« L’érosion de la nature est l’érosion de notre économie »
La finance responsable se distingue de la finance traditionnelle en prenant en compte les facteurs sociétaux et environnementaux qui impactent la performance des produits financiers. Marie-Laure Schaufelberger, en charge de la durabilité chez Pictet et présidente de Sustainable Finance Geneva, explique pourquoi cette finance durable est aujourd’hui indispensable.
Marie-Laure Schaufelberger, pourquoi les acteurs de la finance durable devraient-ils collaborer avec les entreprises afin de renforcer la stratégie RSE (responsabilité sociale et environnementale) de ces dernières ?
On se rend compte aujourd’hui que si la stratégie financière des entreprises n’intègre pas des facteurs environnementaux et sociétaux, le capital n’est pas déployé de façon efficiente sur le long terme. Le risque est que, si l’on ne réfléchit pas aujourd’hui aux changements qui pourront survenir dans dix ans, des milliards soient dépensés dans des infrastructures qui ne sont pas adaptées aux besoins et à la réalité à venir.
Est-ce que les mesures prises par ces entreprises leur permettent d’améliorer leur bilan financier ?
Une meilleure anticipation des risques, ainsi qu’une adaptation adéquate aux changements environnementaux et sociétaux, permet souvent d’améliorer le bilan financier sur le long terme. Une telle approche permet aux entreprises d’être moins touchées par des controverses majeures et de conserver leur valeur sur le long terme.
Ce qui s’applique aux entreprises s’applique également aux États. Il est important pour ceux-ci de renforcer leur résilience face aux évènements climatiques extrêmes, d’améliorer leur indépendance énergétique, ainsi que de travailler à la paix sociale. Ces transformations prennent généralement des décennies mais peuvent aussi être rapides comme avec le Vietnam, qui est passé de 196ème à huitième mondial en termes de capacité solaire grâce à une politique gouvernementale forte.
Concrètement, quelles mesures peuvent être mises en place ?
Aucune entreprise n’aura la même trajectoire, et donc ne devra prendre les mêmes mesures. Il faut surtout se demander quels sont les facteurs matériels liés à son activité. Cette approche permet d’identifier les risques à court, moyen et long terme, tels que, par exemple, les nouvelles taxes environnementales ou la raréfaction d’une ressource nécessaire.
Compte tenu des chiffres plutôt alarmants sur la cadence du changement climatique ou la perte de la biodiversité, avez-vous encore l’espoir que la situation puisse s’améliorer ?
Il est important de comprendre que tous ces efforts doivent être poursuivis afin de sauver l’espèce humaine et de garantir un cadre de vie agréable pour tous. En effet, notre planète sera toujours là et la capacité d’adaptation de la faune et la flore n’est plus à prouver.
Quant aux systèmes économiques, je suis persuadée qu’il est possible de les adapter afin de dissocier l’amélioration de la qualité de vie de l’utilisation intensive des ressources naturelles. Il s’agit ici d’une opportunité pour l’économie de se transformer.
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