Les reines dans l’Histoire: entre brutalité et soif de pouvoir
Parce qu’ils sont beaucoup plus connus et plus nombreux, l’Histoire a tendance à retenir les rois qui ont marqué les époques par leurs scandales et leur violence. Mais l’Histoire compte aussi de nombreuses reines qui ont su user des plus terribles stratégies pour se hisser aux premières marches du pouvoir. Focus sur quelques-unes d’entre elles.
Au sein de l’Empire romain, en France, en Chine ou bien encore en Angleterre, de nombreuses femmes sont passées à la postérité comme des personnes redoutables et terrifiantes. Ce qui les anime toutes: la soif de pouvoir.
Messaline, critiquée pour sa luxure
Valeria Messalina est la troisième épouse de l’empereur Claude, qui gouverna Rome de 41 à 54 après J.-C. La vie et le comportement de l’impératrice sont rapportés par des historiens et auteurs romains tels que Tacite, Suétone et Juvénal qui en dressent un portrait plutôt négatif. Juvénal ira même jusqu’à la surnommer la «putain impériale». Ces auteurs décrivent une femme aux mœurs légères, qui va jusqu’à se prostituer et posséder de nombreux amants. Il est raconté qu’une fois que son mari s’endormait, elle partait passer la nuit dans des bordels. Elle est décrite comme nymphomane, jalouse, impulsive et avide de pouvoir, et n’hésite pas à faire tuer les personnes qui ne lui plaisent pas ou qu’elle considère comme des rivales. En 48, alors que Claude est absent de Rome, Messaline décide de se remarier sans l’avertir avec le consul Caius Silius. Ce mariage causera sa perte puisqu’elle sera accusée de comploter pour renverser l’empereur et des affranchis proches de ce dernier décideront donc de la tuer.
Tous ces détails sur sa vie sont évidemment à nuancer. Raconter de tels faits sur la vie d’une femme peut servir d’autres desseins que de simplement vouloir garder traces de l’Histoire romaine. Par exemple, il peut s’agir d’une volonté des auteurs de discréditer l’empereur Claude, accusé d’avoir laissé sa femme dans la débauche. Les différents textes sur Messaline dressent aussi une certaine image de la femme présente dans l’inconscient collectif mais qui n’est pas forcément vraie: celui d’une femme au désir sexuel exacerbé et incontrôlé qui se prête aux actes les plus luxurieux et immoraux.
Frédégonde, prête à tout pour être reine
Frédégonde avait un but: accéder au pouvoir à tout prix et le garder. Cela signifie ne pas hésiter à ordonner la mort de ses opposants ou de son entourage. L’histoire se passe en France au VIème siècle après J.-C. Le pays est alors divisé en plusieurs royaumes dont la Neustrie qui a pour roi Chilpéric Ier, et l’Austrasie, qui a pour roi Sigebert. Tous deux sont frères.
Chilpéric est marié avec la reine Audovère. Cependant, la maîtresse de Chilpéric, Frédégonde, convoite la couronne. Elle use donc de stratagèmes et fait répudier Audovère. Seulement, tout ne se passe pas comme prévu pour Frédégonde et Chilpéric se remarie avec Galswinthe. Celle-ci est la sœur de Brunehaut, la femme de Sigebert. Ce remariage ne plaît pas du tout à Frédégonde, qui fait étrangler la nouvelle femme de son amant afin de se marier avec le roi de Neustrie. Brunehaut, apprenant ce qu’il est arrivé à sa sœur, ne demande qu’à se venger et une haine commence à grandir entre les deux femmes.
L’épopée sanglante de Frédégonde continue au fil des ans. Suite à un conflit entre les deux frères, elle fait assassiner Sigebert. Elle fait aussi tuer le fils de Chilpéric et Audovère, Mérovée, qui s’est marié avec Brunehaut, ainsi que l’évêque de Rouen. Elle assassine aussi son propre mari Chilpéric en 584 et met son fils Clotaire II sur le trône. Ce dernier finira par torturer et tuer Brunehaut en 613.
Wu Zetian, de jeune fille de province à impératrice
Wu Zhao naît en 624 en Chine. Alors qu’elle a entre 12 et 14 ans, elle devient une des concubines de l’empereur Taizong. Lorsque celui-ci meurt, elle est envoyée dans un monastère où elle est censée finir sa vie. Cependant, elle rencontre quelques années plus tard l’empereur Gaozong, fils de son précédent époux, et devient sa concubine. Grande stratège et avide de pouvoir, elle réussit à devenir sa première épouse et n’hésite pas pour cela à éliminer ses rivales en les écartant de l’empereur voire même en les faisant exécuter.
Une fois aux marges du pouvoir, elle commence à se faire sa place en politique en proposant de nombreuses mesures sociales, notamment en faveur des femmes. Par exemple, elle prévoit la mise en place de funérailles publiques pour les femmes sans-abris, l’obligation de prendre soin des veuves ou encore la création de centres de soins pour femmes. Elle instaure aussi la création d’un concours pour devenir fonctionnaire, permettant ainsi à des personnes issues d’une catégorie sociale moins aisée de s’élever socialement. Fervente bouddhiste, elle est très pieuse.
Au fil des ans, elle prend de plus en plus de pouvoir. À la mort de l’empereur, elle écarte ses fils et se proclame impératrice, titre qu’elle gardera de 690 à 705. Finalement, ses opposants la forcent à abdiquer et son fils devient empereur.
L’impératrice Wu Zetian est considérée comme un personnage à double facette. Mystérieuse, de nombreuses violences et de multiples décès entourent sa vie. Elle est notamment accusée d’avoir tué toute personne qui lui déplaise ou encore plusieurs de ses propres enfants pour arriver à ses fins. D’un autre côté, elle fascine aujourd’hui de nombreux Chinois et Chinoises, qui voient en elle une femme déterminée qui s’est donnée les moyens de réussir. Elle reste à ce jour la seule femme à avoir régné en tant qu’impératrice en Chine.
Marie Tudor, la cruauté au nom du catholicisme
Marie Tudor fait souvent partie des classements des reines les plus cruelles. La raison? Celle que l’on surnomme Marie la Sanglante aurait ordonné l’exécution de plus de 280 protestants.
Marie Ière naît en 1516. Son père n’est autre que Henri VIII, connu pour avoir épousé six femmes et en avoir fait exécuter deux. On le connaît aussi pour s’être séparé de la tutelle de Rome et du pape après que celui-ci ait refusé son divorce avec Catherine d’Aragon, la mère de Marie. Il fonde ensuite l’anglicanisme. Sa fille Marie, fervente catholique qui n’hésite pas à revendiquer sa foi, est très affectée par la séparation de ses parents. À la mort de son demi-frère Édouard VI en 1553, elle devient à 37 ans la première femme à régner sur l’Angleterre. Elle restaure le catholicisme et se marie avec le roi espagnol Philippe II, ce qui lui attire de nombreuses critiques. En 1558, Marie Tudor meurt mal-aimée après un règne de cinq ans et sa sœur Elisabeth Ière devient reine.
Marie Ière d’Angleterre a donné son surnom à un cocktail, le Bloody Mary, qui est composé de vodka et de jus de tomate. Cependant, si elle est entrée dans l’Histoire en tant que reine sanglante, elle n’était pas forcément plus cruelle que de nombreux rois de l’époque, y compris son père. Ce qui marque surtout les esprits, c’est que c’est une femme qui ait commis ces violences.
Texte Léa Stocky
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