Soulager les maux quotidiens avec les plantes
Depuis des millénaires, les plantes ont été nos alliées en matière de santé, utilisées dans les grandes traditions médicales du monde entier, aux côtés des minéraux et des animaux. C’est seulement à partir de la seconde moitié du XXe siècle que l’humanité a commencé à privilégier les produits de synthèse. Cette évolution a marqué un tournant dans notre rapport aux remèdes naturels.
Jacques Fleurentin, pharmacien, ethnopharmacologue et érudit des plantes, incarne ce lien ancien entre l’homme et la phytothérapie. Formé à Nancy, il s’est spécialisé dans des domaines tels que la pharmacologie, l’immunologie et la toxicologie. Ses travaux ont abouti à la rédaction d’ouvrages tels que Du bon usage des plantes qui soignent et Du bon usage de l’aromathérapie, offrant ainsi une précieuse expertise sur l’utilisation thérapeutique des ressources naturelles.
Jacques Fleurentin, quel est votre parcours ?
J’ai intégré l’Université de Metz où j’ai fondé un laboratoire de recherche. Ma principale interrogation était de savoir si les remèdes traditionnels des guérisseurs étaient efficaces. La création de ce laboratoire de pharmacologie a permis d’apporter une réponse à cette question, en préparant des extraits de plantes selon les méthodes traditionnelles (tisanes, macérations, décoctions) pour les administrer ensuite à des animaux de laboratoire ou à des cultures cellulaires. Dans 75% des cas, nos résultats ont confirmé la validité des pratiques traditionnelles. Parallèlement à mes activités de recherche, j’ai fondé il y a 35 ans la Société Française d’Ethnopharmacologie, une organisation à but non lucratif dont l’objectif est de répertorier les connaissances des guérisseurs à travers le monde et de diffuser les avancées dans ce domaine.
Quels sont les avantages de l’utilisation des plantes ?
Il existe deux catégories de plantes. Premièrement, les plantes médicinales, qui englobent toutes celles utilisées dans les traditions thérapeutiques. En Europe, ces plantes sont réglementées de manière rigoureuse, comprenant des indications thérapeutiques encadrées afin d’assurer leur non-toxicité. Des démarches similaires ont été entreprises en Chine et en Inde. D’autre part, il y a les plantes alimentaires, qui sont principalement utilisées dans le cadre de la prévention nutritionnelle.
Certaines plantes médicinales ne sont-elles pas également alimentaires ?
Certainement, cependant, ce sont rarement les mêmes parties de la plante qui sont utilisées. Si on prend l’olivier par exemple, on obtient une huile réputée pour ses bienfaits pour la santé après extraction du fruit, tandis que les feuilles offrent un antihypertenseur et un agent hypocholestérolémiant. Ainsi, il est clair que différentes parties de la plante ont des utilisations distinctes : l’une est utilisée à des fins alimentaires, tandis que l’autre possède des propriétés médicinales dont l’efficacité est largement établie.
Quelles plantes utiliser pour lutter contre le stress ?
L’utilisation de plantes aux vertus anxiolytiques telles que Eschscholzia californica, communément appelée pavot de Californie, offre une solution efficace. De plus, des plantes indigènes comme la mélisse, largement répandue et reconnue pour ses propriétés sédatives et antispasmodiques, ainsi que des variétés exotiques comme la passiflore d’Amérique du Sud, offrent des alternatives préventives précieuses. En agissant de manière précoce, on peut éviter les complications découlant d’une gestion inadéquate du stress.
De quelle manière ou sous quelle forme consomme-t-on ces plantes ?
Dans le domaine de la phytothérapie, il est courant d’utiliser les plantes sous forme de tisanes. Pour ce faire, on verse de l’eau bouillante sur la plante afin de préparer une infusion. Cette méthode est adaptée aux parties tendres comme les feuilles ou les fleurs. En revanche, pour les parties plus dures telles que les racines ou les écorces, on opte plutôt pour une décoction : les plantes sont laissées à bouillir pendant environ 20 minutes, puis le liquide est filtré avant d’être consommé. Ces pratiques sont au cœur de l’herboristerie. Cependant, de nos jours, il est possible de trouver en pharmacie des extraits concentrés, présentés sous forme de gélules ou d’ampoules. Ces produits sont appréciés pour leur praticité et leur dosage précis.
Il est important de ne pas confondre la phytothérapie avec l’aromathérapie, qui consiste à utiliser les huiles essentielles. Dans ce dernier cas, les plantes sont distillées en laboratoire pour obtenir une huile essentielle très concentrée, parfois jusqu’à 1000 fois plus que la plante d’origine. Cela signifie qu’une consommation excessive d’huile essentielle peut avoir des conséquences graves, nécessitant une utilisation avec précaution, généralement limitée à quelques gouttes par jour au maximum.
Quel est l’intérêt de se soigner avec les plantes ?
L’avantage principal de l’usage des plantes réside dans la diminution des effets secondaires. Par exemple, pour ceux qui souffrent d’insomnie et utilisent des somnifères ou des anxiolytiques, il existe des risques de rebond lorsqu’on cesse leur prise. À long terme, après environ dix ans d’utilisation prolongée, des problèmes de mémoire peuvent apparaître. Cependant, cela ne signifie pas qu’il ne faut pas du tout recourir aux somnifères. Ils peuvent être nécessaires, mais leur utilisation doit être limitée à des périodes courtes, ne dépassant pas six semaines consécutives.
Par où commencer son aventure avec les plantes ?
La priorité absolue est de sélectionner des plantes alimentaires de haute qualité, avec une préférence pour le bio. En ce qui concerne le choix des plantes médicinales, il est important d’adopter une approche exploratoire. Une fois qu’un problème est identifié, qu’il s’agisse de troubles digestifs, de douleurs articulaires, de stress, voire d’infections, alors il est opportun de se référer à des ouvrages spécialisés pour trouver des solutions appropriées.
Quels conseils pour choisir des plantes de qualité et s’assurer de leur conservation ?
En général, la filière pharmaceutique, selon moi, est une garantie de qualité. Si on veut utiliser des plantes de son jardin, il faut faire attention à la manière dont on va les sécher. Un séchage inadéquat peut entraîner des altérations de certains composés en raison de la formation de moisissures.
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