.

Quand je suis sous la douche, je chante… P.Y.T. de Michael Jackson.

Dans 30 ans, je me vois… myope et heureux.

Le samedi soir, j’aime… boire des coups, mais aussi ne pas rentrer trop tard (rires).

Si je pouvais rencontrer un personnage de film, ce serait… Tyler Durden de Fight Club.

Un dernier mot pour la fin… Fonce!

Interview Léa Stocky
Photo Kenza Wadimoff

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