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Hollywood Interview

Anne Hathaway: «J’ai appris à lâcher prise»

23.01.2021
par Marlène von Arx

Avec Locked Down, l’actrice Anne Hathaway (38 ans) joue dans l’un des premiers longs métrages dans lequel le coronavirus est un sujet à la fois devant et derrière la caméra. Dans l’interview qui suit, l’actrice nous parle de la façon dont elle gère cette nouvelle normalité. 

Anne Hathaway, depuis plus d’un an, nous vivons avec la pandémie. Qu’avez-vous appris sur vous-même pendant cette période?

Ce qui est sûr aujourd’hui, c’est que je ne panique plus lorsque mes enfants font irruption dans un appel professionnel. Cela ne me dérange pas non plus quand ça arrive aux autres. Je me suis fixée de nouvelles règles. Je suis devenue une personne plus douce avec les autres et avec moi-même. 

Comment gérez-vous votre emploi du temps? 

Les frustrations font partie de la vie de tous les jours, mais je suis simplement devenue plus flexible. Par exemple, quand les choses deviennent vraiment trop difficiles, j’écris à mon mari. Il se précipite alors pour m’aider et prendre les enfants lorsque j’ai besoin d’un peu de temps pour moi ou simplement de me reposer. En général, nous essayons d’aborder la vie avec humour. Ça aide toujours, tout comme la danse. Nos deux enfants aiment danser et nous dansons souvent après le dîner.

Quelle musique vous inspire le plus?

J’aime toutes sortes de musiques. Un des musiciens de Lockdown 2020 était Sam Cooke. Il m’a aidé dans de nombreux moments où je pensais perdre la tête. Sa musique contient beaucoup d’âme, de spiritualité et de joie. Je recommande vraiment d’écouter ses chansons. 

Pendant le confinement, vous n’étiez pas toujours chez vous à Los Angeles. Vous vous êtes par exemple déplacée à Londres pour tourner le film de HBO Max Locked Down. Comment cela s’est-il passé?

Je m’étais résignée au fait que je ne tournerai pas de film en 2020. Et donc, un vendredi de septembre, j’ai posé le téléphone – personne n’allait appeler de toute façon – et j’ai joué avec mon fils. Normalement, je vérifie mon téléphone portable une fois par heure car je ne veux rien manquer. Mais pas ce vendredi. J’avais 19 appels manqués de mon agent! Je ne savais pas si c’était une bonne ou une mauvaise nouvelle. Finalement, j’ai appris qu’on me proposait un rôle pour un film réalisé par Doug Liman avec un scénario de Steven Knight et que je devais me rendre à Londres au plus vite. Je devais pouvoir le lire rapidement et avoir un passeport valide.

«Je m’étais résignée au fait que je ne tournerai pas de film en 2020».

Et aviez-vous un passeport valide?

Oui, j’ai aussi immédiatement lu le script et fait un zoom avec Doug Liman. Dans les 30 minutes, j’ai dit oui. Neuf jours plus tard, j’étais à Londres et, six jours après, la première prise a été tournée.

Le tournage a duré un mois et a eu lieu principalement dans une maison et dans le centre commercial vide de Harrods. Avec les mesures liées à la Covid, comment cela s’est-il passé?

C’était un travail difficile et ambitieux de tourner autant de scènes en 18 jours. Mais j’ai aimé chaque seconde. C’était un film à petit budget après tout, donc avec une petite équipe. Il n’y avait pas 200 personnes à gérer. Nous étions constamment testés pour la Covid-19 et nous portions toujours des masques. Chacun a pris sa responsabilité très au sérieux et tout s’est bien passé.

Dans Locked Down, vous incarnez Linda, la directrice d’une entreprise de mode qui doit gérer la fermeture de la boutique Harrods en raison de la pandémie. Chiwetel Ejiofor joue le rôle du mari de Linda, mécontent de n’obtenir que des emplois dans le service de livraison. Leur relation est sur le point de se briser, mais avant la rupture, le couple planifie un vol de bijoux. Dans le film, comment l’enfermement met-il à mal la relation ?

Un film sur un couple heureux qui traverse le confinement ensemble et sans problèmes aurait sans doute été ennuyeux. Ce sont deux personnages très spécifiques qui ne peuvent être ensemble que pour certaines raisons, mais qui sont prêts à se battre pour l’amour – ce qui les a surpris eux-mêmes.

Avez-vous vous-même été surprise par certains tournages?

Oui, bien sûr. Si je n’apprenais plus rien, je pourrais m’arrêter et laisser la chance à quelqu’un d’autre. Avec ce film, j’ai appris à lâcher prise. Il y avait tellement de choses sur lesquelles je n’avais aucun contrôle et qui pouvaient mal tourner. Cependant, nous étions tous sur la même longueur d’ondes et nous essayions de résoudre les problèmes de manière créative. Le scénario n’était même pas prêt au début, donc je ne pouvais pas arriver avec une performance prête à l’emploi. J’ai dû me fier à mon expérience et à celle de mon extraordinaire partenaire de scène Chiwetel, à mon réalisateur et au scénario.

Dans la vraie vie, vous n’avez probablement pas volé un diamant pendant le confinement. Quelle a été votre idée la plus folle?

Oh, j’ai nettoyé le garage – et c’était ennuyant. Au fil des ans, j’ai accumulé beaucoup de souvenirs de tournages et de voyages. J’ai finalement dû trier ce qui était vraiment important pour moi dans tout ça. Je n’ai rien fait de fou, mais il faut garder à l’esprit que mes garçons ont quatre et un an – ce n’est pas la période la plus folle de ma vie, contrairement à ma vingtaine.

Vous étiez enceinte quand, avant la pandémie, vous avez joué dans l’adaptation de Roald Dahl Les sorcières. Le tournage s’est-il bien passé?

Je suis contente que le tournage se soit déroulé quand j’étais enceinte de Jack et non de Jonathan. Mes deux grossesses ont été très différentes. Avec l’aîné, je n’arrivais presque pas à me lever du canapé. Je mangeais des quesadillas, des glaces et tout ce dont j’avais envie. Avec Jack, je pouvais aller à la gym et manger de la salade. Ce n’était donc pas un problème de jouer la sorcière.

«Mes deux grossesses ont été très différentes».

Lisez-vous des livres pour enfants à Jonathan et Jack?

Oui, faire la lecture à mes enfants est l’un de mes moments préférés. Si mon fils aîné déteste quand je chante, il me laisse tout de même interpréter les voix des personnages dans les livres.

Nous faisons aussi souvent des jeux de rôle et essayons de nous créer un univers imaginaire, ce qui nous a aidé à expliquer à Jonathan pourquoi il ne pouvait pas voir ses amis de la garderie pendant le confinement. Après tout, il n’a que quatre ans et je ne voulais pas trop l’effrayer.

C’est justement à effrayer que servent les sorcières…

Bizarrement, je n’ai jamais eu peur des sorcières quand j’étais enfant. Les sorcières d’Eastwick et Bette Midler dans Hocus Pocus sont des souvenirs positifs pour moi. J’étais également fascinée par Ursula de La petite sirène et même par la méchante sorcière de l’Ouest dans Le magicien d’Oz. Je voulais savoir d’où elles venaient, eux et leurs superpouvoirs, et comment ils avaient appris à rire comme ça. Et puis un jour tu joues un sorcier et ces sons sortent de toi. Je ne sais pas pourquoi! 

«Bizarrement, je n’ai jamais eu peur des sorcières quand j’étais enfant».

Vous ne mâchez pas vos mots lorsqu’il s’agit de défendre les droits des femmes et leur représentation dans le monde. Que signifie pour vous l’élection de la première vice-présidente des Etats-Unis, Kamala Harris?

Les personnes qui, comme moi, souhaitent une société plus progressive, plus durable, plus inclusive et plus proche des gens, attendent depuis longtemps la représentation de toutes les origines et de tous les sexes aux postes de pouvoir. J’espère que ce n’est qu’un début en termes de progrès vers l’égalité.

Etes-vous satisfaite de vous-même et de la vie que vous menez?

Je sais que je suis dans une situation très favorable, mais je serais bien arrogante si je prétendais être satisfaite de tout. Je peux encore m’améliorer dans beaucoup de domaines. Mais je pense que je m’en sors plutôt bien et je sais ce qui est important et ce qui ne l’est pas. J’espère que je traite les autres avec respect et amour. Je voudrais continuer d’être simple et reconnaissante à l’avenir.

«Je peux encore m’améliorer dans beaucoup de domaines. Mais je pense que je m’en sors plutôt bien et je sais ce qui est important et ce qui ne l’est pas».

Vous préoccupez-vous du regard des autres?

Un des moments les plus importants a sans doute été celui où j’ai réalisé que je me moque de la façon dont les gens me perçoivent.

Comment faites-vous pour rester simple et reconnaissante?

Sur Les sorcières, par exemple, j’ai passé quatre à cinq heures au maquillage. J’ai écouté les podcasts «Super Soul» d’Oprah Winfrey – pour rester zen et espérer être une meilleure personne même une fois le maquillage et la coiffure terminés. (rires) 

Interview Marlène von Arx

Image d’en-tête HFPA

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