De plus en plus de personnes de plus de 45 ans perdent leur emploi – pour diverses raisons, mais surtout parce qu’elles sont « trop chères » sur le marché. Toutefois, au bout de cette chaîne de création de valeur, leur non-réintégration est une perte pour le marché du travail national ainsi que pour les prestataires de services publics et les communes qui doivent consacrer plus d’un tiers de leur budget aux affaires sociales.
Parmi les 50+ qui sont en fin de droit, nombreux sont ceux qui disposent d’une bonne formation, mais qui souffrent souvent du fait que leurs compétences professionnelles ne sont plus utilisées et ne retrouvent pas un travail.
La participation à notre société est souvent définie par le travail. Les personnes en fin de droit ne sont soutenues financièrement par aucune instance et sont souvent laissées seules face à leur situation avec un risque grandissant de dépendance à l’aide sociale.
Dans ce cadre, on ne fait plus de distinction par rapport au passé professionnel des demandeurs : tous sont dévalorisés et ont droit à un montant de base forfaitaire d’à peine 1 000 CHF, plus le loyer du logement et la caisse maladie. Cette évolution coûte à notre société des milliards de francs et détruit inévitablement le savoir-faire professionnel et des décennies d’expérience.
Situation initiale – La fin de droit est le début de la pauvreté des personnes âgées
Pendant le délai-cadre, les 40-50+ ne sont certes pas encore surreprésentés dans l’assurance-chômage, mais ils manquent d’un suivi continu, de compétences professionnelles en matière de conseil adaptées à leur âge, d’offres de formation continue et, surtout, d’offres d’emploi. Ainsi, le risque de chômage de longue durée augmente. Lorsque toutes les indemnités journalières ont été perçues (entre 400 et 640 selon l’âge), les 40-50+ sont souvent contraints de se retrouver en fin de droits.
Pendant la phase de fin de droits, ils ne sont pas accompagnés, doivent vivre de leur fortune privée pour avoir « droit à l’aide sociale » ou doivent se rendre directement dans le filet de sécurité le plus bas de l’aide sociale après la fin des indemnités journalières. Une voie extrêmement indigne pour des personnes qui, pendant des décennies, ont donné le meilleur d’elles-mêmes sur le marché du travail.
C’est ainsi que le risque de dérive vers la pauvreté, d’être exclu de la société et de ne plus pouvoir stopper la dégringolade sociale augmente.
Lorsque toutes les indemnités journalières ont été perçues (…), les 40-50+ sont souvent contraints de se retrouver en fin de droits.
Une fois à l’aide sociale, il est extrêmement difficile de s’en sortir par ses propres moyens. Il manque un accompagnement individuel et un modèle de revenu intermédiaire. Par ailleurs, celui qui trouve un revenu complémentaire est encore pénalisé, car il doit souvent se faire déduire le revenu complémentaire de l’assurance de base. Dans ces conditions, il n’est pas très motivant d’exercer un travail à bas seuil. Souvent, les 40-50+ ne manquent pas de motivation, mais tout simplement d’offres de la part de l’économie.
En 2020, 60 000 personnes de 50 ans et plus étaient à l’aide sociale et plus ou moins 15 000 arrivent en fin de droits chaque année – c’est trop. Seuls 14 % des 55+ retrouvent un travail après être arrivés en fin de droits (souvent à des conditions moins favorables).
Au final, c’est la collectivité qui doit payer cette politique erronée, notamment les communes qui doivent souvent consacrer plus d’un tiers de leur budget aux affaires sociales. C’est une des raisons pour lesquelles le coût de la gestion du chômage s’élève à plusieurs milliards par an.
Convention d’objectifs – les problèmes sont des opportunités pour retrouver du travail
Les mesures mises en place ne peuvent pas résoudre les problèmes des 40-50+. De plus, ni la mise en œuvre de la préférence indigène – fait de donner la priorité aux demandeurs d’emploi dans les secteurs où le chômage est le plus élevé – ni la rente transitoire ne sont des instruments appropriés.
Il faut une réintégration des 40-50+ durant le délai-cadre, afin d’éviter le passage à l’aide sociale. Les chômeurs veulent une structure journalière, un revenu propre et une valorisation de leurs compétences professionnelles. Par ailleurs, tous les participants au processus doivent être impliqués dans les solutions possibles et tous doivent pouvoir en tirer une plus-value.
Seuls 14 % des 55+ retrouvent une place sur le marché du travail après être arrivés en fin de droits.
Un contrat de réintégration, autrement dit un contrat de travail d’un an soutenu paritairement par les entreprises et les institutions publiques, pourrait constituer une telle solution. L’entreprise obtient alors un travailleur qualifié à 100 % et à 50 % des coûts pour une durée déterminée. Le demandeur d’emploi a la possibilité de faire ses preuves pendant un an et de mettre en œuvre ses compétences professionnelles.
Quant aux institutions publiques, elles peuvent économiser des fonds pour le social. Possiblement, il s’agit là d’une véritable situation « win-win-win » au bout d’un an : l’entreprise offre en effet à son travailleur qualifié une solution de réintégration, le demandeur d’emploi peut au pire demander un nouveau délai-cadre, les communes peuvent « biffer le demandeur d’emploi de la liste des salaires » et utiliser les fonds communaux de manière plus judicieuse. Une telle solution nécessite néanmoins la conviction des deux parties et sa mise en œuvre peut être longue.
Pourtant, la pauvreté des 40-50+ et l’exclusion de la société ne peuvent être évitées que si l’on parvient à réintégrer les demandeurs d’emploi dans un processus de travail. Et pour cela, il faut que l’économie s’engage davantage.
Aujourd’hui, la pauvreté des personnes âgées n’est pas envisageable en Suisse, un des pays les plus riches du monde. Elle met en danger à moyen terme la chose la plus importante dans notre pays – la paix sociale. Il faut permettre aux 40-50+ de retrouver une vie digne et indépendante financièrement grâce au travail, sans aides sociales.
Texte Pierre Bayerdörfer, président de Workfair 50+
➡️ Workfair 50+
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