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La Suisse n’a pas une alimentation assez durable

09.03.2020
par Laetizia Barreto

Nous ne nous sommes jamais vraiment préoccupés de savoir si notre alimentation était durable jusqu’à aujourd’hui. En effet, il ne s’agit plus de répondre uniquement à nos désirs individuels, mais bel et bien de garantir la survie de la collectivité. À cette fin, une alimentation durable permet de préserver l’environnement. Cependant, dans ce domaine, la Suisse n’est pas forcément en avance sur son temps.

Qu’entend-on par une production alimentaire durable? Il est assez difficile de définir le concept, puisque le terme prête à différentes interprétations. Par exemple, les déchets alimentaires ou les emballages non dégradables font partie des facteurs à améliorer. Mais ces derniers ne constituent pas l’unique problème. En effet, les sources d’énergie fossile, l’approvisionnement en eau (potable) et la fertilité des terres arables sont également débattables. Ainsi que les rendements par unité de surface des cultures fourragères jouent également un rôle.

Et si l’économie favorise les produits les moins chers, l’écologie et les animaux de ferme souffrent de cette production à moindre coût. L’enjeu d’une production durable serait donc de rendre plus accessibles les produits biologiques. Par exemple, en interdisant les méthodes de culture nuisibles à l’environnement.

Moins de gaspillage, c’est possible

Etant donné que l’ensemble de l’industrie alimentaire vise à satisfaire au maximum les besoins des consommateurs, ces derniers ont un rôle clé à jouer. De fait, ils peuvent réellement avoir un impact sur le marché de la production alimentaire.

Il existe bien des manières de lutter contre le gaspillage alimentaire. Toutefois, il faut commencer par sensibiliser les consommateurs. Réfléchir à la nécessité de ce que l’on achète est important. C’est pourquoi il vaut mieux n’acheter que ce dont on a réellement besoin, stocker de la bonne manière ou encore réutiliser les restes.

Selon Claudio Beretta, de l’Institut pour l’innovation en matière d’alimentation et de boissons de la ZHAW, «il existe déjà plusieurs projets innovants pour mieux apprécier la nourriture. L’association foodwaste.ch, par exemple, organise des manifestations où des menus gratuits, à base de légumes invendus, sont distribués aux passants. Le but étant de faire découvrir le bon goût de ces produits malaimés. Une action réellement bénéfique serait de ne pas limiter l’école aux salles de classe. Mais également inclure dans le cursus scolaire des visites de fermes et des cours de cuisine. Les jeunes générations valoriseraient la nourriture d’une autre manière.»

Toutefois, Claudio Beretta explique que les grossistes doivent également faire la part des choses. «Les consommateurs devraient avoir le choix d’acheter des légumes qui ne sont ni parfaits, ni très beaux. C’est pourquoi l’on devrait assouplir les normes esthétiques. Et afin que les entreprises individuelles n’y voient pas un désavantage concurrentiel, l’ensemble du secteur devrait adopter ces normes», détaille l’expert.

Le tri peut aller encore plus loin! Notamment quand il s’agit de péremption. Les produits périssables devraient être éliminés lorsqu’ils sont visiblement altérés par les sens, et non en raison d’une date de péremption. «En plus de cela, les parties moins demandées en boucherie, tels les abats, doivent être mieux commercialisées ou transformées en produits plus attrayants», ajoute Claudio Beretta.

Emballages recyclables

À l’ère des plats cuisinés et des plats à emporter, l’emballage de la nourriture n’est pas des moindres. Dans une logique d’alimentation durable, le « packaging » est à prendre en compte. En effet, la probabilité qu’un de ces emballages devienne un déchet jonchant le sol est élevée. Même en Suisse! Selon l’Office fédéral de l’environnement, le coût du nettoyage des déchets s’élève à 200 millions de francs suisses par an. C’est pourquoi, les emballages biodégradables deviennent de plus en plus populaires. Cependant, ces matériaux ne sont pas forcément conçus pour être jetés dans la nature comme une pomme.

Pourtant, il sera certainement possible à l’avenir de transformer les emballages en compost. Verena Berger, de l’Institut pour l’environnement et les ressources naturelles de la ZHAW, confirme: «toute une série de nouveaux emballages sont en cours d’élaboration. Ils sont composés de champignons, de protéines de lait ou d’algues. Et ils peuvent être consommés immédiatement.»

Local et saisonnier

Le transport aérien, ainsi que comestibles issus de serres chauffées à l’énergie fossile ne sont pas du tout écologiques. Dans le même registre, les produits d’origine animale polluent généralement plus l’environnement que les aliments d’origine végétale. D’ailleurs, la production de viande représente une plus grande cause d’émission de CO2 que le transport. Concrètement, le bœuf, même nourri avec du foin provenant des agriculteurs locaux, a une empreinte écologique plus importante qu’une banane d’outre-mer ou qu’un tofu produit de manière durable en France. En réalité, la théorie selon laquelle la viande ou le lait soit particulièrement écologique n’est pas valable.

Pourtant en faisant quelques efforts, une consommation plus durable est tout à fait possible. «Il est certainement judicieux de soutenir les exploitations agricoles locales. Si l’on part du principe que ces dernières produisent de manière écologique. C’est-à-dire qu’elles proposent leurs propres productions faites dans le respect des animaux et de manière équitable. De cette façon, le circuit reste court. Les personnes qui achètent des produits locaux de saison aux agriculteurs et consomment des produits d’origine animale avec modération font automatiquement un bon choix, respectueux de l’environnement », résume Venera Berger.

Texte Alessandro Poletti
Traduit de l’allemand par Laetizia Barreto

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