À 21 ans, Lola Jallon incarne la détermination de la jeune génération suisse. Originaire du Jura, elle a débuté son parcours en horlogerie par un apprentissage en production, poursuivant ses cours à Porrentruy. Désireuse de se spécialiser en restauration et complications horlogères, elle a complété sa formation avec un apprentissage d’horlogère rhabilleuse chez Ulysse Nardin, au Locle. Aujourd’hui, installée à La Chaux-de-Fonds, elle entame sa deuxième année d’études supérieures au CPNE (Centre de formation professionnelle neuchâtelois), bientôt prête à obtenir son diplôme et à exercer en tant que technicienne horlogère spécialisée en restauration et complications.
Lola Jallon, peux-tu nous en dire plus sur ta formation actuelle ?
La première année est très axée sur la théorie. Il y a beaucoup de maths, de physique et de la résistance des matériaux. Il y a aussi de l’histoire de l’horlogerie. En deuxième année, on commence par trois mois de stage en entreprise ou en musée, d’août à novembre. Ensuite, c’est beaucoup de pratique pour se préparer aux examens qui auront lieu d’août à septembre 2025.
Qu’est-ce qui t’as conduit à poursuivre une carrière en horlogerie ?
J’ai un peu de mal moi-même à savoir pourquoi. C’est vrai que mes grands-parents étaient dans l’horlogerie, par conséquent, on en parlait souvent à la maison. Ma grand-mère travaillait dans le domaine. Mes deux grands-pères étaient mécanicien/outilleur. Cela m’a vraiment donné envie d’en savoir plus. J’ai donc fait sept stages, tous dans l’horlogerie. Cela m’a permis de choisir l’entreprise.
Quelles sont les compétences dont il faut disposer selon toi ?
Il faut être très précise, avoir une acuité visuelle développée, et disposer d’un esprit autocritique.
Il y a-t-il des aspects du métier que tu trouves stimulants ou difficiles ?
Ce que je trouve stimulant, c’est de me voir confier une vieille pendule, un peu sale, pas très jolie, qui a des pièces cassées et de me dire que je vais la réparer et la refaire fonctionner. Même si c’est très énervant quand on n’y arrive pas, il y a quand même un résultat final qui est gratifiant. J’ai aussi pu réparer des montres pour des personnes de ma famille ou des amis, je trouve cela incroyable.
Quels sont tes objectifs professionnels à court terme après avoir terminé tes études ?
Ce que j’aimerais vraiment faire, c’est me diriger dans la formation pour les jeunes. C’est-à-dire, enseigner autant les branches pratiques que théoriques dans une école technique ou bien trouver une place dans la restauration de montres dans un musée, ou encore travailler dans une entreprise de grande renommée, cela me plairait beaucoup.
Est-ce que tu te vois travailler pour une grande maison horlogère ou bien préfères-tu l’idée de créer tes propres montres ?
J’ai toujours eu l’idée d’ouvrir mon entreprise mais pour l’instant ce n’est qu’un rêve parce qu’il faut énormément de moyens pour se lancer. Les outillages horlogers coûtent très chers. Si je veux tout faire moi-même dans un atelier, il me faudrait beaucoup de machines. Je pense qu’il faut d’abord que j’acquière de l’expérience.
Comment vois-tu l’avenir de l’horlogerie dans un monde de plus en plus digitalisé ?
Selon moi il y aura toujours besoin des horlogers parce qu’il y a certaines étapes dans la fabrication d’une montre qui ne peuvent pas être automatisées. Je pense que cela restera quand même un métier assez demandé.
Quels conseils donnerais-tu aux jeunes qui hésitent encore sur leur choix d’études ?
Je dirais qu’il faut qu’ils suivent leurs envies car, pour moi, l’horlogerie, c’est un métier-passion. Il faut être passionné par ce qu’on fait et toujours vouloir en apprendre plus. Le métier est très polyvalent, il inclut de la micromécanique, d’autres cours inter-entreprises, du réglage, du pivotage. Il faut le ressentir, c’est dans l’instinct.
Y a-t-il une montre ou une pièce horlogère qui t’as particulièrement marquée ? Pourquoi ?
La montre de chez Vacheron Constantin m’a vraiment impressionnée car elle possède le plus de complications, 63 pour être exact. C’est incroyable de voir un objet aussi complexe, avec plus de 50 mouvements. Même en tant que professionnelle, je ne saurais peut-être pas comment la faire fonctionner au départ.
Quel est ton mantra ?
Il y a une phrase d’Oscar Wilde qui me tient beaucoup à cœur : « La sagesse c’est d’avoir des rêves suffisamment grands pour ne pas les perdre de vue lorsqu’on les poursuit ». Lorsque j’ai fait mon premier apprentissage de production, mon rêve était de faire la formation que je poursuis actuellement mais il y avait encore tellement d’obstacles avant d’y arriver. Cependant, à force d’y penser et de me projeter dans cette formation, j’ai réussi. Aujourd’hui, quand je regarde un peu en arrière, il n’y a rien qui me prédestinait à passer de la production au travail sur des pièces très anciennes. J’en suis très heureuse.
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