Il y a près de 3500 ans, sur les rives du Nil aux abords de la ville de Thèbes, régna pendant plus de 20 ans l’une des premières pharaonnes de l’Histoire. Son nom, Hatchepsout, est longtemps resté dans l’oubli, avant de resurgir dans les mémoires au XIXème siècle.
Dans la Vallée des Rois, aux portes du monde des morts, trône l’un des plus beaux édifices de l’Antiquité égyptienne. Le temple de la reine Hatchepsout, composé de terrasses, de colonnes et de sanctuaires à la gloire des dieux domine par son imposante architecture le site de Deir-el-Bahari. Ce temple est à l’image de la reine qui l’a fait construire. Ambitieuse et grandiose, celle qui n’aurait dû se contenter que d’un rôle secondaire est aujourd’hui considérée comme l’une des plus grandes pharaonnes égyptiennes.
Hatchepsout est la fille de Thoutmôsis Ier et de sa grande épouse royale Ahmès. Comme c’est alors la coutume, elle épouse son demi-frère, le futur Thoutmôsis II. Lorsque celui-ci décède, son beau-fils Thoutmôsis III, qui n’est encore qu’un enfant, devient roi et Hatchepsout prend le rôle de régente. Cependant, elle veut plus et réussit à se faire proclamer reine-pharaonne. Une co-royauté se met donc en place, même si c’est Hatchepsout qui a réellement les rênes du pouvoir, ce qui est absolument révolutionnaire. Tellement révolutionnaire qu’elle est peu à peu uniquement représentée sous les traits d’un homme avec tous les attributs que possèdent les pharaons, de la coiffe à la fausse barbe. Pour renforcer encore plus sa légitimité, elle construit son mythe autour de la théogamie en se réclamant comme la fille d’Amon, un des dieux les plus importants de la mythologie égyptienne.
L’Égypte d’Hatchepsout est une Égypte prospère et pacifique. La pharaonne développe les échanges commerciaux, notamment avec le Pays de Pount, une région probablement située en actuelle Somalie, ce qui lui permet d’importer des biens exotiques luxueux. Pour son pays, elle voit en effet les choses en grand. Elle est à l’initiative de la construction de dizaines de monuments majestueux, dont des temples et des obélisques. Une grande partie du complexe religieux de Karnak a d’ailleurs été érigée selon ses projets.
Sa mort a longtemps intrigué et continue d’être sujet à controverses. Après son décès, nombreuses de ses cartouches et de ses statues ont été détruites. Chez les Égyptiens cependant, perpétuer le nom, c’est prolonger la vie du pharaon au-delà de la mort. Quelqu’un a donc voulu effacer Hatchepsout des mémoires. De la même manière, beaucoup de ses temples ont été revendiqués par d’autres pharaons. En 2007, Zahi Hawass, alors secrétaire général du Conseil suprême des Antiquités égyptiennes, déclare avoir identifié sa momie grâce à une molaire manquante retrouvée dans une boîte frappée de son nom. Si pour certains il s’agit d’une preuve suffisante de son identification, d’autres scientifiques émettent toutefois des réserves. Hatchepsout n’a pas encore dévoilé tous ses mystères.
Texte Léa Stocky
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