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Rhume des foins: les remèdes et l’aluminium

24.03.2018
par SMA

Que ce soit dans les déodorants, les crèmes ou autres cosmétiques, l’heure est à la traque de l’aluminium. Pourtant, ce métal dénué de vertus pour l’organisme est bien présent dans les vaccins. Depuis les années trente, il s’utilise dans la désensibilisation par voie sous-cutanée. Notamment dans la lutte contre les symptômes du rhume des foins. Ceci soulève de nouvelles interrogations sur l’intérêt d’un tel traitement représentant des risques encore méconnus pour l’organisme.

La vague de froid étant terminée, nous nous réjouissons tous désormais de l’arrivée du printemps. Tous? Non. Ceux qui sont victimes du rhume des foins redoutent cette période. Avec la pollinisation des arbres, des graminées ou des herbacés, certains symptômes tels que rhinite, conjonctivite ou, à long terme, l’asthme allergique se déclenchent. En Suisse, on estime à 20% le nombre de personnes allergiques au pollen. Un tiers de la population serait sensibilisé à un allergène. «Cela signifie que ces personnes ont une prédisposition à une allergie sans en ressentir les symptômes», apprend-on sur SanteWeb.ch. Et ces chiffres seraient en constante évolution. Selon l’Organisme mondial de la santé (OMS), la moitié du monde occidental souffrira d’allergie d’ici à 2050. Il s’agirait de la «maladie des temps modernes». Elle serait liée directement à l’industrialisation et au réchauffement climatique, qui précipite l’activation de la pollinisation.

La vaccination, moyen de lutter contre le rhume des foins

Parmi les moyens de lutter contre le rhume des foins, certaines personnes optent pour la «vaccination». Inscrit dans le langage courant, le terme «vaccin» n’est en réalité pas approprié dans ce contexte. En effet, cette pratique née au début du 20ème siècle fonctionne à l’inverse des autres vaccins. «Ce traitement consiste en l’administration de l’allergène responsable de l’allergie respiratoire à des doses croissantes à l’individu malade, explique le Docteur Cyrille Francillon, allergologue à Yverdon-les-Bains. Cela a pour conséquence une augmentation de la tolérance à l’allergène».

Dans le cas du rhume des foins, on parle alors de désensibilisation, d’immunothérapie allergénique, ou ITA. «Ce traitement s’administre soit par injections sous-cutanées (immunothérapie sous-cutanée, ou ITSC), soit oralement, par ingestion et donc contact avec la muqueuse buccale (immunothérapie sublinguale, ou ITSL)», expliquent les experts de Swissmedic, autorité d’autorisation et de contrôle des produits thérapeutiques en Suisse.

«Cette méthode est efficace, affirme le Docteur Francillon. Elle a démontré son efficacité pour le rhume des foins dans de nombreuses études scientifiques. Une grande majorité des patients traités voient leurs symptômes diminuer significativement. Cependant, rares sont ceux qui n’auront plus du tout de symptômes.»

Les risques de ce traitement

Il convient néanmoins de s’interroger sur le bien fondé d’un traitement qui n’est pas indispensable à la survie, mais qui pourrait receler des risques pour l’organisme sur le long terme. En effet, dans le cas de l’immunothérapie sous-cutanée, des sels d’aluminium utilisés comme adjuvants sont ajoutés aux allergènes. «C’est parce que l’adjuvant entraîne une légère inflammation locale que le système immunitaire réagit durablement aux allergènes. L’adjuvant le plus fréquent et le mieux étudié est l’aluminium. Il s’utilise partout dans le monde depuis de nombreuses décennies, également dans les vaccins», précise Swissmedic.

La désensibilisation au rhume des foins se décline sous forme de 40 injections sur trois ans. Chaque injection contient entre 0,6 et 1mg d’aluminium. Ce qui correspond à un demi centimètre carré d’une feuille d’aluminium.

Les sels d’aluminium n’ont aucune vertus pour l’organisme, contrairement à d’autres matériaux comme l’or, le zinc, le fer ou le magnésium, par exemple. A la différence de l’aluminium que l’on ingère via l’eau ou l’alimentation, une injection ne permet pas l’élimination du matériau par le transit intestinal. De fait, il n’est pas conçu pour être évacué par l’organisme. Il peut donc s’accumuler dans le corps et devenir nocif sur le long terme.

Ingestion sous différentes formes

Depuis plusieurs dizaines d’années, les scientifiques s’interrogent sur la nocivité de ce métal que l’on ingère sous différentes formes. Dans une émission de France Télévision en 2016, certains experts discutent de la neurotoxicité de l’aluminium, ainsi que de son lien avec l’augmentation des risques de développer la maladie d’Alzheimer.

Chez les enfants de moins de six mois, la barrière hémato-encéphalique n’est pas encore formée. Ceci entraîne une accumulation de l’aluminium dans le cerveau, d’où il ne ressortira pas. Or, le métal est bien présent dans les laits en poudre, comme dans quantité d’autres aliments industriels. En effet, le sulfate d’aluminium s’utilise sous forme d’additif.

On en trouve également dans les agents levants, les conservateurs, les colorants, ou encore les arômes, sans qu’il soit forcément présent sur les emballages. En Europe, les fabricants n’ont aucune limite. Pour ces derniers, il serait trop onéreux de faire extraire ce métal, le plus abondant de l’écorce terrestre.

Risques sur le système nerveux

«Les études expérimentales ont montré qu’une partie de l’aluminium injecté dans le muscle circule dans l’organisme et est capable de gagner en faible quantité le système nerveux central où il va s’accumuler», a expliqué le professeur Gherardi, spécialiste des maladies neuromusculaires, lors d’une conférence de presse sur le sujet, en 2017. Selon lui, l’aluminium pourrait favoriser l’apparition de la myofascite à macrophages. Cette maladie se manifeste par des douleurs, de la fatigue et des troubles de la cognition.

Christopher Exley, biologiste britannique titulaire d’un doctorat en écotoxicologie sur l’aluminium a déclaré, lors de la même conférence de presse: «Il y a un manque de connaissance sur l’aluminium. On ne sait pas aujourd’hui ce que peut provoquer une exposition lente et consistante à l’aluminium pendant des années». «On peut se demander si des maladies neurologiques auto-immunes comme la sclérose en plaques ne seraient pas, elles aussi, liées à l’aluminium». Pour ce spécialiste, l’aluminium pourrait également avoir un lien avec l’autisme. Dans le monde moderne que l’on a baptisé «l’âge de l’aluminium», tous les humains sont exposés à l’aluminium tout au long de leur existence depuis la conception, de la naissance à la mort, explique-t-il. L’aluminium s’accumule dans le corps avec l’âge. Chaque fois qu’un individu reçoit une injection de vaccin qui comprend des adjuvants à l’aluminium , on court le risque de voir se développer une réponse immunitaire à la fois contre l’adjuvant et contre n’importe quelle réserve d’aluminium importante dans le corps.»

Des alternatives moins dangereuses?

Cependant, des alternatives naturelles existent afin de remplacer les sels d’aluminium par d’autres adjuvants, comme la tyrosine ou le calcium de phosphate, qui servent au même dessein. Mais, les entités responsables ont validé l’aluminium depuis longtemps. Celles-ci ne semblent donc pas pressées d’effectuer les recherches nécessaires et coûteuses afin de trouver une solution moins controversée.

La désensibilisation destinée à lutter contre le rhume des foins est-elle sans danger? Et la prise de risques en vaut-elle la chandelle? Selon Swissmedic: «il a été montre que le traitement de désensibilisation entraîne des modifications de la réponse immunitaire. Mais on ne sait rien à propos d’un soulagement des symptômes par ces modifications.»

Texte Amele Debey

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