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Noël Hiver

Quand Noël était interdit

11.12.2020
par Lars Meier

Beaucoup d’entre nous ne peuvent pas s’imaginer un mois de décembre sans Noël – pas plus que l’idée que Noël puisse être interdit. Nous nous sommes entretenus avec Stanislav, qui a pourtant connu cela dans son enfance. 

En 1987, Moscou était encore la capitale de l’Union soviétique. C’est à date qu’est né Stanislav dans la ville russe. À cette époque, Noël n’était pas fêté. C’est ce que nous explique  le jeune homme de 33 ans: «Comme l’Union soviétique était un État athée, tout ce qui avait trait à la religion n’était pas toléré. Officiellement, les festivités religieuses n’étaient donc pas autorisées».

Une fête pour les aînés

L’interdiction de fêter Noël en URSS a duré de nombreuses années. Pour cette raison, la tradition et ses coutumes sont peu à peu tombées dans l’oubli. Ainsi, cette fête faisait principalement partie des souvenirs des personnes âgées: «Il s’agissait une fête ringarde de la vieille génération. Les jeunes de l’époque, ceux qui sont nés dans les années 1960 par exemple, ne pouvaient pas en faire grand-chose». Il s’agissait tout simplement d’une tradition dépassée qui n’avait pas de signification. «C’était en tout cas comme ça dans ma famille – je ne peux pas parler pour les autres, mais je suppose que c’était la même chose pour la plupart des gens». En effet, ce n’est que depuis 1991 que cette fête est officiellement considérée comme un jour férié en Russie.

Le Nouvel An au premier plan

Aujourd’hui encore, les traditions sont différentes. «On continue de fêter le Nouvel An de manière très intense», explique Stanislav. «Il y a aussi un sapin décoré et des cadeaux. Au fond, c’est un peu comme Noël, mais sans le contexte religieux». Mais il est vrai que cette fête est aujourd’hui davantage célébrée. Stanislav explique: «Beaucoup de gens ont entre-temps aussi retrouvé leur foi religieuse et fêtent donc Noël».

Le premier Noël

Avant même que Stanislav ne s’installe en Suisse avec sa famille, il connaissait déjà Noël. Un souvenir lui est particulièrement resté en mémoire: «Petit, j’ai appris ce dont il s’agissait lorsque ma mère, un jour, m’a offert un petit cadeau. Je ne comprenais pas pour quelles raisons j’avais reçu ce présent et elle m’a alors expliqué ce dont il s’agissait. Avec le recul, c’était aussi un jour spécial pour elle, car je pense aujourd’hui que c’était la première fois que ma mère célébrait une tradition de Noël».

Noël en Suisse

Fêter Noël en Suisse était aussi un événement particulier pour Stanislav. «Lorsque, enfant, je l’ai fêté pour la première fois en Suisse, j’étais très heureux, surtout  pour les cadeaux! Je me souviens à quel point j’étais confus au début à cause de la diversité des appartenances religieuses: catholique, protestante, musulmane etc». Cependant, la joie d’ouvrir les cadeaux a prévalu sur ses questionnements. «Je n’ai pas de suite remis en question les rituels en Suisse. Ce n’est que plus tard que j’ai pris conscience de la raison pour laquelle on célèbre certains rituels».

Noël aujourd’hui

Comment Stanislav vit-il aujourd’hui la fête de Noël en tant qu’adulte? «Pour moi, c’est une fête qui permet de se rassembler et de s’offrir des cadeaux – sans aucun lien avec un contexte religieux», explique-il. Pour Stanislav, il s’agit avant tout d’une fête de famille, qui se déroule sans raison particulière mais qui a lieu à une date donnée.

 

Noël en Union soviétique

À partir de la Révolution d’octobre 1917, cinq ans avant la fondation de l’Union soviétique, il est interdit de célébrer Noël en Russie. En Union soviétique, cette interdiction est entrée en vigueur en 1925 – la religion étant catégoriquement rejetée par le communisme. À la place des fêtes religieuses, l’Union soviétique a introduit des jours fériés fortement marqués par l’idéologie communiste, comme le 9 mai (jour de la victoire sur l’Allemagne nazie). En revanche, la fête du Nouvel An a pris toujours plus d’importance. Les citoyens soviétiques célébraient cette fête de la même manière que les Européens laïques fêtent Noël: la famille se réunit et on déballe les cadeaux apportés par le «Père Gel», l’équivalent du Père Noël sous le «sapin du Nouvel An». La fête du Nouvel An jouissait – et jouit toujours – d’une grande popularité, car elle ne répond pas à l’idéologie communiste et n’a toujours pas de bases religieuses.

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