La pandémie COVID-19 a profondément bouleversé nos sociétés et a replacé les questions de santé aux cœur des préoccupations de nos concitoyens. Comme pour d’autres épidémies récentes (H1N1, Ebola, Marbourg, chikungunya, Zika…), la COVID-19 est une zoonose, c’est-à-dire une maladie causée par un virus transmis de l’animal à l’homme. Cette transmission est facilitée par la destruction des écosystèmes liée à la déforestation, l’urbanisation, l’élevage industriel et la mondialisation de l’économie.
Dans le même temps, la pollution s’accroît et a de plus en plus d’impact sur notre santé. Le changement climatique qui favorise sécheresses, inondations, incendies et vagues de chaleur, est à l’origine de catastrophes humanitaires.
Nos modes de vies sédentaires associés à une alimentation industrielle entrainent leur lot de pathologies au premier plan desquelles se trouvent l’obésité, le diabète et les maladies cardiovasculaires.
Nous prenons progressivement conscience que notre santé est intrinsèquement liée au monde qui nous entoure et qu’une remise en question de notre rapport à l’environnement est nécessaire.
Nous prenons progressivement conscience que notre santé est intrinsèquement liée au monde qui nous entoure.
Les améliorations en matière de santé publique et d’accès aux soins ont été manifestes au cours des dernières décennies. Elles sont dues principalement à l’amélioration de l’hygiène, aux développements économiques et technologiques. Cependant le progrès économique et technologique ne suffira plus à améliorer la santé humaine si nous ne changeons pas aussi notre rapport à l’environnement.
Ces nouveaux enjeux interrogent à la fois nos concepts et nos pratiques. En complément du secteur des soins, il est nécessaire d’approcher la santé comme un bien commun, bien auquel chaque citoyen doit avoir droit. Trois éléments devraient désormais être pris en considération.
Développer la prévention et les cadres de vie favorables à la santé
La santé ne saurait se réduire à l’accès aux soins même si celui-ci reste un élément essentiel. Nous devrons accorder plus d’attention à la prévention et développer des cadres de vie plus sains. Le développement des espaces végétalisés en ville nous protégera contre les vagues de chaleur, les transports en commun limiteront les pollutions. L’utilisation du vélo, les déplacements à pied, les pratiques sportives lutteront contre les effets néfastes de la sédentarité. L’accès à une alimentation plus saine, moins carné et moins sucré aura un impact sur l’obésité et le diabète.
Développer des réseaux pluridisciplinaires
Les médecins ne pourront assurer seul les défis du système de santé. Les autres professions de santé (infirmière, pharmacien, aide soignant…) auront un rôle de plus en plus important à jouer et de nouvelles missions leur sont progressivement confiées. Les pharmaciens peuvent désormais vacciner, les infirmières assurer certaines prescriptions dans le cadre de pratiques avancées.
Les professions de santé ne seront plus les seuls à pouvoir jouer un rôle pour améliorer la santé des populations. Les épidémiologistes faciliteront l’analyse des problèmes, les sociologues permettront de mieux comprendre les comportements, les métiers de la communication aideront à faire passer les messages d’éducation sanitaire… Un dialogue pluridisciplinaire impliquant de nombreux acteurs non médicaux sera nécessaire.
Encourager la participation des citoyens
Il est illusoire de vouloir imposer des mesures de santé de façon autoritaire à des populations. Il est symptomatique de voir que ce ne sont pas les pays qui imposent le plus de vaccinations obligatoires qui ont les meilleurs taux de vaccination. Il est indispensable de créer une confiance entre les populations et les autorités publiques.
Les associations de patients devront être plus impliquées dans l’élaboration des politiques de santé. Elles seront associées dans la gestion des hôpitaux. Les associations locales auront un rôle à jouer dans l’éducation sanitaire ou dans la mobilisation lors des crises sanitaires comme les épidémies. Les réseaux sociaux permettront de mobiliser directement les citoyens comme le montrent les succès des sites Grippenet ou Stop-tabac par exemple.
Genève, capitale internationale de la santé, a un rôle à jouer
Genève est reconnue comme la capitale internationale de la santé. Cette appellation est d’abord due à la présence du siège de l’organisation mondiale de la santé (OMS). Cette organisation des Nations Unies élabore tout au long de l’année de nombreuses recommandations qui aident les ministères de la santé à développer des politiques cohérentes basées sur les évidences scientifiques.
Depuis la naissance de l’OMS le 7 avril 1948, de nombreuses organisations de santé ont installé à Genève leur siège ou un bureau de liaison pour pouvoir participer à ces discussions. Aujourd’hui plus de 320 organisations installées à Genève participent ainsi à cette dynamique.
Le secteur privé de la santé est aussi fortement implanté dans la région romande. Regroupé sous le label de la Swiss Health Valley (vallée suisse de la santé) ce sont plus de 1000 entreprises qui participent à l’innovation en santé.
Il va sans dire que ce pôle santé de la Genève Internationale peut jouer un rôle important pour faire évoluer les systèmes de santé.
Créé en 2006 par l’université de Genève et les hôpitaux Universitaire de Genève, le Geneva Health Forum participe à cette dynamique pour une santé plus inclusive. Organisé en partenariat avec 24 organisations de santé internationale, le Geneva Health permet aux acteurs de la communauté scientifique et de la société civile de faire entendre leur voix au moment de l’Assemblée Mondiale de la Santé. Tout au long de l’année des séminaires, tables rondes, conférences permettent d’approfondir ce dialogue.
Les systèmes de santé se trouvent à la croisée des chemins. Malgré des investissements de plus en plus important, une part croissante de la population se trouve confrontée à des problèmes de santé. L’investissement dans la prévention, la prise en compte de cadre de vie plus sain, de meilleures collaborations pluridisciplinaires, la mobilisation des citoyens sont des éléments clef pour ces nouvelles politiques de santé. Le pôle santé de Genève à un rôle essentiel à jouer dans ces dynamiques.
Texte Éric Comte, Directeur du Geneva Health Forum
Laisser un commentaire