Prendre la parole en tant que jeune, un engagement
Faire entendre la voix des jeunes, telle est la mission que se sont données Léa Fivaz, 23 ans, et Darleen Pfister, 19 ans, toutes deux engagées dans leur ville d’origine et membres du comité de la Fédération Suisse du Parlement des Jeunes. Dans cette interview, elles mettent en avant l’importance de pouvoir s’exprimer sur des sujets qui concernent les jeunes Helvètes.
Léa Fivaz et Darleen Pfister, où êtes-vous engagées et quelles sont vos fonctions ?
LF : J’ai été secrétaire au bureau du Conseil des Jeunes d’Yverdon. Aujourd’hui, je suis uniquement membre et participe à certains projets qui ont pour but de redynamiser la ville et de donner la parole aux jeunes. Je vais aux assemblées générales quand je peux.
DP : Actuellement, je suis cheffe de projet pour le comité consultatif du Jugendparlament Kanton Bern, qui est composé d’un membre de chaque groupe politique au Grand Conseil.
Quand et pourquoi avez-vous décidé de vous engager ?
LF : À 14 ans, j’ai découvert la Commission des Jeunes du Canton de Vaud, où j’ai été secrétaire puis vice-présidente. Cela a été un réel déclic et m’a amenée à être plus sensibilisée à la vie en communauté et à la politique.
DP : Je ne me sentais pas prise au sérieux en tant qu’adolescente. J’avais aussi l’impression que c’était le cas de tous les jeunes. On se moque souvent d’eux ou l’on ne comprend pas qu’ils sont concernés. J’ai alors voulu me battre pour obtenir cette voix. Pas seulement pour moi, mais pour tous les jeunes. Comme j’aimais déjà beaucoup débattre et discuter lorsque j’étais enfant, il était logique pour moi de m’inscrire à la Session nationale des jeunes et c’est ainsi que tout a commencé.
Combien de temps consacrez-vous à votre engagement associatif ? Avez-vous d’autres activités ?
LF : En tant que secrétaire, je consacrais environ une dizaine d’heures par mois au Conseil. Aujourd’hui, j’essaie toujours de passer le même temps au sein de la FSPJ, dans laquelle je suis membre du comité. J’essaie aussi de participer à la vie yverdonnoise de manière générale.
DP : Pour le Parlement des jeunes du canton de Berne et la FSPJ, je travaille environ 2 à 4 heures par semaine. À cela s’ajoutent une séance par semaine et un événement important toutes les deux semaines. Cette année, je suis également la déléguée des jeunes pour le congrès du Conseil de l’Europe et membre de l’association «UND Generationentandem», pour laquelle j’effectue des travaux rédactionnels et planifie des événements. Je pratique également le triathlon et l’équitation.
Quelles sont les causes que vous défendez ?
LF : Je me suis petit à petit sensibilisée aux questions liées à l’émancipation des femmes et à l’écologie. Ma cause première reste l’engagement des jeunes et le fait de montrer à tous qu’ils sont légitimes à s’exprimer.
DP : J’accorde une attention particulière au fait que les jeunes doivent pouvoir participer aux décisions. L’éducation politique doit également devenir une nécessité dans la formation scolaire. De manière générale, je m’engage à promouvoir la démocratie, que ce soit la culture du débat ou la liberté des médias.
Est-ce difficile de faire entendre sa voix en tant que jeune ?
LF : Dans certaines communes par exemple, on remarque que les intérêts des jeunes ne sont pas pris en compte sérieusement. Toutefois, de plus en plus de structures se mettent en place pour inclure les jeunes dans les discussions et de nombreux politiques témoignent de leur soutien.
DP : En tant que jeune, il faut énormément de courage pour s’exprimer, notamment parce que la politique est dominée par des personnes plus âgées qui ont une forte confiance en elles. Parfois, c’est le système qui fait défaut : les jeunes ne sont pas consultés du tout.
Au contraire, quels sont les leviers d’action que possèdent les jeunes ?
LF : Les Parlements de jeunes sont une bonne porte d’entrée vers l’engagement. On peut y rencontrer d’autres personnes et prendre connaissance des différentes structures qui existent. Pour leur part, les jeunes partis permettent de se politiser et d’avoir une plus grande force de frappe car les membres y sont plus nombreux et peuvent collaborer pour faire aboutir leurs idées.
DP : Les jeunes sont souvent mis en avant justement parce qu’ils sont jeunes. Ils ont probablement le droit de faire plus d’erreurs et d’être un peu plus audacieux que les autres. On le voit surtout dans les campagnes des jeunes partis, qui sont généralement plus bruyantes que celles des partis mères. C’est la marge de manœuvre que nous pouvons davantage exploiter.
Dans votre entourage, connaissez-vous beaucoup de jeunes également engagés ?
LF : Du fait d’être au Conseil des Jeunes et à la FSPJ, je connais énormément de jeunes engagés. Ce qui est très impressionnant, c’est le nombre de très jeunes qui rejoignent les associations, qui sont motivés et possèdent une multitude d’idées. Au niveau universitaire, j’ai l’impression que l’engagement se tarie un peu car il s’agit du moment où l’on choisit si l’on s’engage politiquement ou si l’on fait autre chose. On parle aussi souvent des jeunes qui s’engagent en politique, mais peu de ceux qui s’intéressent à la vie communautaire, or nous en côtoyons énormément au Conseil et à la FSPJ. Ces jeunes mettent énormément de choses en place pour leur ville ou leur canton. La participation des jeunes en Suisse, qu’elle soit politique ou culturelle, est très intéressante et impressionnante !
Comment voyez-vous votre engagement à l’avenir ?
LF : J’aimerais continuer à militer pour les trois sujets que j’ai énoncés. Dès que j’arriverai dans la vie professionnelle, je pense me retirer du Conseil et de la FSPJ car il y a un moment où il faut laisser sa place. J’aimerais ainsi davantage m’engager politiquement, tout en gardant les idées et les valeurs que j’ai forgées au cours de mes expériences.
DP : Je me vois bien continuer à faire de la politique. J’aimerais m’engager au niveau international pour la préservation de la démocratie, peut-être dans une ONG ou dans ma propre organisation.
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