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Le fascinant voyage de Leif Eriksson – ou la découverte de l’Amérique par les Vikings

10.07.2020
par Laetizia Barreto

Si l’on attribue souvent la découverte du Nouveau Monde à Christophe Colomb, il faut savoir qu’il n’était pas le premier explorateur à faire ce voyage! Leif Eriksson, décédé depuis mille ans, est certainement l’un des Vikings les plus célèbres. Son histoire perdure à travers les siècles et se raconte encore aujourd’hui. De plus, des découvertes archéologiques faites dans les années soixante appuient l’existence de «Leif, le chanceux» et tendent à montrer qu’il serait le premier européen à avoir découvert l’Amérique.

De nombreuses légendes et contes existent sur les actes héroïques et la vie des Vikings. Parmi ceux-ci, les plus importants sont sans doute les «sagas du Vinland», qui relatent la vie d’Erik le Rouge ainsi que son fils Leif Eriksson et son fascinant voyage où il a découvert l’Amérique.

La notoriété, une histoire de famille

Si l’on remonte aux premières traces d’évidence de son existence, Leif Eriksson est probablement né en Islande entre 970 et 980 après J.-C. Son nom apparaît pour la première fois dans la saga de son père, la Saga d’Erik le Rouge. Ce dernier avait pour réputation de posséder un tempérament tempêtueux. De fait, son ardoise est loin d’être vierge: il aurait été condamné pour meurtre en 982 et aurait donc dû s’exiler et quitter l’Islande pendant trois ans.

C’est ainsi que les vents l’ont menés vers l’Ouest, jusqu’à ce qu’il atteigne la côte d’un lopin de terre fertile qui lui était totalement inconnu: le Groenland. À la fin de son exil, il retourna dans sa patrie en 985 et partage enthousiaste sa découverte. Peu de temps après, il mit le cap sur la prometteuse «terre verte» accompagné de 25 navires remplis des futurs colons. Selon ce récit, Erik le Rouge est considéré comme le premier explorateur à découvrir l’île nordique et à fonder des colonies Vikings au Groeland.

Peu de temps après, il a mis le cap sur la « terre verte » prometteuse avec 25 navires remplis de colons. Selon ces traditions, il est donc considéré comme le découvreur de l’île nordique et le fondateur des premières colonies vikings au Groenland.

Grâce à Erik le Rouge, on trouve aujourd’hui de telles petites maisons idylliques sur l’île du Groenland.

L’audience avec le roi

Leif Eriksson a environ huit ans lorsque son père l’emmène au Groenland. Il y passe sa jeunesse jusqu’à ce qu’il suive les traces de son père.  En 999, Eriksson quitte son pays natal pour un important voyage dans la famille royale norvégienne.

Le roi Olaf Tryggvasson le reçoit selon la tradition et rapidement, le nomme missionnaire. Il le baptise chrétien et lui donne pour mission d’amener la nouvelle religion au Groenland et de la proclamer là-bas. Lorsqu’Eriksson retourne dans sa patrie pour mener à bien sa mission royale, la première église chrétienne voit le jour peu après.

L’ «Eldorado» des Vikings 

Après cet épisode, il est difficile d’en savoir beaucoup plus sur la vie d’Eriksson à partir de la saga d’Erik le Rouge. Cependant, son nom réapparaît  dans d’autres écrits, comme la «Saga des Groenlandais », rédigée deux cent ans plus tard. Celle-ci narre les événements qui ont marqué le tournant du millénaire et les explorations d’Eriksson vers le Nouveau Monde.

D’après la «Saga des Groenlandais», Leif Eriksson serait parti uniquement avec un petit groupe d’hommes courageux, sans boussole, ni carte, à l’exploration d’une destination totalement inconnue. Cette expédition est partie du récit du périple d’un marchand nordique lors duquel des vents violents l’ont dérouté de son voyage vers le Groenland et entraîné loin à l’Ouest aux abords d’une côte inconnue. Bien que le marchand n’ait pas osé débarqué, il a observé des forêts luxuriantes et des prairies fertiles. Puis, par chance, le marchand a retrouvé son chemin et a raconté son odyssée à  Eriksson qui l’a écouté avec fascination.

Tel père, tel fils

Si l’on en croit les anciens écrits, ce marchand nordique est probablement le premier Européen à avoir vu le continent américain. Mais comme il n’a pas osé descendre à terre, c’est quelqu’un d’autre qui a dû réclamer le paradis inconnu au nom des Vikings. Dirigés par Leif Eriksson, les hommes du Nord se sont mis en route pour leur mission sans matériel de repérage, ne sachant même pas s’ils atteindraient un jour leur destination.

Selon les récits, la première chose qu’ils ont rencontrée au cours de leur voyage a été une terre avec de grands champs de glace. Lorsqu’ils débarquèrent, aucune prairie ne se profilait à des kilomètres à la ronde – les Vikings se sont retrouvés face à un paysage plutôt stérile qu’Eriksson décrivit comme «une seule dalle de pierre». Il baptisa donc la côte nouvellement découverte «Helluland» – traduit par «pays de pierre» – et repartit à la recherche de terres fertiles pour s’y installer. En étudiant les caractéristiques géographiques dans les récits, les chercheurs supposent que «Helluland» représentait une zone de la côte canadienne, maintenant appelée «Baffinland».

Découverte d’une terre époustouflante

La Saga mentionne d’autres zones côtières inspectées par les hommes du Nord. Comme celle baptisée «Markland» (le pays de la forêt en français) par Eriksson, assez plate et densément boisée, elle possédait également une plage de sable fin et blanc. Probablement que cette région correspond à l’actuelle zone côtière canadienne du Labrador. Toutefois, ce morceau de terre nouvellement découvert n’étant pas propice à la colonisation, ils ont continué à naviguer le long de la côte.

Quelques jours plus tard, ils ont pris la décision de débarquer. Les Vikings se sont retrouvés devant un spectacle qui dépassait toutes leurs attentes: la rosée du matin avait rendu les prairies si fraîches que les Vikings ont rapporté qu’ils n’avaient jamais rien vu d’aussi beau et d’aussi fertile de leur vie. Le climat était agréablement doux et toute la flore et la faune semblaient parfaites. Ainsi, avec du matériel et de la nourriture, ils ont établi leurs premiers logements.

Les chercheurs supposent que le Vinland trouvé par Eriksson correspond à la région actuelle de Terre-Neuve, au Canada

Mésentente sur l’origine du nom «Vinland»

Selon les traces écrites retrouvées, le chef Viking Leif Eriksson a baptisé la nouvelle région pittoresque «Vinland». La provenance de ce nom crée le débat au sein de la communauté d’experts en la matière. Selon les textes, les Vikings auraient trouvé des raisins et des vignes dans ces paysages luxuriants. Cependant, les chercheurs estiment qu’il est peu probable qu’à l’époque de la période Viking se trouvent des vignes dans cette région.

Une explication plus plausible se tiendrait dans une erreur de retranscription, le «Vínland» mentionné par les auteurs se prononce avec un long «i» et signifie «pays du vin». Cependant, certains historiens supposent que Leif Eriksson a plutôt appelé la nouvelle terre «Vinland», qui se prononce avec un «i» court et se traduit par pâturage. Un nom plus propice à la zone que de nombreux chercheurs estiment être Terre- Neuve.

Verte et prometteuse – la région actuelle de Terre-Neuve, au Canada, est-elle le «Vinland» d’Eriksson?

Sauvetage en haute mer

Leif Eriksson et ses hommes restèrent durant tout un hiver au Vinland. Le climat doux a permis au bétail de toujours avoir quoi se nourrir et a ainsi contribué à la survie des Vikings. Pourtant, Eriksson serait retourné au Groenland avec une petite troupe à la fin de l’hiver pour y raconter sa fabuleuse trouvaille.

Lors du voyage de retour, il aurait croisé la route de naufragés norvégiens à la dérive et leur aurait apporté son aide. Reconnaissants, ces derniers ont propagé l’histoire et l’acte héroïque d’Eriksson à travers différentes régions de la Scandinavie. C’est ainsi qu’Eriksson a reçu son célèbre surnom, qui lui est encore associé aujourd’hui: «Leif, le chanceux ».

Le paradis n’est pas éternel

Leif a réussi à inspirer les habitants du Groenland avec ses histoires de la beauté de la légendaire «Vinland», tout comme lorsqu’Erik Le Rouge avait motivé les agriculteurs islandais en leur parlant d’une «terre verte et fertile». Ainsi, de nombreux autres Vikings se sont dirigés vers le «Vinland» et ont prospéré pendant quelques siècles.

Cependant, au fil du temps, le climat est devenu plus dur et plus frois, puis les conflits croissants avec les Amérindiens ont contribué à la disparition croissante des colonies vikings. Une anecdote reporte la mort du frère de Leif, Thorvald Eriksson. Celle-ci a pris lieu dans une bataille sur le «Vinland», contre les «skrælinger» – des gens minuscules, probablement des Indiens ou des Inuits. Plus nombreux, ils ont réussi à repousser les Vikings. Thorvald, comme beaucoup de ses camarades, a perdu la vie dans un affrontement.

Les Vikings, premiers colons américains

Les péripéties d’Erik le Rouge et de Leif Eriksson ont été racontées au fil des siècles. Si les récits à leurs sujets ne peuvent être vérifiés, on est pourtant certain que les Vikings sont aujourd’hui les premiers peuples européens connus à avoir été sur le continent américain.

Aujourd’hui encore, on peut admirer les établissements de L’Anse aux Meadows, à Terre-Neuve.

En 1960, les archéologues ont découvert les restes de la seule colonie Viking découverte en Amérique à ce jour en effectuant des fouilles à Terre-Neuve. On ne peut pas garantir qu’il s’agisse de la colonie d’Eriksson et du «Vinland». Mais sur la base de ces découvertes archéologiques et des histoires transmises au fil des ans, on peut supposer que «Leif, le Chanceux» a été le premier Européen à mettre un pied sur le continent américain.

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Texte Dominic Meier

Traduit de l’allemand par Laetizia Barreto

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