être femme, migrante et qualifiée sur le marché du travail suisse
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Éditoriaux Femmes

Être femme, migrante et qualifiée sur le marché du travail suisse

31.08.2023
par SMA
Sarah Gamblin, Association découvrir

Sarah Gamblin
Association découvrir

La stabilité politique et le dynamisme économique de la Suisse en font un pôle d’attraction important pour l’immigration. Les personnes issues du monde entier qui s’établissent officiellement sur le territoire helvétique sont de plus en plus nombreuses à avoir des diplômes universitaires et une solide expérience professionnelle. Parmi ces personnes migrantes qualifiées, près de la moitié sont des femmes.

Originaires de Colombie, de Syrie, de République démocratique du Congo ou d’ailleurs, elles sont ingénieures, médecins, data analystes… mais, malgré leur haut niveau d’études et leurs compétences professionnelles, les femmes migrantes qualifiées en situation régulière peinent particulièrement à s’insérer sur le marché du travail, affichant le plus faible taux d’emploi comparé aux Suisses, aux Suissesses et aux hommes de nationalité étrangère. Au même titre que les Suissesses, elles sont également bien plus touchées par le sous-emploi que leurs homologues masculins (72,7% vs 27,3% selon l’OFS).

Ces difficultés à accéder au marché de l’emploi et l’inadéquation entre leur niveau de formation et les professions qu’elles exercent en Suisse sont dues à divers facteurs tels que la non-reconnaissance de leurs diplômes, de leur expérience professionnelle et de leurs compétences, le manque de réseau, leur âge, une maîtrise de la langue régionale jugées insuffisante et la perte de confiance en soi qui découle d’un processus d’intégration et d’insertion professionnelle difficile et démoralisant. Mais ces candidates font également face à des préjugés liés à leurs origines, à leur appartenance religieuse et à leur sexe ; un cumul d’éléments qui les stigmatise et tend à invisibiliser leur valeur et leur potentiel professionnel.

Il est essentiel de dépasser les idées reçues afin de permettre une insertion professionnelle égalitaire et libre de discrimination.

Ces multiples obstacles les rendent plus susceptibles d’occuper des emplois sous-qualifiés et de travailler dans des secteurs à bas salaires, où elles sont confrontées à des conditions de travail précaires. Elles se trouvent ainsi entraînées dans un processus de déqualification professionnelle et de précarisation ; une spirale dont elles ont du mal à sortir et qui a un coût économique et sociétal important puisqu’il affecte fortement leur santé psychique et physique, leur autonomie financière et leur intégration.
La Suisse, comme beaucoup de pays d’Europe, fait pourtant face à une importante pénurie de personnel dans de nombreux secteurs d’activité et les femmes migrantes qualifiées constituent un véritable vivier de compétences dont le potentiel n’est pas entièrement exploité. L’économie suisse aurait tout à gagner à mieux tirer parti de la diversité des profils en commençant par l’emploi de ces talents féminins issus de la migration.

Éviter le gaspillage de compétences et potentialiser les talents des migrantes qualifiées

Pour pallier ce gaspillage de compétences, il est essentiel de dépasser les idées reçues afin de permettre une insertion professionnelle égalitaire et libre de discrimination. Les employeurs ont, en effet, tout à gagner à identifier et dépasser les stéréotypes, à valoriser la diversité culturelle et de genre pour les convertir en levier de performance.
C’est dans cette optique que des structures telles que l’association découvrir mènent un travail d’information et de sensibilisation auprès des acteurs économiques, tout en aidant les femmes migrantes qualifiées à dépasser chacun des obstacles qui les empêchent d’accéder à un emploi en adéquation avec leur domaine et leur niveau de qualification.
Favoriser la rencontre entre les employeurs, les employés et ces candidates trop peu visibles et valorisées sur le marché de l’emploi facilite la reconnaissance de leur potentiel et pourrait amener à des critères de sélection plus flexibles et adaptés aux besoins actuels d’un monde du travail en pleine transformation.

Texte Sarah Gamblin, Association découvrir

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