C’est quand on perd la santé et que l’élan de la jeunesse est freiné que l’on réalise leur valeur inestimable. Si la santé est dans un état précaire aujourd’hui, les jeunes ont aussi l’impression que leur jeunesse s’envole alors qu’ils doivent déjà affronter beaucoup de difficultés.
Commençons par le travail. Comment construire un avenir professionnel quand les projets à moyen et long terme se réduisent? Souvent occupés à des emplois précaires, difficiles, moins bien payés, nous sommes en première ligne des difficultés rencontrées lorsque vient le chômage partiel, le licenciement ou la perte d’un petit job. Que dire de la formation? Qu’elle soit professionnelle, avec des apprentissages où il devient difficile d’apprendre son métier, ou davantage théorique, avec des cours désormais numériques, c’est une nouvelle manière d’apprendre qu’on nous impose. La vie privée s’est aussi incroyablement transformée: en protecteurs, on s’éloigne de nos proches vulnérables. Et ce n’est pas compensé par les amis, qui sont soit confinés, soit prudents, mais dans tous les cas, absents… La réalité est difficile lorsque l’horizon se réduit à notre pays, notre canton, voire notre chambre.
Bref, nous les jeunes, nous sommes vraiment parmi ceux qui rencontrent le plus grand nombre de difficultés. Il y’en a marre. Et ça fait du bien de le dire.
Les jeunes s’impliquent
Et si cette période se caractérise par des doutes, la jeunesse ne se résume pas à l’insouciance. Les jeunes sont-ils irresponsables face à cette crise? Les chiffres se succèdent pour le démontrer… mais moi, je ne pense pas.
Les exemples contre ces idées reçues sont nombreux. Je pense à ces milliers de jeunes qui ont, au travers de leur service militaire ou de protection civile, donné des semaines ou des mois de leur temps aux plus fragiles, démunis, anciens parfois. Je pense à tous ces jeunes qui, malgré l’ambiance pesante et des clients angoissés, ont continué à se lever le matin pour gagner leur vie et satisfaire celle des autres. Et aussi ceux qui s’abstiennent volontairement de serrer leurs grands-parents dans les bras, mais continuent de les saluer de loin, ou de les embrasser par écrans interposés (cela bien loin du conflit de générations que brandissent certains). Et enfin, je pense à tous ceux qui font de ces obstacles des défis pour aller de l’avant.
Bref, nous les jeunes, nous ne sommes pas parfaits, nous faisons sans doute des erreurs. Mais il est faux de nous accuser. Nous sommes des citoyennes et des citoyens responsables et impliqués dans la vie de la société.
Or, ces mêmes jeunes seront là, après la crise, pour reprendre une vie enthousiaste et engagée. Et peut-être que cette crise nous aura aussi apporté du bon: remettre le travail à sa place, avec une vision plus respectueuse de tous les emplois et se rappeler qu’avant le boulot, il y a la vie. Nous aurons fort à faire. Alors, prenez soin de nous, de vous et tenez bon!
Les jeunes n’accomplissent pas vraiment la révolution, mais sans leur patience, leur dévotion, il n’y aurait pas de création de monde nouveau. – Han Suyin
Texte Roman Helfer, Membre du Comité de Jeunesse Suisse
Laisser un commentaire