low angle view of old street light against residental buildings, berlin kreuzberg
iStockPhoto/Reinhard Krull
Smart City

De lumineuses installations urbaines

26.02.2024
par Emmanuel Viaccoz

Les initiatives visant à réduire l’empreinte carbone restent une priorité pour les communes romandes. De nombreux chantiers sont en cours, dont une large part dévolue à l’éclairage public. Nous en ferons le thème de cet article en compagnie de Monsieur Thierry Reichenbach, planificateur-éclairagiste de la société Smart City Swiss SA, sise à Martigny. 

Thierry Reichenbach

Thierry Reichenbach
Planificateur-éclairagiste

« Jusqu’à 80% d’énergie économisée » introduit l’expert pour démontrer l’efficience de la technologie LED. Les rues et les routes, poursuit-il, doivent désormais répondre à des normes strictes ainsi qu’à des classes d’éclairage établies en fonction de différents paramètres. Comparée aux lampes à incandescence dont les jours sont comptés, la LED convertit une bien plus grande proportion d’énergie en lumière, souligne Thierry Reichenbach, et de nous expliquer brièvement les principes de l’électroluminescence des matériaux semi-conducteurs.

Respect des rythmes et de la nature

Outre les économies d’énergie, les études ont démontré que cette technologie, pour autant qu’elle soit associée à des systèmes de gestion intelligents, permet d’améliorer le confort des êtres humains, de la faune et la flore urbaine. Il s’agit d’une véritable révolution écologique. Généralement, les dispositifs crépusculaires déterminent l’allumage du réseau, mais certaines zones peuvent être régulées, en termes de luminance, selon la fréquentation et les tranches horaires de la nuit. La technologie LED permet également de déterminer le volume et la surface de diffusion lumineuse avec une plus grande précision. Par exemple, il est possible d’éclairer une rue sans débordement excessif sur les façades des immeubles adjacents. Ainsi, les photons du champ lumineux auront beaucoup moins tendance à s’immiscer dans les logements par les interstices des volets et des stores. Le sommeil des occupants sera donc de meilleure qualité.

Un gage de sécurité

La température des couleurs joue aussi un rôle crucial. Traditionnellement, les éclairages publics utilisaient des sources de lumière assez chaudes, mais cela pouvait conduire à une plus grande consommation d’énergie ainsi qu’à une moins bonne visibilité dans certaines conditions, notamment météorologiques. Avec les progrès technologiques et l’adoption des LED, on observe une tendance vers des températures légèrement plus élevées, avec pour avantages une meilleure efficacité énergétique, une qualité d’éclairage optimale et un confort visuel accru. La sélection de la température de couleur dépend, in fine, des besoins spécifiques de chaque zone urbaine en matière de sécurité, de biodiversité et de confort. Par ailleurs, certaines zones peuvent être équipées de systèmes de détection qui augmentent l’intensité de l’éclairage au passage d’une personne ou d’un véhicule pour ensuite la faire revenir à son niveau initial, soit le plus économique.  

Une technologie connectée 

L’éclairage public à technologie LED peut être piloté par une unité centrale via le réseau internet. À cette fin, chaque lampadaire est équipé d’un module de gestion. « Quand une commune décide de moderniser l’éclairage d’une rue ou d’un quartier, relève le spécialiste, il se peut qu’elle soit contrainte, pour des raisons budgétaires, de faire le choix d’un système LED standard. Dans ce cas, poursuit-il, elle trouverait avantage à pré-équiper les lampadaires de manière à ce qu’ils puissent, ultérieurement, accueillir des modules de télégestion, à moindre coût ». Enfin, dans les zones plus isolées ou moins accessibles, il est possible d’installer des lampadaires équipés de cellules photovoltaïques couplées à batteries. Ces éclairages peuvent également être pilotés à distance, mais dans ce cas plus spécifiquement via le réseau 4 ou 5G. En exploitant l’énergie du Soleil et la radio-transmission, ces systèmes offrent l’avantage de pouvoir fonctionner de manière économique et totalement autonome. 

Un avenir prometteur

Si on laisse de côté certains projets un peu fous comme la satellisation de miroirs dans l’espace pour éclairer les grandes métropoles par réflexion solaire, l’éclairage LED devrait avoir de beaux jours devant lui. On pourrait tabler, a priori, sur des décennies de service avant qu’il soit détrôné par de nouvelles découvertes technologiques. « Ainsi, nous explique Monsieur Reichenbach, quelle que soit leur taille, les communes ont tout intérêt à remplacer l’éclairage public ancien par la technologie LED sachant que ce type d’installation est en général amorti en moins de dix ans ». À noter, par ailleurs, que les coûts de maintenance et d’entretien sont moins élevés. En effet, dans des conditions optimales d’utilisation, la durée de vie d’une LED peut atteindre 100 000 heures alors que, dans des conditions d’exploitation similaires, un éclairage classique au sodium dépasse rarement les 25 000 heures. 

L’éclairage public, mais pas seulement

« Réduire l’empreinte énergétique des villes de demain ne consiste pas seulement à remplacer l’éclairage public traditionnel par de l’éclairage LED, conclut Thierry Reichenbach. Une politique globale incluant d’autres facteurs doit entrer en ligne de compte, notamment l’assainissement des bâtiments ainsi que l’optimisation des transports publics ». 

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Le saviez-vous ?

Les premières traces d’éclairage public remontent à l’Égypte ancienne et à la Grèce antique. À cette époque, des torches et des braseros étaient utilisés pour éclairer les rues. Viennent ensuite les lampes à huile et, bien plus tard, des systèmes plus élaborés. Ils ont commencé à émerger au Moyen Âge, en Europe, avec l’utilisation de lanternes puis de lampes à gaz et enfin, vers la fin du XIXe siècle, l’arrivée de l’éclairage électrique alimenté par des génératrices à vapeur.

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