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Interview Femmes

Leadership au féminin : pour des femmes dans l’industrie du bâtiment

27.09.2024
par Océane Ilunga

Anne-Sophie Dunand-Blaesi représente la troisième génération à la tête d’Aprotec, une entreprise spécialisée dans l’éclairage de secours et de sécurité, qu’elle dirige avec passion et innovation depuis près de dix ans. Forte d’un Bachelor en sciences économiques de l’UNIGE et d’un Master en Luxury Management de l’Université Bocconi à Milan puis d’une expérience dans l’industrie du luxe avec des postes dans le groupe Richemont et chez Clarins, elle apporte un regard frais et une approche durable dans son rôle de directrice générale. Aujourd’hui, elle supervise une équipe de plus de 80 personnes, dont huit femmes, tout en continuant à assumer un rôle actif au conseil d’administration. Son parcours est un exemple inspirant de leadership et de résilience dans un milieu essentiellement masculin.

Anne-Sophie Dunand-Blaesi<br>Directrice générale d’Aprotec

Anne-Sophie Dunand-Blaesi
Directrice générale d’Aprotec

Anne-Sophie Dunand-Blaesi, comment s’est passée la transition entre le monde de la mode et celui de l’industrie ?

À 28 ans, je suis passée de l’organisation de formations et d’événements chez Clarins à la direction d’Aprotec. Le changement a été immense. J’ai dû faire un grand travail d’adaptation, mais ma pratique des compétitions sportives m’a beaucoup aidée. Le sport m’a appris à persévérer, à rester positive, à apprendre des échecs et me relever ainsi qu’à aller de l’avant. Cette philosophie de vie, je la dois aussi à mes parents, eux-mêmes chefs d’entreprise, et je leur en suis profondément reconnaissante.

Quels ont été les plus grands défis auxquels vous avez dû faire face en tant que CEO, notamment en prenant la suite de votre père à la tête de l’entreprise ?

Lorsque j’ai pris la direction de l’entreprise, j’ai changé certaines pratiques établies de longue date. Les deux exemples qui me viennent spontanément en tête sont la digitalisation des documents papier et la mise en place d’une plus grande flexibilité des horaires de travail. Il m’a fallu accepter que ces projets, que je percevais comme des évolutions nécessaires et positives, ne soient pas reçus ainsi par toutes et tous et que je rencontre des résistances au changement. Je ne peux pas dire qu’être la fille d’un patron charismatique a toujours été facile.

Comment parvenez-vous à jongler entre votre rôle de CEO et votre vie de famille ?

Intéressante question, il est vrai que la pression sociale pour trouver cet équilibre précaire est forte sur les femmes. Les foyers où les deux parents travaillent demandent effectivement une organisation importante et les défis sont nombreux pour tout le monde !

En tant que CEO, femme et mère de deux enfants, je dois constamment évaluer mon emploi du temps pour nourrir l’ensemble de ces facettes de ma vie. Je crois qu’il faut d’une part établir des priorités et d’autre part accepter que l’équilibre se trouve sur un temps long. Ma vie est donc rythmée par des moments : certaines périodes sont effectivement plus dédiées à ma vie de cheffe d’entreprise, mais quand l’industrie ralentit, j’ai l’occasion de passer plus de temps avec mon mari, mes enfants et ma famille. Comme mon agenda a la fâcheuse tendance à se remplir à grande vitesse, je planifie des moments qui sont devenus des traditions familiales pour conserver des liens solides et sains. Mes enfants qui sont encore très jeunes savent qu’ils auront quotidiennement un petit moment avec moi et dans l’année ils se réjouissent de certaines destinations que nous répétons. Ces rituels sont précieux pour construire et consolider nos relations.

Quels conseils donneriez-vous aux femmes qui aspirent à des postes de direction ?

Faire fi des limites, travailler avec passion et s’ouvrir aux autres ! Les pires barrières sont celles que nous nous mettons nous-mêmes. Il existe évidemment des obstacles qu’il est extrêmement difficile de contourner. Mais nous pouvons déjà aller très loin si nous cessons de délimiter les possibles. Quand nous sommes passionnées, nous investissons toute notre énergie dans ce que nous faisons et je suis persuadée que le respect naît du travail bien fait. La passion donne du sens, elle guide, elle anime. Aller sincèrement vers les autres est une grande richesse à plus d’un égard. Seules, il est difficile d’accomplir de grandes choses ; bien entourées, bien conseillées et bien accompagnées, nous allons plus loin, plus longtemps et plus juste. Les différentes personnes qui croisent notre chemin nous permettent sans cesse d’enrichir notre vision du monde si nous acceptons de les voir avec humilité.

Quelles innovations ou projets vous enthousiasment le plus pour l’avenir d’Aprotec ?

L’innovation qui me passionne le plus concerne le management. Aujourd’hui, avec les changements post-COVID, il est essentiel de repenser la manière dont nous travaillons. Au-delà d’un cahier des charges strictes, je pense qu’il faut aussi offrir des projets ponctuels, interdisciplinaires et interdépartementaux pour apporter du sens, construire des liens entre les équipes et animer la passion du travail !

Dans cette lignée un thème qui m’enthousiasme particulièrement est la formation continue du personnel. Dans le cadre de l’AproAcadémie, que nous avons lancée en 2021, nous soutenons d’une part l’employabilité avec des formations utiles à la fonction professionnelle, mais accompagnons aussi des projets personnels un peu fous pour permettre aux collaboratrices et collaborateurs de grandir en tant que personne.

Dans une optique liée à notre métier, une innovation sur laquelle nous travaillons d’arrachepied est la conception d’un produit écoresponsable. SwissMade depuis 2012, Aprotec travaille dès ses débuts de façon locale. Aujourd’hui offrir à nos clients l’option de la durabilité me semble être une étape fondamentale.

Quel type de littérature vous passionne particulièrement ?

Les récits d’expéditions en haute montagne retiennent toute mon attention, notamment ceux qui prennent place en Himalaya, car je pratique l’alpinisme. Un de mes rêves est de gravir un grand sommet. En octobre, je ferai un premier pas dans cette direction avec un trekking au Népal.

Avez-vous une activité ou un rituel qui vous permet de bien démarrer votre journée ?

Le sport, sans aucun doute ! Ce n’est pas toujours une routine matinale, car les matins sont souvent chargés. Si ce n’est pas du sport, je prends dix minutes pour respirer ou faire quelques étirements. Il est essentiel de m’accorder un moment à moi. En parallèle, j’aime beaucoup sortir, presque un soir sur deux, pour des raisons professionnelles, mais aussi pour me déconnecter un peu.

Si vous pouviez partager un dîner avec une personnalité, vivante ou décédée, qui choisiriez-vous ?

Anna Wintour : quelle femme inspirante ! J’admire énormément la stabilité, la constance et la longévité de tant d’aspects de sa carrière. La discipline et la rigueur avec laquelle elle semble organiser sa vie professionnelle et personnelle méritent un échange informel autour d’un dîner, non ? Tout comme elle, nous avons choisi chez Aprotec de soutenir les jeunes pousses : elle le fait dans le domaine de la mode, nous dans celui du sport, de l’art et des start-ups via Genilem.

Quelle est la chose la plus gratifiante dans votre travail ?

Je trouve une grande satisfaction dans les réussites collectives : voir notre équipe atteindre des objectifs ensemble et entendre une collaboratrice ou un collaborateur exprimer sa joie et son épanouissement au travail. Ces succès humains au sein de l’entreprise sont ce qui me rend le plus heureuse. Plus personnellement, la plus grande gratification vient de la confiance que mon père m’accorde. C’est un véritable moteur pour réussir.

Comment envisagez-vous votre avenir personnel et professionnel dans les cinq prochaines années ?

Je ne manque pas d’idées et de projets pour l’avenir d’Aprotec ; il y a encore beaucoup de choses à accomplir pour l’entreprise ainsi que pour ses collaboratrices et collaborateurs. En parallèle, j’apprécie énormément mon rôle actuel en tant que Présidente des Grands Prix de l’économie à la CCIG (Chambre de commerce, d’industrie et des services de Genève), où je peux soutenir et valoriser les PME et leurs équipes. J’aime aussi participer à des conférences et échanger avec mes pairs, ce qui enrichit mon parcours professionnel.

Quel est votre mantra ?

On n’a qu’une vie ! Il faut en profiter pleinement et faire ce qu’on aime avec passion, car le temps passe très vite. La santé est essentielle, car sans elle, rien n’est possible avec la même saveur. Pour préserver mon bien-être, je prends chaque jour cinq minutes juste pour moi.

Interview Océane Ilunga

Anne-Sophie Dunand-Blaesi en quelques mots

Couleur préférée ?
Bleu

Signe astrologique ?
Balance

Film favori ? Le Château de ma mère

Été ou hiver ?
Hiver

Destination de voyage de rêve ?
Vers le ciel : les 4000 m d’Europe

Livre que vous pourriez relire sans cesse ?
Vivre, d’Elisabeth Revol

Plat favori ?
Paccheri all’arrabbiata

Accompagné de ?
Vin rouge, un Vieux Télégraphe

Chanson que je chante au karaoké ?
Harley DavidSON de Brigitte Bardot.
Vive la Coupole !

La première chose sur votre bucket-list ?
Trekking / Sommets en Himalaya !

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