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Bhoutan: excursion au pays du bonheur

27.10.2021
par Léa Stocky

Réputé pour être le seul pays au monde avec un bilan carbone négatif, le Bhoutan émerveille autant qu’il interroge. À l’heure où le Produit Intérieur Brut est encore le principal indicateur servant à évaluer les richesses d’un pays, le Bhoutan a depuis de nombreuses années décidé de s’en détacher en créant le Bonheur Intérieur Brut. 

Niché entre la Chine au Nord et l’Inde au Sud, le royaume du Bhoutan est un petit pays d’Asie du Sud dans lequel s’étendent les montagnes de l’Himalaya et des plaines subtropicales. Plus petit que la Suisse, sa superficie est de 38 394 km2 et il compte un peu plus de 770 000 habitants. 

Au début des années 1970, le roi bhoutanais Jigme Singye Wangchuck décide de mettre en place le Bonheur Intérieur Brut (BNB). Ce nouvel indicateur est censé permettre d’allier le développement économique avec les valeurs spirituelles propres au bouddhisme grâce à quatre piliers: un développement économique durable, social et responsable, la préservation et la promotion de la culture bhoutanaise, une gouvernance responsable et la sauvegarde de l’environnement et des ressources. Neuf domaines et 72 critères permettent d’évaluer ces quatre éléments. 

Le Bonheur Intérieur Brut souligne l’importance du développement personnel pour les Bhoutanais. Pour le roi Jigme Singye Wangchuck, les indicateurs mondiaux tels que le Produit Intérieur Brut ne prennent pas en compte le bonheur et le bien-être des populations. De plus, le moment où le BNB est introduit correspond également à l’ouverture progressive du pays à l’économie mondiale. L’indicateur est donc envisagé comme une réponse à un développement économique qui pourrait nuire à la biodiversité et manifeste la volonté du gouvernement de s’engager dans une croissance durable. 

Le Bonheur National Brut s’accompagne d’autres objectifs. Ainsi, le gouvernement souhaite fournir une agriculture 100% biologique aux Bhoutanais tout en visant une autosuffisance alimentaire. Le tourisme, quant à lui, est basé sur un modèle durable. Privilégiant la qualité à la quantité, le secteur touristique bhoutanais se veut respectueux de l’environnement et des habitants. 

Un indicateur remis en question

Souvent cité comme un modèle de développement durable à l’échelle internationale grâce au BNB, le Bhoutan est également souvent critiqué. La raison principale de ces critiques est le sort réservé aux Lhotsampas. Dans les années 1990, ces Bhoutanais auraient été forcés à l’exil en raison de leurs origines népalaises. N’étant plus considérés comme citoyens du pays, ils se sont retrouvés dans des camps de réfugiés au Népal. Ces expulsions sont le résultat de la politique «One Nation, One People» du roi Jigme Singye Wangchuck.

Les indicateurs économiques du pays sont aussi souvent pointés du doigt. L’ancien Premier ministre Tshering Tobgay, élu en 2013, avait émis quelques doutes sur le BNB après son élection. S’il a reconnu l’utilité d’un tel outil, il a cependant dénoncé son utilisation abusive au détriment d’autres problèmes majeurs du pays tels que la dette, le chômage des jeunes et la corruption.  

D’autres indicateurs, au contraire, montrent une situation loin d’être catastrophique. Ainsi, selon la Banque Mondiale, au Bhoutan, l’espérance de vie à la naissance est passée de 66,7 ans en 2007 à 71,7 ans en 2019. Le pourcentage de la population considérée comme pauvre en fonction du seuil de pauvreté y était de 8,2% en 2017. Selon le portail en ligne allemand Statista, le taux de chômage en 2020 s’élevait à 3,2%, soit un taux très inférieur à la moyenne mondiale pour la même année, qui était de 6,4%. Enfin selon Perspective Monde, 1,5% de la population vivait avec moins d’un dollar par jour en 2017. 

Un intérêt international

Depuis l’instauration du BNB, de nombreux autres pays ou organisations ont manifesté leur volonté de se doter d’outils qui permettent de calculer le bien-être avant l’état de l’économie d’un pays. Ainsi, en 2011, soit 50 ans après sa création, l’Organisation de Coopération et de Développement Économiques (OCDE) a lancé son indice «Vivre Mieux» dont un des principaux objectifs est de mesurer le bien-être et le progrès dans 34 pays sur la base de onze critères telles que le logement, le travail, la santé ou encore la sécurité. L’organisation internationale est aussi à l’initiative de l’indicateur «Comment va la vie?» qui analyse les dimensions de l’initiative «Vivre Mieux» tout en accordant une attention particulière aux inégalités.  

Texte Léa Stocky

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