La Suisse est un pays qui offre depuis longtemps une protection aux personnes ayant dû fuir leur pays d’origine pour des raisons diverses, telles que des guerres, des catastrophes naturelles, une économie défaillante ou des politiques restrictives. Les statistiques montrent un chiffre de demandeurs et demandeuses d’asile toujours croissant. En effet, en 2022, la Suisse a reçu 24 511 demandes d’asile, soit 64,2 % de plus qu’en 2021. Le Secrétariat d’État aux migrations (SEM) estime que ce chiffre pourrait atteindre 27 000 en 2023.
Afin de favoriser l’intégration des personnes réfugiées en Suisse, des programmes comme celui proposé par l’Université de Neuchâtel offrent des cours de français. Cette initiative permet non seulement aux réfugiés de mieux s’adapter à leur nouveau pays, mais aussi de rencontrer de nouvelles personnes. Le programme « Français pour tous », organisé par le Service des Migrations du Canton de Neuchâtel en collaboration avec la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de l’Université, vise à faciliter l’intégration des réfugiés en leur offrant des bases solides en langue et culture françaises. Ces compétences sont essentielles pour que les réfugiés puissent reprendre des études ou trouver un emploi plus facilement, comme cela a été le cas pour Javid Ebrahimi.
Javid Ebrahimi est un jeune homme âgé de 31 ans originaire d’Afghanistan. Après avoir traversé l’Iran, la Turquie, la Bulgarie, la Moldavie puis enfin l’Autriche et l’Allemagne, il arrive en Suisse en 2016. Il travaille aujourd’hui dans le Réseau Hospitalier neuchâtelois et continue chaque jour d’apprendre la langue française. Lors d’un appel téléphonique, il dévoile son parcours, le déroulement de son apprentissage de la langue française et ce que ces nouvelles compétences lui ont apporté.
Apprendre une langue étrangère pour mieux s’intégrer
Lorsque nous demandons à Javid Ebrahimi pourquoi il a souhaité apprendre la langue française, il nous répond qu’il a voulu se sentir plus proche des personnes suisses. « Je ne voulais pas parler qu’avec des personnes afghanes, je voulais être en contact avec les autres et parler français », se confie-t-il. Mais il s’agissait surtout pour lui d’une opportunité qui lui permettrait de trouver un emploi plus facilement.
Javid Ebrahimi a suivi des cours de français au Club Migros tous les jours pendant six mois. Il y a rencontré des amis et a développé des compétences linguistiques de base. Il a ensuite eu connaissance des cours dispensés au sein de l’Université et a décidé de s’y rendre pendant quatre mois, à hauteur de deux jours par semaine. « Les cours à l’Université sont très utiles pour apprendre le français » affirme-t-il.
Le français, une langue difficile à apprendre
La langue française est connue pour ses difficultés grammaticales et son vocabulaire particulier. Javid Ebrahimi le confirme : « Au début, c’était vraiment difficile. Je me trompais sur des mots comme « message » et « massage » (rires). Mais maintenant, je comprends tout ce que me disent mes collègues. C’est surtout le passé composé, le futur antérieur et le futur simple qui sont un peu compliqués pour moi. Mais aujourd’hui, mon français suffit pour mon travail. »
Une intégration sur le marché du travail tumultueuse
Le parcours professionnel de Javid Ebrahimi en Suisse commence dans l’agriculture. Après plusieurs stages dans le domaine, le jeune homme décide de chercher un autre emploi. Bien qu’à l’époque il ne parle pas français, il obtient un contrat dans un hôtel à la Chaux-de-Fonds. Il s’est principalement occupé du nettoyage des chambres et de la vaisselle pendant plusieurs mois. « Mais la Covid-19 est arrivée, donc l’hôtel a fermé et j’ai dû chercher un autre travail », explique-t-il. « J’ai trouvé quelque chose dans le restaurant près de la piscine de Neuchâtel. Après deux mois, j’ai eu un contrat de travail fixe à 50 %. Mais à nouveau, la Covid-19 revient et met fin à mon travail. »
Toutefois, la pandémie n’a pas découragé le jeune afghan dans sa recherche d’emploi : « J’ai téléphoné à ma conseillère en insertion. Elle m’a proposé un stage à l’hôpital de la Chaux-de-Fonds, alors j’ai accepté. Mais pour moi qui habite à Colombier, la Chaux-de Fonds, c’est loin. Quand mon contrat s’est fini, j’ai demandé au chef de l’hôpital si c’était possible de refaire un stage de trois mois dans l’hôpital de Pourtalès à Neuchâtel. Mais il n’y avait pas de place chez eux. Alors j’ai cherché autre chose. »
Grâce à une amie qui travaille dans un restaurant, Javid Ebrahimi obtient un contrat fixe à 100 % dans ce même restaurant. Après cinq mois à travailler là-bas, le chef de l’hôpital de Pourtalès le recontacte pour lui proposer du travail. « J’ai donc écrit une lettre de démission pour le restaurant et aujourd’hui cela fait un an et demi que je travaille à l’hôpital de Pourtalès. Je travaille un peu dans la cuisine pour aider les autres employés. Il n’y a que trois employés de cuisine, alors quand quelqu’un est malade, ils ont besoin d’aide pour la préparation et pour le nettoyage. Je me sens très bien dans mon travail. Il n’y a pas de risques et les collègues sont gentils. »
Dans les mois à venir, le jeune homme se verrait bien déménager dans un logement plus grand: « J’habite maintenant avec ma femme depuis neuf mois. Elle a quitté l’Afghanistan pour me rejoindre. Mais chez moi, c’est très petit. »
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