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L’esport, un véritable phénomène de société

14.04.2020
par Laetizia Barreto

Parlons d’un sport un peu particulier, l’esport. Considéré comme divertissement pour les uns et réelle carrière professionnelle pour d’autres, ce phénomène de société prend de plus en plus d’ampleur à travers le monde. Mais en quoi consiste-t-il exactement?

L’esport, parfois appelé sport électronique, correspond à la pratique de jeux vidéo en ligne, soit sur PC, soit sur console. Si de prime abord, l’on peut penser à un loisir, il faut savoir que des compétitions de haut niveau récompensent les meilleurs joueurs du monde! Ces dernières se déroulent pour différents jeux, qui ne sont pas forcément reliés à des activités sportives – telle que le football, le basketball, le snowboard, etc.

Voici quelques mots de jargon à connaître lorsque l’on parle d’esport:

Un event: le mot provient de l’anglais et désigne les tournois. Ils peuvent durer entre deux jours et un mois pour les plus longs.

Un pro player: un joueur professionnel, c’est-à-dire qui est en mesure de gagner sa vie avec la pratique de l’esport

Un minor: c’est un tournoi régional qui permet d’accéder à un «major». Ce genre de compétition donne une idée du niveau des équipes qui s’affrontent durant l’évènement.

Un major: ce terme désigne les compétitions les plus importantes, un peu à l’image des grands Chelems en tennis

Un cashprize: c’est le prix ou la récompense à la clé d’un tournoi. Il peut énormément varier en fonction des sponsors et des fonds investis dans le championnat.

MOBA: Multiplayer online battle arena, c’est un type de jeux qui est défini comme une arène de batailles à plusieurs joueurs. Plusieurs jeux vidéos très populaires suivent ce modèle

Pourquoi considérer cette pratique comme un sport?

La notion de sport implique généralement une activité qui demande un effort physique important et qui peut se présenter sous forme de jeux individuels ou collectifs. De ce fait, des compétitions peuvent être organisées tout en respectant des règles et un cadre précis. Pourtant, selon l’historien social Ronald Hubscher, le terme actuel provient du vieux français «desports» qui signifie «divertissement, plaisir physique ou de l’esprit». Le mot aurait évolué en traversant la Manche et n’aurait gardé que le concept d’activité physique et mentale, en excluant le principe de loisir. Cependant, à l’heure actuelle, la frontière entre jeux et sports n’est pas très claire et donne lieu à différents débats, comme dans le cadre du esport.

Pour les puristes, le sport électronique ne peut être considéré comme un sport car il ne consiste pas, à proprement, parler d’une activité physique. Toutefois, pour les professionnels de la branche qui opèrent sur les jeux les plus connus, le rythme régulier des compétitions impose une hygiène de vie stricte et des entraînements intenses et réguliers. À titre d’exemple, les pro players de Starcraft sont réputés pour effectuer 300 actions par minute, ce qui peut s’avérer très physique.

En 1997, la création de la Cyberathlete Professional League et l’acceptation d’un système sportif inclut donc des paramètres similaires aux autres sports reconnus comme tels. Autrement dit, il y a des équipes reconnues composées de joueurs, mais également d’entraîneurs, de managers, de sponsors et d’informateurs. Des entraînements fréquents sont nécessaires à un bon niveau et au développement de compétences comme l’acuité visuelle, la vitesse de réflexe, la stratégie, la communication ou encore l’esprit d’équipe, tout comme dans d’autres sports.

Différents types de jeux

Il existe plusieurs types de jeux vidéo et différents supports. En effet, si pour les tournois les plus connus les parties se passent en ligne sur un ordinateur, à une autre échelle, de plus petits championnats peuvent se jouer sur diverses consoles de salon (celles qui se branchent à un écran de télé), telle que la Nintendo, la Wii, la Playstation, la Gamecube, la Xbox pour n’en citer que
quelques-unes.

Dans la variété de jeux proposés, on retrouve une pléthore de catégories allant des jeux de combats à ceux de stratégie, en passant par ceux de simulation de vie (comme les Sims par exemple) et de sports physiques (FIFA soccer ou SSX). Dans ce panel, se retrouve la catégorie du tir à la première personne qui offre une manière de jouer avec la perspective du protagoniste, ainsi sur l’écran, le gamer voit des bras et des mains tenant généralement une arme à feu. En effet, les actions à exécuter se basent sur l’utilisation d’armes militaires.

Pour les compétitions les plus populaires, les jeux qui se calquent sur un modèle MOBA suscitent l’intérêt des participants et des spectateurs. L’arène de bataille en ligne multijoueur oppose deux équipes composées de plusieurs joueurs dans la destruction de la base de l’équipe adverse pour remporter la partie. Ce type de jeux demande un sens de la communication poussé, un esprit d’équipe à toute épreuve et une excellente coordination

Cyberathlète professionnel

Mathieu Quiquerez, ancien joueur professionnel, a initié sa première partie de Counter Strike à l’âge de 10 ans chez son cousin. Il se rappelle avoir trouvé fascinant de jouer contre quelqu’un d’autre, qui était également derrière un ordinateur. Le jeu Counter Strike a alors évolué depuis. D’ailleurs sa dernière itération date de 2012 et se nomme Counter Strike: Global Offensive (CSGO). Il appartient à la catégorie du tir à la première personne. Le jeune homme a joué aux premières versions (Counter Strike Source et Counter Strike 1.6) par passion avec ses amis jusqu’à ses 21 ans, lorsqu’on lui offre un contrat sponsorisé.

«En 2012-2013, j’étais un des meilleurs joueurs en Europe, mais juste par honneur de l’être. Au moment de l’offre, je me suis professionnalisé», commente-t-il. Cette nouvelle vie professionnelle soulève tous les challenges qu’un sportif de haut niveau doit gérer dans sa vie: les compétitions, les contrats avec les sponsors, les déplacements autour du globe, la gestion de son temps sur la route et loin des proches, ainsi que les entraînements. Si un cyberathlète veut exceller, ces derniers doivent être réguliers et fréquents.

«Il y aura une énorme différence de maîtrise de niveau et capacité dans le jeu entre moi, qui ai passé 10000 heures à jouer et quelqu’un qui en a fait 2000. Je serai meilleur car mon niveau d’automatisme et de détails sera plus accru. C’est un peu comme si une équipe d’amateurs jouait contre le FC Barcelone. Le football est le même, mais l’expérience et la technique sont bien plus développées», explique Mathieu Quiquerez.

Des jeux qui peuvent rapporter gros

Il existe une multitude de jeux vidéo sur le marché. Dans le registre des plus grosses compétitions professionnelles d’esport, certains jeux se sont imposés et se démarquent par leur popularité. Par exemple, Dota 2, a été développé par Valve Corporation, un studio américain de l’industrie vidéoludique et donne lieu au plus grand tournoi annuel en termes de prix: The International. Pour se faire une petite idée, lors de la 9ème édition en août 2019 qui a eu lieu à Shangaï, la cagnotte dépassait les 30 millions de dollars.

Le concept de Dota 2? Deux équipes de cinq joueurs possèdent chacune une base contenant un bâtiment nommé l’«Ancient», dont la destruction mène à la victoire de l’équipe ennemie. Chaque joueur contrôle un «Héros» , accumule de l’expérience, gagne de l’or, s’équipe d’objets et combat l’équipe adverse afin de remporter le match. Ce type de jeu se réfère à une arène de bataille en ligne multijoueur (MOBA).

Dans la même catégorie, League of Legends possède également son propre championnat du monde. D’ailleurs, en 2013, League of Legends ou LOL pour les initiés devient l’un des jeux les plus joués au monde. Ainsi, il s’installe comme un véritable événement dans l’esport et atteint une audience de spectateurs en ligne phénoménale: en 2019, plus de 44 millions de personnes suivent la finale de la compétition annuelle. Le cashprize dépasse les cinq millions de dollars depuis 2017.

Texte Laetizia Barreto

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