Mike Horn, comment en êtes-vous venu à devenir aventurier et explorateur ?
Je dis souvent que je ne suis pas devenu explorateur, je suis né explorateur. Dès l’enfance, je me perdais dans les encyclopédies et rêvais de voir ce qui se trouvait au-delà de l’horizon. Une anecdote marquante : à 8 ans, j’ai pris mon vélo pour aller voir mes cousins. Mes parents pensaient que j’irais chez celui qui habitait à 10 km, mais je visais celui à 100 km ! Quand je ne suis pas rentré le soir, ils m’ont retrouvé sur le bord de la route, déterminé à terminer mon périple. C’est là que j’ai compris que ce besoin d’explorer, de repousser les limites, m’habitait profondément. Découvrir le monde est devenu une quête, un moyen de me découvrir moi-même.
Pouvez-vous nous parler de votre expédition la plus mémorable et des leçons que vous en avez tirées ?
La traversée de l’Arctique via le pôle Nord avec mon ami Børge Ousland est inoubliable. Trois mois dans des conditions extrêmes, entre glace fondante et pénurie de nourriture. On a frôlé nos limites physiques et mentales, mais cette aventure m’a appris la persévérance et le respect de la nature. Elle m’a aussi montré à quel point notre planète est fragile, un rappel poignant des changements climatiques en cours.
Comment choisissez-vous vos destinations d’aventure ?
Je cherche des lieux qui me défient, des endroits que peu de gens ont osé explorer. Cela peut être les dernières zones sauvages de la planète ou des régions aux conditions les plus extrêmes. C’est une question d’attrait pour l’inconnu et de volonté de tester mes limites, autant physiquement que mentalement.
Quel est le plus grand défi que vous avez rencontré lors de vos voyages ?
Le plus grand défi, c’est souvent l’imprévisible : des changements climatiques soudains, des blessures, ou le manque de ressources. Mais parfois, le plus dur, c’est de faire face aux obstacles humains : ceux qui veulent imposer leur pouvoir et nous ralentir. C’est là que la patience et la persévérance deviennent mes meilleures armes.
Comment vous préparez-vous mentalement et physiquement avant une expédition ?
Je m’entraîne en simulant des situations extrêmes, souvent spontanées. Je peux quitter la maison pour passer la nuit dehors, sans eau ni confort, afin de m’habituer à l’inconfort. Ces séances d’entraînement allient préparation physique et mentale, renforçant ma capacité à improviser et à m’adapter.
Quelles sont les valeurs qui guident votre approche de l’aventure ?
Le respect de la nature, l’intégrité, et la persévérance. L’aventure n’est pas seulement une performance personnelle, c’est un moyen de sensibiliser et d’inspirer. Chaque expédition est une occasion de rappeler à quel point la nature est précieuse et mérite d’être protégée.
Avez-vous des rituels ou des routines que vous suivez pendant vos voyages ?
Toujours un bon repas en bonne compagnie avant de partir, car ça me rappelle l’importance des liens humains. Pendant l’expédition, j’écris dans mon journal chaque jour, et j’envoie des messages à mes filles quand c’est possible. Ces moments de connexion me gardent ancré.
Comment évaluez-vous l’impact de vos expéditions sur l’environnement ?
Je crois que mon impact est bien moindre que celui de la plupart des gens, surtout quand je vis sous une tente sans électricité pendant des mois. Mais il ne s’agit pas seulement de minimiser l’impact : c’est aussi d’en créer un positif en sensibilisant les gens, en leur montrant comment vivre en harmonie avec la nature.
Quels conseils donneriez-vous à ceux qui souhaitent se lancer dans l’aventure ou le voyage d’exploration ?
Commencez petit et apprenez à connaître vos limites. L’aventure, c’est autant une affaire de mental que de physique. Soyez curieux, préparez-vous à l’échec comme à la réussite, et n’oubliez jamais de respecter la nature. Chaque erreur est une opportunité d’apprentissage.
Avez-vous des anecdotes surprenantes ou drôles à partager de vos voyages ?
Il y en a tellement ! Une fois, en Amazonie, j’essayais de pêcher mon dîner quand un caïman a décidé que j’étais plus appétissant que mon appât. C’est un rappel que, dans certains endroits, on n’est jamais au sommet de la chaîne alimentaire.
Comment vos voyages ont-ils influencé votre perception du monde et des cultures ?
Mes expéditions m’ont appris l’humilité. J’ai découvert la beauté et la diversité des cultures, et j’ai aussi vu à quel point notre planète est vulnérable. Chaque culture a des leçons précieuses, et écouter avec un esprit ouvert est essentiel pour apprendre et grandir.
Quels projets futurs avez-vous en tête, et où envisagez-vous d’aller ensuite ?
Je suis en pleine expédition « What’s Left », un voyage de quatre ans pour documenter les changements environnementaux dans des endroits que j’ai explorés au long de ma carrière. Prochaine étape : l’Amazonie, où tout a commencé pour moi en 1997, quand j’ai descendu l’Amazone à la nage.
Comment la technologie a-t-elle changé votre façon d’explorer le monde ?
La technologie a apporté des outils formidables pour la sécurité et le partage d’aventures en temps réel. Mais elle doit rester un support, pas une béquille. Ce que j’apprécie le plus, c’est de pouvoir envoyer des photos à mes filles depuis des endroits reculés. Ces moments de connexion sont inestimables.
Quelles sont les compétences essentielles pour un explorateur moderne ?
La résilience, la curiosité, et l’adaptabilité. Mais aujourd’hui, un explorateur doit aussi être conscient de son impact, savoir communiquer et sensibiliser sur les enjeux environnementaux. L’exploration, c’est aussi éduquer et inspirer les autres à protéger notre planète.
Enfin, que représente pour vous le mot « découverte » dans le contexte de vos voyages ?
La découverte, c’est la rencontre avec l’inconnu, un voyage intérieur autant qu’extérieur. C’est une remise en question constante et une quête de sens. Découvrir, c’est continuer à apprendre, malgré les difficultés, et se laisser émerveiller par la beauté du monde.
Image de tête Sebastian Devenish
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