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D’où viennent ces boissons mélangées et sucrées que sont les cocktails?

13.07.2020
par Laetizia Barreto

Les cocktails, boissons stars des soirées, ils plaisent par leurs saveurs raffinées et souvent sucrées. Généralement associés à la gente féminine, ce type de boisson n’a pourtant pas de genre. Elle possède une origine historique des plus intéressantes. Cet article vous emmène sur les traces de l’apparition des premiers cocktails.

Un nom qui symbolise la mixité

L’origine du mot «cocktail» est controversée. Ce terme se prête en effet à un mélange sucré de boissons, mais désigne aussi une réception spéciale, est controversée. En effet, historiquement on retrouve le terme «cocktail» dès le milieu du 18ème siècle en France. Selon le Centre national des ressources lexicales et textuelles, en 1755, l’Abbé Prévost le définit comme un «homme abâtardi». Alors que du côté de son étymologie anglo-américaine, le cocktail, en tant que boisson, serait un raccourci de cocktailed (-horse). Un mot composé qui proviendrait du verbe to cock (se redresser) et du nom tail (la queue).

Littéralement, «cocktailed horse» signifie «un cheval auquel on a coupé la queue afin qu’elle se redresse vers le haut». Cette coupe spéciale se pratiquait uniquement sur les chevaux de trait pour les différencier des pur-sang. Le terme «cocktail» en vint donc à désigner plusieurs réalités qui comportaient une notion de mélange. Tel qu’un homme aux mœurs douteuses, un cheval aux origines bâtardes ou encore la boisson faite d’un mélange d’alcool et de différents éléments qui apparaît en 1806 dans le dictionnaire d’American English.

Autres contes derrière le cocktail

D’autres légendes existent au sujet de l’étymologie de la définition du «cocktail». L’une d’entre elles évoque la coutume de placer une plume de coq dans une boisson, en guise de décoration et pour indiquer la présence d’alcool. Il pourrait aussi être une déformation du mot français «coquetier» par les anglophones, un récipient pour servir les chics breuvages à la Nouvelle-Orléans au début du 19ème siècle. L’un des mythes de l’origine du terme cocktail relate l’existence d’une princesse qui répondait au nom de Coctel, dont le père fabriquait de mystérieux mélanges.

Le gin à l’origine des premiers cocktails

Mais les cocktails n’ont pas été tout de suite populaires auprès du grand public! C’est en Angleterre, avec l’apparition du gin, qu’apparaissent les premiers mélanges. En effet, cet alcool de grain distillé de façon rudimentaire n’était pas forcément très bon. À l’époque, le gin est si trouble que pour le boire, il fallait le sucrer et l’aromatiser avec des baies de genièvre et de la coriandre. En 1750, le gin tonic est un mélange apprécié des marins anglais. Ils consommaient le gin avec de la quinine pour lutter contre la fièvre. De retour au pays après plusieurs campagnes de l’Empire colonial, les officiers de l’armée britannique le démocratisent aux côtés d’autres boissons.

De plus, de nouveaux types d’établissements émergent sous le règne de la reine Victoria. C’est notamment le cas du gin palace, une institution de luxe aux boiseries exotiques et aux fauteuils moelleux qui propose du London dry gin. Ce dernier s’accompagne de soda, de fines tranches de citron et de l’eau de quinine. L’Angleterre est à l’apogée de son influence et connaît diverses élaborations de mélanges d’alcool. En revanche, en France, ces dernières sont plus pauvres. On y boit du ratafia, une boisson alcoolisée, souvent douce et artisanale, obtenue par macération de fruits ou de moût de raisin dans l’alcool et le sucre, et quelques vermouths.

Des boissons chics pour un nouveau style de vie

À peu près à la même période, les premiers cocktails apparaissent dans les bars des Etats-Unis. Jerry Thomas publie le Bartender’s Guide, en 1862, à New-York, le premier livre sur les cocktails qui propose plus de 236 recettes. Dans les années 70, l’invention des machines à fabriquer de la glace artificielle va marquer un tournant dans l’histoire du cocktail. Rapidement, ces boissons sophistiquées vont devenir le propre de lieux fréquentés par une clientèle aisée, comme les paquebots ou les avions.

Le Manhattan et le Martini dry deviennent des classiques des deux côtés de l’Atlantique. Ils représentent, dès la fin du 19ème siècle, la rencontre de plusieurs mondes. En effet, entre le vermouth italien, le bourbon américain et le gin britannique, tous les ingrédients sont réunis pour symboliser l’union et l’essor d’un nouveau style de vie.

Années folles, prohibition et histoires de gangsters

Après la guerre, l’Europe a besoin de s’amuser et vivre pleinement à nouveau. La période des années folles propage une vague d’optimisme jusqu’aux Etats-Unis qui se traduit par the gay twenties. En 1921, le Bloody Mary est créé à Paris suivi de près par le Sidecar en 1924. Si d’autres cocktails comme l’Americano se boivent dans le monde entier, les années 20 sont aussi synonyme de la prohibition aux Etats-Unis (de 1919 à 1933). Ceci va à contribuer à rendre les cocktails encore plus populaires outre Atlantique. En effet, pour cacher le mauvais goût des alcools de contrebande frelatés, les barmen utilisent des jus de fruits. Les Etats-Unis vont vivre un véritable combat contre l’ivrognerie, le mal des sociétés européennes décadentes selon certains partis politiques qui se veulent progressistes.

Dans l’idée de restaurer un pays sain et démocratique, la loi d’interdiction de la consommation d’alcool est adoptée par tous les Etats de l’Union. En parallèle, ce sont des distilleries clandestines qui se forment et des speakeasies qui apparaissent pour débiter la contrebande. C’est l’ère des gangsters et de bandes rivales, d’Al Capone et du syndicat du crime qui vendent très cher des alcools frelatés. Ainsi, en plus d’avoir recours à différents ingrédients ou jus pour camoufler le mauvais goût, les cocktails constituaient une bonne solution pour échapper aux problèmes lors de descentes de polices dans les cabarets clandestins en cachant le goût de l’alcool.

Tourisme «mouillé»

À cette époque, les agences de voyages américaines se spécialisent dans l’offre de week-ends «mouillés» à destination de Cuba, où il était permis de boire. La Havane se transforme alors en capitale cubaine du cocktail. Elle donnera naissance à certains favoris encore à l’heure actuelle comme le Daiquiri ou le Cuba libre. Les barmen du monde entier s’inspireront par la suite de l’école cubaine du cocktail en puisant dans le registre exotique.

Finalement, en 1933, les autorités américaines décident d’abolir le 18ème amendement à cause du non-respect total de cette loi. Ainsi, jusqu’aux années 1970, les cocktails se préparaient surtout à base de gin, whisky et rhum, mais plus rarement avec de la vodka. C’est au début des années 80 que celle-ci deviendra la base la plus répandue en remplaçant souvent le gin. Aujourd’hui toujours d’actualité, ils sont revisités et les mocktails, alternative sans alcool, sont aussi tendance que leurs homologues alcoolisés.

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Texte Laetizia Barreto

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