La Garde suisse : devenir protecteur du Pape
Le Caporal Eliah Cinotti a rejoint la Garde Suisse Pontificale en 2019. Aujourd’hui Responsable des Médias et Porte-Parole de la Garde depuis 2023, il nous parle de son métier passionnant et atypique.
Eliah Cinotti, pour vous, que représente la Garde suisse pontificale ?
Il s’agit d’une institution unique en son genre qui allie modernité et tradition. Nous sommes les garants de la sécurité du Saint-Père, le Pape. Cela est non seulement un honneur pour nous, mais aussi une mission que nous devons accomplir chaque jour avec détermination et professionnalisme.
Pourquoi avez-vous décidé de devenir Garde suisse ?
C’était un rêve d’enfance. En 2008, je me trouvais à Rome pour Noël avec ma famille, et le 25 décembre, nous étions sur la Place Saint-Pierre pour assister à la cérémonie Urbi et Orbi. J’ai vu une formation de gardes en uniforme, et j’ai été si impressionné que j’ai décidé d’en faire mon rêve. Onze ans plus tard, ce rêve est devenu réalité.
Comment se passe la formation et quelles sont les conditions nécessaires pour devenir Garde suisse ?
Pour devenir garde, il faut être de nationalité suisse, célibataire administrativement, de confession catholique, avoir effectué son école de recrue dans l’Armée suisse, avoir achevé une formation professionnelle ou être titulaire de la maturité gymnasiale, être en possession du permis de conduire catégorie B, être âgé de 19 à 30 ans au moment de la candidature et avoir une réputation ainsi qu’une santé irréprochable.
Après avoir déposé son dossier de candidature auprès du Centre de Recrutement de la Garde, les candidats sont examinés puis convoqués pour un entretien avec le Commandant, qui validera la candidature. S’ensuit une formation de base de deux mois dans l’une des trois écoles de recrues. Le premier mois se passe au Vatican, où les recrues apprennent les bases du service, les règlements, l’italien et la marche à suivre pour les engagements protocolaires. Ensuite, le deuxième mois, les recrues se rendent au Tessin pour se former auprès de la Police Cantonale Tessinoise, acquérant ainsi les compétences sécuritaires requises pour leur service au Vatican.
Quelle est la durée moyenne de service ?
Le service minimum est de 26 mois. Ceux qui souhaitent rester plus longtemps et en faire leur carrière peuvent servir jusqu’à 25 ans.
En quoi consiste votre quotidien ?
Il n’y a pas de routine, et c’est ce qui rend l’expérience unique en son genre. Les gardes doivent assurer un service complexe et intense, qui requiert une disponibilité élevée. Une semaine classique d’un garde se compose de six jours de service et de trois jours de réserve, au cours desquels il peut être amené à couvrir des services extraordinaires en fonction du calendrier du Pape.
Quels sont les principaux devoirs d’un Garde aujourd’hui ?
Nous avons cinq missions principales : la protection du Saint-Père et de sa résidence, l’accompagnement du Saint-Père lors de ses voyages apostoliques, la surveillance des entrées officielles de l’État du Vatican, le maintien de l’ordre et la prestation d’un service digne lors des cérémonies et événements officiels, et enfin la protection du Collège des Cardinaux pendant la vacance du Siège Apostolique.
Comment conciliez-vous vie professionnelle et vie privée ?
Il est vrai que notre vie est rythmée par de nombreuses règles et une organisation stricte, mais nous avons également l’occasion de profiter de nos moments libres pour découvrir la vie romaine et explorer le pays. Pour ceux qui choisissent de rester à la Garde, il est possible de se marier après cinq ans de service et ainsi de fonder une famille.
Avez-vous déjà eu des interactions avec le pape et, si oui, pouvez-vous nous en parler ?
En tant que sous-officier de la Garde, j’ai l’opportunité de côtoyer le Pape de manière plus rapprochée. Nos interactions se déroulent toujours dans un cadre strictement professionnel, empreint d’un respect mutuel profond. Cependant, le Pape a le don de glisser une petite phrase ou un mot encourageant qui peut illuminer votre journée et vous redonner de l’énergie. Ces moments de simplicité et de bienveillance témoignent de sa profonde humanité et apportent un véritable réconfort à ceux qui ont l’honneur de le servir.
Quel est le moment le plus mémorable que vous avez vécu en tant que Garde ?
Mon assermentation en 2020 a eu lieu en pleine pandémie de Covid-19. Malgré les restrictions, ce moment a pris une dimension particulièrement solennelle et a représenté une occasion magnifique de remercier nos parents. C’est un souvenir précieux qui symbolise à la fois le sacrifice et la gratitude dans un contexte difficile.
Avez-vous des projets après votre service au Vatican ?
Pour l’instant, je me concentre sur les prochaines échéances, notamment l’Année Sainte 2025. Parallèlement, je suis en train de terminer une formation pour obtenir la maturité fédérale. Une fois cette étape achevée, je ferai un bilan approfondi et réfléchirai aux prochaines étapes de ma vie.
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