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Santé

La santé mentale des jeunes vacille

11.04.2022
par Kevin Meier

Depuis plusieurs années, les milieux politiques, sociaux et médicaux sont de plus en plus conscients des problèmes liés à la santé mentale et prennent des mesures. Malgré cela, l’état mental de la population, en particulier celui des enfants et des adolescents.es, est une source de préoccupation pour diverses organisations.

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Benedikt Schmid,
Coprésident de Die Junge Mitte de Zurich

L’Office fédéral de la santé publique (OFSP) est responsable de la santé de la population au niveau national. L’objectif déclaré est de permettre aux gens de gérer leur propre bien-être en toute connaissance de cause et de bénéficier de soins médicaux accessibles et de qualité. Dans la Suisse fédéraliste, les tâches et les responsabilités en matière de santé publique sont réparties entre la Confédération, les cantons et les communes. 

La gestion de certaines situations et activités dépend donc des différents domaines de compétence de chaque institution, y compris dans le domaine de la santé mentale. «Certaines dispositions, comme le tarif médical, sont décrétées au niveau national. Mais la politique de santé est généralement une affaire cantonale», explique Benedikt Schmid, coprésident de Die Junge Mitte de Zurich. «Le problème des maladies psychiques au niveau national est abordé dans certains cantons, alors que d’autres ne font pratiquement rien».

L’état psychique de la population suisse

L’analyse globale la plus actuelle de la santé mentale des Suisses et Suissesses se trouve dans le rapport Obsan 15/2020 «La santé psychique en Suisse». L’Observatoire suisse de la santé y a examiné les chiffres clés des années 2012 à 2017. Les chercheurs.ses ont constaté que la population suisse «fait état d’une (très) bonne qualité de vie (91,7%)». Toutefois, en ce qui concerne les troubles psychiques, une augmentation a pu être constatée: les symptômes de dépression, les pensées suicidaires ainsi que la perte de contrôle sur sa propre vie sont plus fréquents. En 2012, 28,7% de la population faisait état de dépressions de tous niveaux, alors qu’en 2017, ce pourcentage est passé à 34,6%. 

Les effets de la pandémie sur la santé mentale 

Le rapport de l’Obsan ne peut pas donner d’indications précises sur l’impact de la Covid-19 sur la santé mentale, mais il indique que l’on s’attend à une détérioration. Benedikt Schmid est du même avis et pense surtout aux enfants ainsi qu’aux adolescents.es: «Quand on est jeune, on a besoin de liens sociaux en dehors de sa propre famille. D’autre part, la pression dans une société centrée sur la performance est élevée, c’est pourquoi les possibilités de compensation sont essentielles. Ces deux aspects ont été fortement impactés par le coronavirus». La «Swiss Corona Stress Study» de l’université de Bâle de décembre 2021 semble donner raison au jeune co-président. L’enquête a révélé une augmentation du nombre de personnes présentant des symptômes dépressifs graves, en particulier chez les jeunes (33%). Il est possible que la résistance psychique ait diminué en raison du manque de possibilités de compensation. Pour les personnes déjà fragilisées, la pression peut ainsi rapidement devenir insurmontable. 

D’ici 2030, il manquera environ un millier de spécialistes en psychiatrie.

Deux cercles vicieux

Le problème de la santé mentale chez les enfants et les adolescents.es est renforcé par deux dynamiques imbriquées. D’une part, beaucoup de jeunes ont besoin de prévention, comme l’explique Benedikt Schmid: «Les évolutions graves doivent être évitées par des mesures de prévention. En effet, lorsqu’une maladie devient chronique, le traitement devient beaucoup plus difficile car il demande davantage de moyens financiers et plus de personnels». Non seulement beaucoup de souffrances seraient évitées, mais on pourrait en même temps décharger les institutions et le personnel. De plus, le manque de personnel qualifié dans le système de santé complique le problème. La profession de psychiatre a en effet perdu de son attrait en raison d’une surcharge de travail, d’une rémunération relativement faible et d’autres facteurs. «D’ici 2030, il manquera environ un millier de spécialistes en psychiatrie», avertit Benedikt Schmid.

Renforcer les offres d’aide

Malgré la prévalence élevée des problèmes de santé mentale, seule une minorité de personnes s’adresse à des services professionnels. Benedikt Schmid explique: «Beaucoup ne savent pas que de l’aide existe et où elle est disponible. Il faut des moyens financiers pour pouvoir intervenir le plus tôt possible et pour permettre des offres à bas seuil et de qualité». Le fait que les maladies psychiques soient encore stigmatisées est un facteur aggravant. Néanmoins, le recours accru aux possibilités de traitement ambulatoire pourrait indiquer qu’un changement de mentalité est en partie en cours.  

Faciliter le dépistage précoce 

Pendant l’enfance et l’adolescence, de nombreux aspects de la personnalité sont en constante évolution. Il suffit de penser aux défis de la puberté. Il est difficile d’expliquer aux jeunes comment détecter malgré tout les signes qui indiquent des problèmes mentaux. De plus, le message n’est pas clair lorsqu’il émane d’adultes. «Il faudrait en fait faire appel à des jeunes du même âge qui transmettent le message d’égal à égal et favorisent l’entraide entre les jeunes», fait remarquer Benedikt Schmid.

Intervenir au bon endroit

En comparaison avec d’autres pays occidentaux, la Suisse consacre moins de moyens financiers à la santé psychique. Et il est difficile d’estimer si ces fonds sont utilisés au bon endroit avec un effet efficace. Selon Benedikt Schmid, il faut d’abord faire le point: «Dans un premier temps, nous avons déposé une requête au Grand Conseil zurichois le 10 janvier. Nous poursuivons ainsi l’objectif de montrer les mesures préventives existantes dans le canton de Zurich et d’examiner l’effet des huit millions de francs de soutien accordés». Dans d’autres cantons également, des requêtes allant dans le même sens ont été déposées par les Jeunes de Die Junge Mitte, afin d’obtenir une plus grande vue d’ensemble. 

De cette manière, il devrait être possible de prendre des mesures adéquates susceptibles d’améliorer durablement la situation. «Nous sommes heureux que l’initiative sur les soins ait été adoptée. Elle peut déjà avoir un effet positif», se réjouit Benedikt Schmid. D’autres approches possibles sont la levée des tabous sur les maladies psychiques, le renforcement d’un dialogue au sein de la société ainsi que des instruments de prévention secondaire et tertiaire. Dans ce domaine, la politique doit assumer ses responsabilités, comme le pense également Benedikt Schmid: «Ce thème va nous occuper de plus en plus cette année; un projet de plus grande envergure est déjà en cours».

Texte Kevin Meier

Services d'aide pour les jeunes et les enfants

Les jeunes et les enfants peuvent s’adresser 24 heures sur 24 aux offres d’aide confidentielles de Pro Juventute.

  • 📞 Par téléphone ou par SMS au numéro 147
  • ✉️ Par e-mail à l’adresse beratung@147.ch
  • 💬 Par chat et self-service web à l’adresse 147.ch

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