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Interview Jeunesse

« Avec le recul, je vois tout le chemin que j’ai parcouru »

27.09.2023
par Léa Stocky

Déterminée, joyeuse et ambitieuse, telle est la manière dont se décrit Mylène Roy. C’est notamment grâce à son ambition que la jeune Suisse de 21 ans a fini deuxième au concours des SwissSkills 2022 dans la catégorie carrosserie/peinture. Passionnée de moto et de sport, elle a su, tout au long de son parcours, dépasser ses peurs et repousser ses limites. Elle nous en parle dans cette interview.

Mylène Roy

Mylène, comment est née ton envie de te diriger dans la carrosserie ?

Pendant ma dernière année d’école, je voulais travailler en garderie. Ne pouvant bénéficier d’une place d’apprentissage après mon année de stage dans ce secteur, j’ai dû me diriger vers autre chose. À cette période, je faisais partie de l’association Porte-Bonheur pour les enfants orphelins car j’ai perdu mon papa il y a neuf ans. J’y ai rencontré son fondateur André Marty, qui est également designer sur casse. J’ai effectué un stage chez lui et j’ai eu un véritable déclic. J’ai donc trouvé une super carrosserie dans laquelle j’ai été formée pendant mes quatre ans d’apprentissage.

Peux-tu nous parler de ton parcours pour y arriver ?

Mes quatre années d’apprentissage n’ont pas du tout été faciles. Tout d’abord, être propulsée en tant qu’adolescente dans le monde des adultes est assez compliqué. On se retrouve face à des adultes qu’il faut comprendre, avec des horaires fixes et de longues journées.

Ensuite, les cours sont plus difficiles et j’ai dû beaucoup travailler. Pendant les deux premières années, j’ai eu du mal à trouver ma place et à m’affirmer.

Et aujourd’hui, que fais-tu ?

J’ai fini mon CFC il y a un an et je travaille depuis chez Marty Design. J’ai arrêté le travail de carrosserie et je fais du décor sur des casques, des motos ou même encore des capots de voiture. Finalement, je travaille chez la personne qui m’a donné le déclic de la peinture.

As-tu rencontré des obstacles sur ton chemin et si oui, comment les as-tu surmontés ?

Mes principaux obstacles étaient ma peur de ne pas y arriver ou de me tromper et ma non-confiance en moi. La seule solution pour les vaincre a été le temps et le fait de m’acharner au travail. J’ai toujours fait en sorte de réussir.

Quels sont les qualités nécessaires à l’exercice de ton métier ?

Il faut être très soigneux, propre sur soi et à l’endroit où l’on travaille, patient et extrêmement minutieux. Le goût du travail manuel est également essentiel.

Quels sont les avantages à effectuer un apprentissage en Suisse ?

Je dirais sans hésiter la qualité de l’enseignement. Les cours théoriques sont très fournis, avec des professeurs qui ont la passion de transmettre. Avec un CFC suisse, on peut voyager partout car il est reconnu dans de nombreux pays. Il est aussi la garantie d’avoir de multiples débouchés et de pouvoir travailler directement après. Si l’on a la patience et la volonté de continuer, il est également possible de faire un brevet fédéral ou des maîtrises, ce qui est un grand plus !

Est-ce difficile d’être une femme dans un milieu encore majoritairement composé d’hommes ?

Oui, c’est difficile. Beaucoup de carrosseries sont encore très sexistes et véhiculent l’idée qu’une femme n’y a pas sa place. Heureusement, elles ne sont pas toutes comme cela et je n’ai pas eu cette expérience dans la carrosserie où j’ai effectué mon apprentissage. Il en est de même pour les enseignants. J’ai toujours eu des professeurs qui étaient là pour nous faire avancer avant tout.

Qu’est-ce qui t’as donné envie de participer à des concours ?

Quand j’ai commencé mon apprentissage, Aurélie Fawer participait aussi au concours en tant que peintre carrossière. Je l’admirais beaucoup. Trois ans après, mon professeur de cours pratiques m’a proposé de participer au concours vaudois. J’ai été très tentée, car il s’agissait pour moi d’un bon entraînement pour apprendre à gérer mon stress en vue des examens. Je ne me suis pas posée trop de questions. Ma famille m’a énormément soutenue.

En novembre 2021, j’ai fini première au concours vaudois. En avril 2022, j’ai participé au concours romand où j’ai fini deuxième, ce qui m’a permis de participer aux SwissSkills au mois de septembre 2022.

Comment gères-tu le stress qui peut y être lié ?

Mon premier concours s’est passé en deux partie. La première semaine, je suis passée le vendredi, quelques heures avant que l’on nous dise si l’on allait en finale ou pas. J’étais tellement stressée que j’ai fait n’importe quoi. Le soir, j’ai essayé de me ressaisir et j’ai beaucoup échangé avec mon professeur qui m’a donné de nombreux conseils. Cela m’a permis d’y aller à tête plus reposée le lendemain. Pour les autres concours, je me suis tellement préparée que j’ai beaucoup moins stressé.

Que représente pour toi ta médaille lors des Swiss Skills l’année dernière ?

Elle représente beaucoup de travail, de temps et d’énergie, mais aussi beaucoup de fierté. Avec le recul, je vois tout le chemin que j’ai parcouru : de la jeune fille toute timide à l’école, je suis devenue une jeune femme qui fonce tête baissée et qui n’a pas peur d’essayer. Je suis très reconnaissante envers toutes les personnes qui m’ont soutenue et supportée pendant cette période.

As-tu déjà de futurs projets ?

Mes projets ont changé car je devais assister et soutenir la gagnante des SwissSkills lors des WorldSkills à Lyon en 2024. Malheureusement, Carrosserie Suisse n’a pas le budget pour nous emmener. Cela a mis un coup à mon moral car il s’agit de l’expérience d’une vie. Toutefois, je me suis mis des nouveaux objectifs dans mon travail et ma vie personnelle. J’aimerais par exemple obtenir le brevet fédéral d’ici quelques années.

Quels conseils donnerais-tu à tout jeune qui souhaite débuter un apprentissage et se lancer dans ses projets ?

Il faut croire en soi et ne pas écouter les autres. Le passage de l’école à l’apprentissage est à la fois compliqué et crucial, c’est pourquoi il ne faut pas lâcher. Une fois le CFC en poche, on ne peut qu’être fier de ce que l’on a accompli.

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