Le prodige suisse de la mécatronique automobile
Florent Lacilla, 24 ans, jeune diagnosticien automobile, récemment diplômé avec un brevet fédéral, a su s’imposer sur la scène nationale et internationale des métiers. En remportant les SwissSkills en 2018 et 2020, puis en décrochant la médaille d’or en Technologie Automobile aux prestigieux WorldSkills de 2022 à Dresden, en Allemagne, Florent illustre avec brio le potentiel et l’excellence de la jeunesse suisse. Focus sur le parcours inspirant de ce champion qui fait rayonner son métier bien au-delà des frontières helvétiques.
Florent Lacilla, comment en êtes-vous venu à devenir mécatronicien ?
Ce qui m’a motivé, c’est que je suis né dans une famille de garagistes. Mon père est garagiste, et j’ai toujours été immergé dans cet univers depuis mon enfance. Même pendant les vacances, j’étais captivé par le fonctionnement des véhicules. L’automobile en général me passionne depuis toujours.
Est-ce que le métier de mécatronicien est le même que celui de mécanicien ?
C’est similaire, mais mécatronicien est le nouveau nom du métier, car le CFC s’étend sur quatre ans et intègre beaucoup plus d’électronique. Les véhicules actuels contiennent de nombreux boîtiers électroniques. Ce CFC est donc davantage axé sur la recherche de pannes et l’électronique, tout en incluant les bases du métier de mécanicien de maintenance.
Vous avez effectué votre apprentissage dans le garage familial. Que vous a apporté cette expérience ?
Travailler dans le garage familial, c’était un peu comme être à la maison. Je pouvais rester plus longtemps, monter mes véhicules personnels, et même si je n’étais pas favorisé par rapport aux autres apprentis, j’avais la fierté de représenter ma famille. Cela m’a poussé à me responsabiliser davantage. Assez rapidement, j’ai dû remplacer notre chef d’atelier parti, prenant ainsi des responsabilités importantes. Si je ne trouvais pas la panne, personne ne le faisait. Malgré les difficultés initiales, cette expérience m’a beaucoup fait progresser.
Qu’est qui vous a motivé à participer aux SwissSkills ainsi qu’aux WorldSkills et comment s’est déroulée la préparation pour ces compétitions ?
À la fin de mon apprentissage de mécatronicien, mon professeur de cours pratiques m’a encouragé, ainsi que d’autres collègues motivés, à participer aux SwissSkills. Nous nous sommes inscrits pour les premières qualifications à Berne, où nous avons tous été qualifiés pour les championnats suisses. La préparation pour ces compétitions a été intense, avec beaucoup de stress, mais aussi une grande satisfaction de voir la compétition et l’énorme public. Après avoir gagné les championnats suisses, nous avons pu participer aux WorldSkills. La préparation pour les WorldSkills a été encore plus exigeante. Une fois sélectionné pour l’équipe suisse, j’ai rejoint les autres représentants des différents métiers, soit environ 37 personnes.
Comment cela se passe concrètement le jour de la compétition ?
Pour notre métier, la compétition s’étend sur trois jours avec deux postes par jour. Par exemple, un poste consistait à diagnostiquer et réparer une voiture en panne. Le plus contraignant était le temps : il fallait tout faire très vite.
Qu’aimez-vous le plus dans votre métier de mécatronicien automobile ?
Ce que j’aime le plus, c’est la recherche de pannes et la satisfaction de résoudre un problème. Comprendre le fonctionnement de tous les systèmes d’un véhicule est très intéressant. Ce qui est incroyable, c’est qu’on apprend toujours, avec l’émergence de véhicules hybrides, électriques, et même à hydrogène chez certaines marques. Cela nous oblige à une formation continue, évitant ainsi la monotonie, et c’est ce que je trouve beau.
Quels conseils donneriez-vous aux jeunes qui envisagent de se lancer dans cette carrière ?
Tout ce que je peux conseiller c’est de faire des stages avant de s’engager dans des études spécifiques. La plupart des entreprises sont ouvertes aux stages. Cela permet de se familiariser avec la réalité du métier. Il est important de tester plusieurs entreprises car chacune a ses particularités, même si elles sont dans le même secteur. Cela vous aidera à déterminer clairement le domaine qui vous intéresse le plus, que ce soit l’automobile, les poids lourds ou les motos.
Quelles sont selon vous les qualités essentielles pour réussir dans ce domaine ?
Il faut avoir de bonnes connaissances en logique et en mathématiques, avoir la fibre manuelle ainsi qu’un intérêt marqué pour la compréhension des systèmes et la technique en général. De plus, une bonne résistance physique est nécessaire, surtout au début lorsque l’on passe d’une journée assis huit heures à une journée debout dans un atelier – ce n’est pas tout à fait pareil (rires).
Un dernier message ?
Il ne faut pas penser qu’un apprentissage ferme des portes ; au contraire, même avec un CFC, on peut aller très loin dans la vie. Faire un apprentissage de mécanicien ne signifie pas qu’on sera toujours dans un garage à changer des pneus. Il existe des possibilités de formations supérieures très enrichissantes.
Interview Océane Ilunga
Laisser un commentaire