derrière les scènes du paléo festival
Marc Amiguet
Culture Été

Derrière les scènes du Paléo Festival

24.06.2023
par Maévane Mas

Comme chaque année, de nombreux festivaliers et festivalières attendent avec impatience l’arrivée du plus grand festival open air de Suisse. Le Paléo Festival à Nyon, lieu de découvertes musicales, de rencontres inédites et de dégustation culinaire, promet cet été encore une semaine inoubliable.

Jacques Monnier,Cofondateur du Paléo Festival

Jacques Monnier
Cofondateur du Paléo Festival

Alors que l’ouverture du festival approche à grands pas, nous retrouvons Jacques Monnier, l’un des deux membres fondateurs du festival, pour plonger dans les coulisses de cet événement tant attendu.

Jacques Monnier, en quoi consiste votre travail au Paléo Festival ?

En tant que directeur artistique, je suis impliqué avec plusieurs complices dans le choix des artistes et dans leur négociation. Notre objectif est de monter un programme qui présente chaque année une centaine d’artistes, en mélangeant têtes d’affiche et nouveaux talents. Pour ces derniers, jouer au Paléo est un passage important dans leur carrière. De nombreux journalistes et professionnels du spectacle, ainsi qu’un large public sont en effet présents au sein du festival, qui peut donc constituer un tremplin pour gravir un échelon professionnel. En somme, notre travail est d’appeler des artistes qui nous touchent et de les présenter au mieux à notre public.

Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans votre métier ?

À Paléo, nous aimons suivre la carrière des artistes et les faire évoluer sur les différentes scènes du festival. Je pense par exemple à Angèle qui a commencé au Paléo au Club Tent en tant que découverte devant 2’000 spectateurs. L’année dernière, elle a joué sur la Grande Scène devant près de 40’000 spectateurs. Pour moi, présenter des artistes qui me plaisent, les suivre dans leur carrière et leur offrir la possibilité de jouer devant de plus en plus de monde est un plaisir énorme.

Comment choisissez-vous les artistes pour la programmation ?

Nous aimons découvrir des artistes directement sur scène, dans de nombreux festivals à travers le monde, afin d’imaginer au mieux ce que leur concert pourrait donner chez nous. Par exemple, nous avons vu la chanteuse française Pomme qui jouait devant une centaine de personnes. Cet été, elle se retrouvera sur Véga, une scène qui accueille près de 25 000 personnes. Il a donc fallu imaginer ce que son spectacle pourrait donner devant un public bien plus grand que ce que nous avions observé.

Pour les têtes d’affiche, c’est un peu différent. Lorsqu’un artiste est à la mode, tout le monde le veut à la tête de son programme. C’est le cas cette année pour Rosalía. Leurs agents vont alors faire part des projets de l’artiste à tous les organisateurs d’Europe et parfois du monde, et ceux-ci manifestent ou non leur intérêt. Le manager va ensuite observer les propositions en fonction des périodes et construire une tournée logique au niveau géographique. Il faut donc déjà avoir la chance d’être dans la bonne fenêtre périodique. Après, il faut bien sûr se mettre d’accord sur le cachet, l’agent essayant de faire monter les enchères sur un marché très concurrentiel. Parfois, de telles négociations peuvent durer jusqu’à huit mois et finir avec une réponse négative. Il faut donc toujours avoir d’autres artistes en tête pour remplir le programme.

Chaque année, la mise en ligne des billets est un grand événement pour les romands. Comment vous préparez-vous pour faire face à cette forte demande ?

C’est un jour très important pour nous aussi. Cela nous permet d’observer la réaction du public à notre travail de plusieurs mois. Cette année, nous avons vendu 200 000 billets en 41 minutes. Bien que le festival affiche complet depuis plus de vingt ans, je n’arrive jamais à être serein et sûr que cela se reproduira d’année en année, tant mieux ! Les ventes de mars dernier nous ont donc vraiment rassurés après les deux années de doutes liés à la Covid-19.

Au niveau fonctionnel, les ventes de billets se font via le site internet TicketCorner ou directement sur le site du Paléo par la plateforme Sécutix. Chaque année, des dizaines de milliers de personnes patientent dans la file d’attente derrière leur ordinateur. Cette année, ils étaient plus de 60 000. C’est juste incroyable. Il faut donc que la technologie fonctionne parfaitement pour pouvoir supporter le nombre gigantesque de transactions qui créent une charge énorme sur le système.

Combien de personnes sont mobilisées pour faire de cet événement une réussite ?

Nous distinguons deux niveaux différents. Au niveau administratif, nous sommes une cinquantaine de personnes et durant le festival, 5 000 bénévoles nous rejoignent. C’est fabuleux de voir qu’après 45 éditions, tant de personnes sont toujours prêtes à consacrer une semaine entière à Paléo. Les plus jeunes manifestent aussi leur intérêt et se présentent en tant que bénévoles extrêmement motivés.

Quels sont les plus gros défis que vous avez rencontrés jusqu’ici ?

Faire perdurer l’événement dans le temps. Pour cela, nous essayons d’amener une programmation intéressante, de surprendre les gens et d’innover constamment. Le Village du Monde explore chaque année une région différente de la planète à travers la nourriture, les arts et la musique. Nous avons aussi la Ruche qui met en avant les arts du cirque et du théâtre de rue. Chaque été, un nouvel univers y est inventé. Nous sommes en collaboration avec les élèves de la HES-SO qui montent chaque édition un gros projet de land art pour le festival. L’année passée, nous avons accueilli deux nouvelles scènes : Belleville, une scène destinée aux musiques électroniques, et Véga, qui peut accueillir près de 25 000 personnes. Cela nous a obligé à réinventer tout l’urbanisme et la circulation des spectateurs sur le terrain. Le public découvre toujours de nouvelles idées et décorations, et je pense que cette innovation est la clé de la réussite.

En définitive, il est important pour nous de renouveler le public afin d’assurer la survie du festival. Nous sommes donc attentifs aux tendances chez le jeune public. Nous proposons par exemple du hip-hop et de l’électro, ce qui n’est pas forcément la musique de prédilection des personnes de ma génération. Il faut donc trouver un équilibre entre un public jeune et un public un peu plus adulte. Par exemple, le samedi 22 juillet, nous accueillerons des artistes tels que Aya Nakamura et Damso pour les plus jeunes, et Maxime Le Forestier, Imany et Ibrahim Maalouf pour les plus âgés.

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