En théorie, chacun d’entre nous est libre de faire des choix de vie bénéfiques – ou pas ! – pour sa santé. En tant qu’adulte, rien ni personne ne nous oblige à randonner le weekend, à équilibrer notre assiette et à dormir huit heures par nuit. Alors pourquoi a-t-on tendance à attendre les problèmes et les symptômes pour effectuer des changements bénéfiques à notre santé ? Pourquoi est-ce si difficile de changer une habitude ?
Il y a bien sûr plusieurs explications. L’approche préventive implique de nous projeter dans le futur. Or, nous préférons généralement accorder notre énergie et notre attention à ce qui nous apporte un bénéfice immédiat. Il est facile d’énumérer ce qui est « bon » ou « mauvais » pour notre santé, en ce qui concerne l’activité physique, la consommation de tabac, d’alcool, la gestion du stress et l’équilibre alimentaire. Le savoir est une chose, le pratiquer dans son quotidien en est une autre, sans parler de changer ses habitudes. Quel défi ! Pour notre défense (et bonne conscience), le contexte dans lequel nous évoluons ne nous y aide pas toujours ! Décréter que la santé est du ressort de la sphère privée uniquement est réducteur et illusoire, sinon une campagne de sensibilisation, une conférence ou un conseil professionnel bien avisé suffiraient à créer des changements durables.
L’environnement socio-professionnel, les conditions de vie, l’entourage, les médias, les campagnes publicitaires, l’accessibilité de certains services ou encore l’urbanisme ont un impact sur notre vie et nos choix. Ce que l’on considère parfois comme une affaire individuelle, résultante de nos comportements, est surtout déterminée par ces facteurs externes. Dès lors, comment améliorer notre alimentation lorsque les produits présentés comme les plus intéressants sont souvent ceux avec une teneur en sel et en sucre importante ? Comment encourager nos enfants à se rendre à pied à l’école quand le chemin pour y parvenir n’est ni sécurisé ni agréable ? Comment réduire notre charge mentale quand les exigences sociales de performance sont si hautes ?
Une campagne de sensibilisation, une conférence ou un conseil professionnel bien avisé ne suffiront probablement pas à créer des changements durables. Chloé Saas
De nombreux acteurs s’engagent dans des politiques publiques favorables à la santé, au niveau de la Confédération, des cantons, des communes, des associations. Leurs actions sont multisectorielles et parfois transversales : au niveau de l’aménagement du territoire, de la cohésion sociale, de l’éducation, du social, de l’intégration, de la mobilité etc. Les entreprises peuvent également développer des conditions de travail favorables à la santé de leurs employés. Ainsi, si les politiques publiques de promotion de la santé ont du pain sur la planche, seules, elles ne pourront pas aller bien loin. C’est un vaste réseau d’acteurs qui travaille (souvent dans l’ombre) à différents niveaux ; par exemple, en garantissant des offres de soutien et de proximité, en régulant l’accès aux produits néfastes pour la santé, en soutenant les actions qui favorisent les rencontres et l’activité physique, ou encore en sensibilisant la population sur des thèmes liés à la santé.
Il n’y a donc pas de recette toute faite, notre santé, physique et psychique n’est pas un état figé dans le temps. Chaque nouvelle situation de vie peut à la fois nous déstabiliser et être l’opportunité de développer des ressources, parfois inattendues ! L’enjeu des politiques de promotion de la santé est de créer un cadre le plus favorable possible pour la santé, pour que le choix le plus sain, soit aussi le plus simple.
Texte Chloé Saas, Cheffe Relations publiques et membre de la Direction Promotion Santé Suisse
Bonjour Chloé, j’adhère totalement à ce que tu écris, mais tu omets toutefois les maladies chroniques. Quand à 12 ans j’ai commencé à faire des crises d’épilepsie, ma vie a basculé. J’ai eu beau me battre, faire du sport et manger équilibré n’y a rien changé. J’ai la fierté aujourd’hui d’être auto-entrepreneuse à 50% car j’ai dû accepté d’être à l’AI à 50% (ce qui est tout sauf simple) avec une rente de 800.- par mois (fixée dans le seul emploi où je n’étais pas qualifiée, mais que j’avais trouvé pour éviter le chômage), boucler les deux bouts s’avère tout sauf simple.
Amitiés, Nathalie