L’hiver est la période qui compte le plus de personnes malades. Parmi les fléaux les plus courants, on compte la grippe, qui continue à faire des victimes chaque année. Il est donc recommandé pour les personnes à risque de se faire vacciner, vaccin qui peut se faire administrer en pharmacie. Dans cette interview, Christophe Berger, Président de la Société Vaudoise de Pharmacie, nous éclaire sur les modalités de ce vaccin.
Christophe Berger, quelles sont les maladies les plus courantes en hiver ?
En hiver, le froid, l’humidité, et le fait de passer plus de temps à l’intérieur facilitent la transmission des virus et des infections. C’est pourquoi de nombreuses maladies sont beaucoup plus courantes en hiver. On compte en premier lieu la grippe, une infection virale respiratoire provoquant fièvre, maux de tête, douleurs musculaires, fatigue, et symptômes respiratoires. Le rhume est une autre infection virale des voies respiratoires supérieures, généralement moins grave que la grippe. Il cause un nez qui coule, des éternuements, une toux, et parfois une légère fièvre.
Souvent causée par des virus, la bronchite aiguë se caractérise quant à elle par une inflammation des bronches, entraînant une toux persistante, des expectorations, et parfois une gêne respiratoire. Autre maladie des poumons, la pneumonie est une infection qui peut être causée par des virus, des bactéries, ou des champignons. Elle est plus fréquente en hiver et peut être grave, surtout chez les personnes âgées et celles avec des systèmes immunitaires affaiblis.
On compte également la gastro-entérite, qui se transmet facilement dans les espaces clos, l’angine, la rhinopharyngite, l’otite, ou encore la sinusite. Le froid et les infections respiratoires peuvent également déclencher des crises d’asthme ou aggraver l’asthme chez les personnes qui en souffrent.
Pourquoi se faire vacciner contre la grippe ?
Le vaccin contre la grippe aide à réduire le risque de contracter la grippe saisonnière, mais aussi de réduire sa gravité. En effet, même si une personne vaccinée contracte la grippe, le vaccin peut atténuer les symptômes, rendant ainsi les complications moins probables. Parmi ces complications graves, on trouve notamment la pneumonie, l’aggravation de maladies chroniques, et dans certains cas, la mort.
Le vaccin aide également à protéger les personnes à risque, comme les personnes âgées, les enfants en bas âge, les femmes enceintes et les personnes atteintes de maladies chroniques. En se vaccinant, on réduit aussi la propagation du virus dans la communauté, ce qui aide à protéger ceux qui ne peuvent pas se faire vacciner ou pour qui le vaccin est moins efficace.
Enfin, la vaccination contribue à diminuer l’impact des épidémies saisonnières de grippe, ce qui allège la charge sur les systèmes de santé.
Qui est concerné par la vaccination ?
La vaccination contre la grippe est particulièrement recommandée pour certains groupes de personnes qui sont plus à risque de développer des complications graves en cas d’infection. Cela concerne les personnes âgées de plus de 65 ans qui sont particulièrement vulnérables aux complications de la grippe, comme la pneumonie, et sont donc fortement encouragées à se faire vacciner ou les personnes atteintes de maladies chroniques telles que le diabète, les maladies cardiaques, les maladies pulmonaires (comme l’asthme ou la BPCO), les maladies rénales, ou les troubles du système immunitaire.
Nous conseillons également le vaccin aux femmes enceintes, d’autant plus qu’il protège aussi le bébé après la naissance, et aux enfants à partir de six mois.
Sont également concernés par la vaccination les professionnels de la santé, ainsi que les personnes travaillant dans des établissements de soins ou s’occupant de personnes à risque, afin d’éviter la transmission du virus aux personnes vulnérables, les personnes vivant en collectivité comme les maisons de retraite, les personnes en contact avec des personnes à risque, ou encore les personnes qui voyagent dans des zones où la grippe est en circulation.
Enfin, même pour des personnes qui ne sont pas à risque, la vaccination contre la grippe peut toujours être bénéfique pour prévenir la maladie, réduire la transmission dans la communauté, et contribuer à la protection des personnes plus vulnérables autour de soi.
Comment cela se passe-t-il ?
En Suisse, se faire vacciner contre la grippe est un processus simple et accessible. On peut se faire vacciner chez son médecin de famille, dans des centres de vaccination, des cliniques d’entreprises dans certains cas mais surtout en pharmacie. Il suffit de prendre rendez-vous. Le vaccin est ensuite administré par une injection, généralement dans le bras. La procédure est simple et rapide.
Il est recommandé de se faire vacciner tous les ans. En effet, les souches sont différentes car le virus est très mutagène. Le vaccin ne protège donc les patients que pendant huit à neuf mois.
Quelle est la meilleure période pour se faire vacciner ?
La meilleure période pour se faire vacciner est à l’automne, généralement entre octobre et novembre, avant que la saison de la grippe ne commence. Les pharmaciens et pharmaciennes peuvent commencer à vacciner dès qu’ils reçoivent le vaccin. Si l’on peut se faire vacciner jusqu’en février, le plus tôt reste le mieux. Cela permet au corps de développer une immunité avant que le virus ne circule largement.
Combien coûte la vaccination ?
En Suisse, la vaccination contre la grippe est généralement prise en charge par l’assurance maladie obligatoire (LaMal) pour les personnes à risque (personnes âgées, femmes enceintes, personnes souffrant de maladies chroniques) si la franchise a déjà été atteinte. Pour les autres, il peut y avoir un coût modéré, selon la couverture d’assurance.
Qu’en est-il de la vaccination contre le Covid ?
La vaccination contre le Covid-19 est toujours recommandée pour les personnes à partir de 65 ans ou les personnes atteintes de maladies chroniques, car elles ont plus de risques de développer une forme grave de la maladie. Si le vaccin contre le Covid-19 était gratuit pendant quatre ans, il n’est aujourd’hui plus financé par la Confédération. L’assurance obligatoire des soins prend toutefois toujours en charge les coûts pour les personnes vulnérables ou les femmes enceintes si besoin. Pour les personnes qui ne rentrent pas dans les critères de remboursement, le coût du vaccin s’élève à 140 CHF. L’arrêt du financement du coût de la vaccination s’explique par le fait que l’épidémie est aujourd’hui contrôlée et la vaccination n’est donc plus recommandée pour le plus grand nombre. En effet, elle ne leur offrirait plus qu’une faible et courte protection.
Pourquoi privilégier les pharmacies avant les urgences ?
Les maladies hivernales sont en grande partie liées à des infections virales, qui n’entraînent donc pas de traitements particuliers ni de rendez-vous chez le médecin, sauf en cas de surinfections bactériennes qui nécessitent pour leur part des antibiotiques. Lors d’une infection virale, on cherche avant tout à calmer les symptômes, et les pharmaciens et pharmaciennes sont tout à fait habilités à fournir des conseils en ce sens. Si la personne n’est pas en danger, il n’y a pas d’urgence.
Avec un temps d’attente réduit et des vaccinations souvent sans rendez-vous, les pharmacies agissent en tant que véritable premier contact de proximité en ce qui concerne les questions liées à la santé. S’y rendre permet de désengorger les urgences, destinées avant tout aux situations médicales graves, et de de réduire la pression sur le système de santé.
Pourquoi le métier de pharmacien est-il un métier d’avenir ?
Les pharmaciens sont souvent les premiers professionnels de santé consultés par les patients. Avec la pression croissante sur les médecins généralistes, les pharmaciens jouent un rôle clé en fournissant des conseils de santé, en orientant les patients, et en offrant des soins de base. De plus en plus, les pharmacies offrent des services qui étaient autrefois limités aux cabinets médicaux, comme les vaccinations, les tests de dépistage rapide, la gestion des maladies chroniques, et le conseil en santé publique. Elles sont également de plus en plus impliquées dans le traitement de maladies chroniques telles que le diabète, l’hypertension, et l’asthme, en collaborant avec d’autres professionnels de santé pour assurer un suivi continu des patients. Enfin, la pandémie de Covid-19 a souligné l’importance des pharmaciens comme piliers de la santé publique, que ce soit pour la distribution de médicaments, la vaccination, ou la communication d’informations vitales à la population.
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