Au bénéfice d’une longue tradition, les établissements thermaux français ont traversé les siècles et ont su s’inscrire en tant que composante importante du système de santé. Pourquoi le thermalisme est-il un vecteur économique et quels sont les bienfaits des eaux thermales ?
Réponses avec Thierry Dubois, Président du Conseil National des Établissements Thermaux (CNETh) qui regroupe les 113 établissements thermaux français, mais aussi Président de l’European Spa Association (ESPA) ainsi que du Conseil de Surveillance des Thermes de Saujon, un établissement thermal situé en Charente-Maritime et spécialisé dans le traitement d’affections psychosomatiques.
Thierry Dubois, les cures thermales en France sont prises en charge par les assurances-maladies. Que cela implique-t-il ?
Les soins thermaux sont remboursés à 65 %, les honoraires des médecins dans le cadre d’un forfait à 70 % et les prestations d’hébergement et de transport ne sont remboursées qu’en fonction d’un plafond de ressources assez modéré. Cela signifie que seulement 15% des curistes français bénéficient d’une indemnité d’hébergement de 150,01 euros pour trois semaines pour se nourrir et se loger ainsi que d’un remboursement du transport sur la base du tarif seconde classe de la SNCF de la gare du domicile à la gare de la station thermale.
En quoi le thermalisme est-il un vecteur économique ?
En général, 75 % des établissements thermaux sont situés dans des communes de moins de 5000 habitants. Dans ce cas, l’établissement thermal est souvent le plus grand employeur privé de la commune, un créateur d’emplois, de ressources et de richesses. Nous comptons presque 6600 emplois ETP directs dans le thermalisme et 19 000 emplois ETP indirects. Il faut savoir en outre que lorsqu’un établissement thermal accueille 100 curistes, il crée six nouveaux emplois directs ou indirects. Quant au volume d’activité généré chaque année par l’économie liée au thermalisme, il atteint quasiment cinq milliards d’euros.
Que contiennent les eaux thermales ?
Il existe quatre grandes catégories d’eaux thermales : eaux bicarbonatées, chlorurées sodiques, sulfatées et sulfurées. En fonction de leurs catégories, ces eaux ont une efficacité thérapeutique pour certaines pathologies regroupées dans douze grandes orientations. Parmi ces dernières, la plus importante est la rhumatologie qui regroupe 79 % des activités des cures thermales. Il faut mentionner aussi la phlébologie, les affections des voies respiratoires, la dermatologie, les problèmes de métabolisme, les problèmes cardio-vasculaires, la neurologie, les affections psychosomatiques. Par ailleurs, dans le secteur du thermalisme, nous cherchons sans cesse à développer des programmes de prévention.
Comment voyez-vous l’avenir du thermalisme en France ?
Nous œuvrons pour que le thermalisme soit mieux reconnu et espérons que son taux de prise en charge ne soit pas réduit. Nous souhaitons aussi un renforcement du statut du thermalisme et visons à développer au maximum la prévention afin d’être en mesure de prendre en charge des nouvelles pathologies. Enfin, nous aimerions pouvoir proposer de la rééducation fonctionnelle ambulatoire pour une patientèle territoriale.
Interview Andrea Tarantini
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