la ville du futur la ville du futur en suisse - cinq théories pour un avenir durable et viable
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Suisse Innovation

La ville du futur en Suisse – cinq théories pour un avenir durable et viable

25.09.2025
par SMA

Environ trois quarts de la population suisse vivent dans des zones urbaines. L’avenir de nos villes est donc décisif pour le développement social, écologique et économique du pays. Et ce développement n’est pas une utopie de planificateurs, mais une nécessité sociétale. À l’Office fédéral du développement territorial (ARE), nous y travaillons intensivement. Voici cinq thèses sur la ville du futur.

Ueli Seewerdirecteur adjoint de l’Office fédéral du développement territorial (ARE)

Ueli Seewer
Directeur adjoint de l’Office fédéral du développement territorial (ARE)

La ville du futur devra produire sa propre énergie

Les villes consomment environ deux tiers de l’énergie en Suisse – elles ont donc un énorme potentiel pour la transition énergétique. Elles deviennent productrices d’énergie et autosuffisantes. Des installations solaires sur les toits, des réseaux de chaleur urbains, la géothermie et des réseaux électriques intelligents transforment les espaces urbains en centrales décentralisées.

Le système énergétique du futur se veut plus flexible et géré de manière intelligente. Les consommateurs deviennent aussi producteurs, injectent de l’électricité dans le réseau, stockent l’énergie localement et l’échangent via des plateformes de quartier.

Dans plusieurs villes suisses, émergent les premiers quartiers énergétiques interconnectés, qui combinent électricité, chaleur et mobilité.
Parallèlement, les infrastructures existantes sont rénovées pour plus d’efficacité énergétique. Les bâtiments publics deviennent des pionniers, les nouvelles constructions sont réalisées selon la norme Minergie-P. Les quartiers neutres en CO2 ne sont plus une utopie – mais un objectif réalisable à court terme.

Habiter dans la ville du futur sera plus sensé et plus solidaire

Les systèmes d’habitat intelligents optimisent la consommation d’énergie, augmentent le confort et favorisent la vie communautaire. Des capteurs régulent chauffage, éclairage et ventilation en fonction des besoins réels. Des applications connectent les voisins, coordonnent l’utilisation des espaces communs ou des équipements partagés.

Mais le « smart living », ce n’est pas que de la technologie : c’est aussi promouvoir des quartiers mixtes et renforcer l’intégration sociale. Et surtout, cela signifie créer suffisamment de logements abordables, car la demande augmente, surtout dans les zones urbaines.

Dans le cadre du plan d’action contre la pénurie de logements, l’ARE s’engage notamment pour simplifier et accélérer les procédures, afin que les investisseurs puissent construire plus facilement.

La ville du futur se développe vers l’intérieur

La consommation illimitée d’espace ne peut pas continuer ainsi. Le territoire est limité et constitue l’une des ressources les plus précieuses de la Suisse. Depuis la révision de la loi sur l’aménagement du territoire il y a dix ans, la priorité va au développement vers l’intérieur plutôt qu’à l’extérieur. Cela signifie : ne plus construire sur des terrains vierges et naturels, mais exploiter plutôt des zones déjà urbanisées. Ces dernières sont déjà desservies, ce qui évite la construction de nouvelles liaisons routières ou lignes ferroviaires.

Comment procéder ? En réutilisant et valorisant les surfaces et bâtiments existants dans le cadre de concepts durables. On peut surélever des immeubles d’habitation, transformer d’anciens sites industriels ou des friches inexploitées.

Les fonctions de logement, travail, éducation et loisirs se mêlent spatialement. Les trajets sont plus courts et directs, les bâtiments sont à usages mixtes et les quartiers disposent de centres propres.

Les infrastructures vertes et bleues – parcs, toits végétalisés, cours d’eau renaturés – jouent un nouveau rôle essentiel. Elles améliorent la qualité de vie, la biodiversité et le microclimat en zone urbaine.

Le nouveau Concept de développement territorial, attendu début de l’année prochaine, montrera comment la Confédération, les cantons, les villes et les communes envisagent l’organisation spatiale de la Suisse de demain. La connexion avec les zones rurales et de montagne reste essentielle. Tous les territoires doivent avoir des perspectives de développement, pas seulement les villes.

Dans la ville du futur, la voiture n’est plus au centre de tout

Le trafic est l’un des principaux responsables des émissions de CO2 en Suisse. Le développement de la mobilité douce est donc un élément central de la ville durable. La voiture individuelle laisse place à une mobilité multimodale et économe en espace : transports publics, pistes cyclables, cheminements piétons, covoiturage, navettes à la demande, véhicules électriques autonomes forment un système souple et respectueux du climat, interconnecté par des hubs de transport efficaces.

Les villes suisses investissent déjà dans les réseaux cyclables et les quartiers à faible circulation. Les transports publics sont rendus plus efficaces par une gestion optimisée du trafic.
L’espace urbain devient un lieu de rencontre, et le développement ciblé du réseau autoroutier et des rings soulage les villes.

Ces approches montrent que la ville du futur considère la mobilité non seulement comme un moyen de déplacement, mais comme un élément de l’espace public, au service de la santé, des rencontres et de la durabilité.

L’Office fédéral du développement territorial soutient ces démarches dans le cadre du programme « Transports des agglomérations », qui cofinance des infrastructures clés.

La ville du futur doit s’adapter au changement climatique

L’urbanisme du futur repose sur les principes de durabilité. Le réchauffement climatique contraint les villes à s’adapter : journées de canicule, fortes précipitations, pénurie de ressources.
Les villes résilientes anticipent – par exemple avec le concept de « ville éponge », qui stocke l’eau de pluie dans le sol pour la restituer en période de sécheresse.

Elles misent sur des infrastructures résistantes et des espaces multifonctionnels. Leur expression architecturale est variée : elles conservent et valorisent le patrimoine bâti, cultivent une culture architecturale de qualité, privilégient les constructions en bois, les structures modulaires et l’économie circulaire dans le bâtiment.

Pour conclure : une vision concrète à mettre en œuvre ensemble

Pour moi, la ville du futur n’est pas une vision abstraite, mais une mission claire qui coule de source. Elle associe technologie, écologie et qualité de vie, planification et participation.
La Suisse dispose d’atouts idéaux pour cela : savoir-faire technique, compétences de planification élevées, structures démocratiques et fort engagement citoyen.

Comparée à l’international, la Suisse est sur la bonne voie. Mais les défis sont là : la transformation de nos villes exige une volonté politique, des investissements financiers et une ouverture sociétale.

Il ne s’agit pas seulement d’introduire de nouvelles technologies, mais aussi de changer notre manière de penser. La ville du futur ne sera pas construite par des machines, mais conçue et façonnée par des êtres humains. Elle représente une promesse : celle d’une vie en harmonie avec l’environnement, la technologie et la collectivité.

Tenir cette promesse est notre tâche commune, à laquelle la Confédération contribue aussi à l’échelle nationale.

Texte Ueli Seewer, directeur adjoint de l’Office fédéral du développement territorial (ARE)

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