La biostimulation, une révolution douce en médecine esthétique
La beauté, dans toutes ses nuances, trouve un dénominateur commun : une peau saine et éclatante. C’est sur cette base que le Dr Patricia Delarive, spécialiste FMH en dermatologie, a fondé Matignon à Lausanne en 2007. Depuis, son réseau s’est étendu avec 22 sites à travers la Suisse, principalement des cliniques, mais aussi des capsules en partenariat avec Manor, pour rendre les soins esthétiques plus accessibles. Avec une approche centrée sur la santé de la peau et la formation continue des praticiens, Matignon s’efforce d’allier technologie, expertise médicale et bien-être.

Dr Patricia Delarive
Dermatologue
Dr Delarive, quels sont, selon vous, les principes clés de Matignon en termes de prise en charge des patients et de qualité des soins ?
À Matignon, nous avons développé une méthode bien établie, fondée sur des bases scientifiques actuelles. Contrairement à d’autres cliniques qui se concentrent principalement sur les injections, nous prenons en compte l’ensemble des facteurs qui contribuent au vieillissement de la peau. Nous travaillons sur trois piliers : la biostimulation, qui agit en profondeur sur le collagène et l’élastine ; la photo-réjuvénation, qui, à l’aide de lasers, améliore la surface de la peau en traitant le grain, la couleur, les taches ou encore la couperose ; et enfin, les injections, mais toujours dans un souci d’harmonie. Traiter uniquement par injections sans s’occuper de la qualité de la peau peut aboutir à des résultats déséquilibrés. Notre approche vise à maintenir cet équilibre pour un vieillissement plus naturel tout en douceur.
Comment vous assurez-vous que la médecine esthétique reste éthique et axée sur le bien-être des patients ?
La formation est essentielle pour garantir une pratique éthique. C’est pour cela que nous avons fondé une école de médecine esthétique pour les médecins. Actuellement, cette spécialité n’est pas formellement reconnue, et de nombreux praticiens se forment de manière lacunaire. Il n’existe pas de programme de formation structuré qui combine une compréhension approfondie des technologies et une vision globale des besoins des patients. Nous devons, en tant que praticiens, non seulement traiter les patients, mais aussi les aider à accepter les changements liés au temps, avec une approche qui inclut l’intelligence émotionnelle. Vieillir fait partie de la vie et bien que les traitements ralentissent ce processus, il est important de le vivre avec sérénité.
La médecine esthétique influence-t-elle aussi la santé mentale des patients, au-delà du physique ?
Absolument. Nos outils incluent non seulement les machines, les seringues et les produits, mais portent aussi sur les mots que nous utilisons avec les patients. Nous faisons en sorte que nos paroles soient toujours positives et bienveillantes, car notre objectif ultime est d’aider les hommes et les femmes à améliorer leur confiance en eux.
Aujourd’hui, de plus en plus de jeunes se tournent vers la médecine esthétique. Y a-t-il un intérêt à commencer tôt selon vous ?
Je pense qu’il est essentiel de commencer tôt avec des mesures de prévention comme la protection solaire et une alimentation riche en antioxydants. Se protéger des facteurs qui accélèrent le vieillissement, comme le tabac et le soleil, est fondamental. Aujourd’hui, les jeunes sont plus conscients de l’importance de la prévention, ce qui est une bonne chose. Cependant, il est important de ne pas développer une obsession de ne pas vouloir vieillir. Prendre soin de soi par confiance, c’est très différent d’une anxiété permanente liée à l’apparition des rides.
Quels sont, selon vous, les traitements esthétiques les plus bénéfiques pour la santé des patients ?
Le plus important, c’est de se concentrer sur la qualité de la peau plutôt que sur les rides. Certaines personnes, même avec des rides, conservent une apparence vivante et équilibrée, tandis que d’autres, malgré une peau lisse, paraissent fatiguées ou sévères. En médecine esthétique, ce que nous faisons de mieux, si c’est bien fait, c’est de préserver l’équilibre global du visage. Il ne s’agit pas de paraître plus jeune, mais d’éviter les traits fatigués, tristes ou sévères. Se focaliser uniquement sur les rides peut conduire à des résultats non harmonieux, car on oublie de prendre en compte les volumes du visage.
Les traitements non-invasifs sont de plus en plus populaires. Quels sont les avantages par rapport à la chirurgie ?
La chirurgie esthétique ne traite pas la qualité de la peau. Lors d’un lifting, le chirurgien retire simplement un excédent de peau, mais la texture de celle-ci reste inchangée. Les traitements non-invasifs, comme la biostimulation, permettent d’améliorer la qualité de la peau, en stimulant la production de collagène et d’élastine, et de maintenir son élasticité sans avoir recours à des interventions plus lourdes. On peut envisager la chirurgie lorsque la qualité de la peau n’a pas été suffisamment travaillée plus tôt.
À quel moment faut-il commencer les procédures non-invasives pour un résultat optimal ?
En matière de prévention, il est possible de commencer assez tôt avec des traitements comme la biostimulation, qui réactive le collagène et l’élastine, notamment après 30 ans, lorsque leur production commence à ralentir. Si ce travail préventif est bien fait, il est possible de retarder, voire d’éviter un lifting plus tard. Aux États-Unis, par exemple, l’âge moyen du lifting est passé de 54 à 59 ans grâce à ces nouvelles technologies de biostimulation, qui sont plus performantes qu’il y a quelques décennies.
Qu’est-ce que la biostimulation exactement ?
La biostimulation regroupe plusieurs techniques qui visent à booster les fibroblastes pour activer la production de collagène et d’élastine. Parmi les techniques disponibles, on retrouve la radiofréquence, qui peut être utilisée une fois par an, les ultrasons micro-focalisés, le microneedling, ou encore le PRP (Plasma Riche en Plaquettes), qui utilise les facteurs de croissance contenus dans le sang du patient pour revitaliser la peau. Il existe aussi des produits cosmétiques contenant des biostimulants comme les peptides ou les phytohormones. C’est une approche préventive qui peut commencer dès 30 ans pour conserver une peau élastique et saine.
Quels sont les risques ou effets secondaires des traitements en médecine esthétique ?
Aujourd’hui, la médecine esthétique est beaucoup plus sécurisée qu’il y a 25 ans, grâce à l’utilisation de produits résorbables comme l’acide hyaluronique. Cependant, ce dernier peut aussi présenter des risques si l’anatomie du visage n’est pas bien maîtrisée, notamment en cas d’injection dans un vaisseau sanguin, ce qui peut entraîner des complications. C’est pour cela que la formation des praticiens est primordiale. D’autres risques concernent des résultats esthétiques non satisfaisants, mais ils sont généralement réversibles lorsque des produits résorbables sont utilisés. Avec les lasers, le risque principal concerne l’hyperpigmentation qui peut apparaitre avec un traitement sur-dosé ou une peau sur-réactive.
L’éducation des patients sur les soins esthétiques est-elle un aspect important de votre pratique ?
Oui, absolument. Nous rencontrons souvent des patients qui se focalisent uniquement sur les injections. Dans ces cas-là, nous leur conseillons d’alterner avec des traitements de biostimulation qui améliorent la qualité de la peau à long terme. Ces traitements peuvent sembler moins spectaculaires à court terme, mais ils sont essentiels pour une approche plus équilibrée.
Avez-vous observé des changements dans le profil des patients en médecine esthétique ces dernières années ?
Oui, la médecine esthétique s’est démocratisée. De plus en plus de jeunes, et aussi d’hommes, viennent consulter pour des traitements. Auparavant, notre domaine était principalement réservé à une clientèle privilégiée, mais aujourd’hui, beaucoup font en sorte d’intégrer ces soins dans leur budget.
Les standards de beauté en constante évolution influencent-ils trop la demande en médecine esthétique ? Comment y répondez-vous ?
Il est vrai que les réseaux sociaux amplifient les angoisses liées à l’apparence chez certains, mais la majorité de nos patients ont des attentes réalistes. Ils craignent souvent de ne pas obtenir un résultat naturel, ce qui nous incite à privilégier une approche subtile et harmonieuse.
Quelles innovations pourraient transformer la médecine esthétique dans les années à venir ?
À long terme, je pense que la compréhension des mécanismes fondamentaux du vieillissement va véritablement faire évoluer notre spécialité. Aujourd’hui, on sait que le vieillissement n’est pas simplement une usure naturelle, mais un processus programmé au niveau cellulaire. Cela ouvre des perspectives intéressantes pour la médecine, comme la reprogrammation ou la régénération par des cellules souches. La véritable révolution viendra du travail sur ces mécanismes cellulaires qui, un jour, pourraient permettre de bloquer le vieillissement, non seulement de la peau, mais aussi des autres tissus du corps.
Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un intéressé par les soins esthétiques, mais soucieux de sa santé et de son bien-être ?
Je recommanderais de privilégier la biostimulation qui agit comme un sport pour la peau et d’adopter une routine de prévention avec des produits adaptés. Éviter le tabac et se protéger du soleil sont également des mesures de base pour préserver la santé de la peau sur le long terme.
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