Comment protéger les animaux pendant nos vacances
Alors que les voyageurs recherchent des expériences authentiques et mémorables, nombreux sont ceux qui participent involontairement à des pratiques touristiques cruelles envers les animaux. L’organisation Quatre Pattes œuvre pour sensibiliser le public à cette problématique et propose des solutions concrètes pour adopter un tourisme responsable. Sarah Bartels, chargée de campagne chez Quatre Pattes, nous éclaire sur les enjeux de leur campagne « Protection des animaux & tourisme » et partage des conseils pour des choix respectueux des animaux lors de vos voyages.

Sarah Bartels
Chargée de campagne chez Quatre Pattes
Sarah Bartels, pouvez-vous nous parler de Quatre Pattes et de sa mission dans le contexte du tourisme responsable ?
Pour beaucoup de personnes, les activités avec des animaux représentent un aspect essentiel de leurs vacances. Malheureusement, ces expériences se font souvent au détriment du bien-être animal. Chez Quatre Pattes, nous croyons fermement que les vacances et la protection des animaux ne sont pas incompatibles. Notre campagne « Protection des animaux & tourisme » vise à promouvoir un tourisme respectueux en sensibilisant le public et en offrant des solutions pour voyager tout en respectant les animaux.
Pourquoi est-il crucial pour les touristes d’être conscients de l’impact de leurs choix sur les animaux ?
Les animaux sont largement exploités dans l’industrie touristique pour générer du profit, souvent au mépris de leur bien-être. Les voyageurs jouent un rôle déterminant dans cette équation : leurs choix influencent directement la demande pour ce type d’activités. En choisissant des alternatives éthiques, ils contribuent à transformer l’industrie vers un modèle plus durable, où les animaux ne sont plus perçus comme des objets de divertissement.
Quelles sont les activités touristiques les plus nocives pour les animaux et pourquoi posent-elles problème ?
Les interactions directes avec des animaux sauvages, comme les balades à dos d’éléphants, les selfies avec des tigres ou les câlins avec des lionceaux, posent de sérieux problèmes. Ces pratiques impliquent un apprivoisement forcé et provoquent un stress immense. Les éléphants subissent des entraînements brutaux, tandis que les tigres sont souvent drogués pour poser sur des photos. Les spectacles, tels que les numéros de cirque, imposent des tours contre nature dans des conditions de vie inadaptées, avec un espace insuffisant et un rythme épuisant.
Pouvez-vous expliquer les mauvais traitements subis par les éléphants dans les attractions touristiques ?
Les éléphants ne sont pas des animaux domestiques, mais sauvages, même lorsqu’ils sont nés en captivité. Pourtant, pour répondre aux attentes des touristes, ils subissent des maltraitances dès leur plus jeune âge. Les éléphanteaux sont souvent séparés de leur mère dès deux ans, une pratique traumatisante tant pour les mères que pour les petits. Une fois séparés, les jeunes éléphants subissent un entraînement particulièrement cruel. Ils sont souvent immobilisés entre des cadres en bois pour limiter leurs mouvements.
S’ils montrent des signes d’agressivité, ils sont battus à l’aide de crochets métalliques. Cette maltraitance est souvent accompagnée de privations de nourriture, d’eau et de sommeil. Même une fois « dressés », leur vie reste marquée par la souffrance. Les longues heures de travail dans les attractions les empêchent de répondre à leurs besoins naturels, comme manger pendant de longues périodes ou interagir avec leurs congénères.
Qu’en est-il des selfies avec des animaux sauvages ou des spectacles ?
Les selfies avec des animaux sauvages reposent sur des pratiques cruelles. Ces animaux sont souvent drogués pour permettre aux touristes de les approcher, et leurs griffes ou crocs sont parfois retirés pour limiter les risques. Ces activités alimentent un commerce lucratif où les jeunes sont arrachés à leur habitat naturel, leurs mères parfois tuées, ou élevés en captivité dans des conditions déplorables. Par exemple en Afrique du Sud, environ 10 000 lions sont détenus pour le tourisme. Une fois trop grands pour les selfies, ils sont souvent vendus à des chasseurs de trophées ou à l’industrie pharmaceutique traditionnelle. Par ignorance, les touristes soutiennent malgré eux cette industrie.
Acheter des souvenirs fabriqués à partir de produits animaux contribue-t-il à leur exploitation ?
Oui, acheter de l’ivoire, des peaux exotiques ou des souvenirs similaires alimente directement l’exploitation animale. En encourageant la demande pour ces produits, les touristes participent au braconnage et à la capture d’animaux dans la nature. Chaque achat renforce une industrie où des animaux sont tués pour répondre à cette demande. De plus, l’importation de ces produits en Suisse est souvent illégale.
Quels conseils donneriez-vous aux voyageurs pour faire des choix respectueux des animaux ?
Il est essentiel de s’informer avant de réserver une activité impliquant des animaux. En favorisant l’observation des animaux dans leur habitat naturel, comme lors d’un safari ou d’une excursion en mer pour observer les baleines, les voyageurs peuvent profiter d’expériences authentiques sans causer de souffrance. Ils peuvent également visiter de véritables sanctuaires ou refuges qui respectent les besoins des animaux, sans interactions directes. Notre guide « Voyager dans le respect des animaux » disponible gratuitement, offre des informations détaillées pour aider les voyageurs à faire les bons choix.
Comment reconnaître un vrai sanctuaire ?
Un sanctuaire, ou un refuge éthique, se distingue par l’absence d’interactions directes avec les animaux sauvages, comme les caresses, les selfies ou les spectacles. Ces établissements ne pratiquent pas la reproduction et prennent soin des animaux jusqu’à la fin de leur vie. Ils offrent également des espaces suffisants pour que les animaux puissent se retirer loin des visiteurs. Enfin, un véritable sanctuaire met l’accent sur l’éducation des visiteurs à la conservation et à la protection des espèces.
Quels signes devraient alerter les touristes sur des pratiques non éthiques ?
Les touristes doivent être vigilants face à certaines pratiques, comme la présence de nombreux jeunes animaux, souvent indicatrice d’un élevage intensif. Les établissements qui promettent de relâcher des animaux exploités dans la nature ne sont pas crédibles, car ces réintroductions nécessitent d’énormes efforts et sont rarement possibles. Enfin, toute offre mettant en avant des interactions directes avec des animaux sauvages doit être considérée comme suspecte.
Pouvez-vous donner des exemples d’activités responsables pour observer la faune ?
Observer les animaux dans leur habitat naturel est l’alternative idéale. Cela peut inclure des safaris, des plongées sous-marines ou des excursions d’observation des baleines. Ces activités doivent se faire dans le respect de l’animal, sans les nourrir, les toucher ou perturber leur environnement.
Quel rôle jouent les agences de voyages dans la promotion d’un tourisme responsable ?
Les agences de voyages ont un rôle essentiel à jouer. En adoptant des lignes directrices respectueuses du bien-être animal et en informant leurs clients, elles peuvent transformer l’industrie. Les voyageurs peuvent soutenir ces efforts en choisissant des agences engagées dans le tourisme éthique.
Plus d’informations sur www.quatre-pattes.ch/protection-tourisme
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