écriture corinna bille : une réflexion indépendante au travers de l’écriture
© DR/éditions Zoé
Portrait Femmes

Corinna Bille : une réflexion indépendante au travers de l’écriture

30.09.2022
par Andrea Tarantini

Auteure de poèmes, récits, romans et nouvelles, Corinna Bille est considérée comme une écrivaine originale qui a grandement contribué au rayonnement de la littérature romande du XXème siècle. Voici le portrait d’une femme sensible, d’une écrivaine talentueuse et d’une avant-gardiste de l’autonomie et de l’indépendance des femmes.

Née en 1912 à Lausanne du peintre Edmond Bille et de Catherine Tapparel, Stéphanie Bille grandit à Sierre et partage autant les valeurs artistiques de son père protestant que celles catholiques et traditionnelles de sa mère. À 15 ans, elle comprend que l’écriture peut être un moyen d’exprimer ses sentiments et de se libérer de leurs poids: « On ne peut pas supporter le bonheur, on ne peut pas supporter la souffrance. L’écriture c’est un remède à l’insupportable. Mon travail me donne l’équilibre, la cohérence nécessaire que, ni le social, ni le religieux, ni l’aventure, ni même la maternité ne peuvent m’assurer », déclarera-t-elle lors d’une interview.

Lorsqu’elle commence à écrire, elle prend le nom de Corinna, en hommage au village natal de sa mère, Corin. La jeune femme finit ses études et déménage à Paris où elle vivra pendant trois ans et où elle épousera Vital Geymond, un acteur de cinéma. Elle le quitte toutefois deux ans plus tard et retourne en Valais où elle tombe malade. Elle lance alors véritablement sa carrière d’écrivaine avec la parution d’un recueil de poèmes, Printemps, et le travail sur Théoda, son premier roman. Le Valais n’est pas seulement le lieu qui inspire le plus Corinna, mais aussi celui où elle rencontre son grand amour, l’écrivain valaisan Maurice Chappaz qu’elle épouse en 1947 et avec qui elle a trois enfants. Alors que son travail d’épouse et de mère lui prend une grande partie de son temps et qu’elle doit faire face au chagrin à la suite de la mort de son père, elle rédige différentes nouvelles et reçoit le prix Schiller ainsi que le prix Goncourt pour sa nouvelle La Demoiselle sauvage.

« Femme très sensible, belle par l’allure qu’elle avait et son port royal et spontané qui laissait immédiatement deviner l’absolu qu’elle portait en elle. Elle joignait à l’amour les choses les plus quotidiennes, les plus immédiates: elle était portée par un émerveillement qui a duré toute sa vie », c’est ainsi que Maurice Chappaz décrit Corinna Bille dans un film. La spontanéité de l’écrivaine transparaît dans ses écrits qui dégagent «une solide volonté de réflexion indépendante et de personnalisation sécurisante de la femme», comme le rapporte un article du périodique «Femmes suisses et le Mouvement féministe: organe officiel des informations de l’Alliance Sociétés Féminines Suisses» datant de 1980. Inspirante, Corinna Bille promouvait par ses écrits la libération des émotions et notamment celles des femmes. C’est ce qu’elle explique dans une interview accordée au journaliste Boris Acquadro en 1961. À la question « Une femme poète est-elle différente des autres femmes ? », Corinna Bille répond en effet «Peut-être qu’on paraît parfois un peu étranges. Mais je pense que bien des femmes sont poètes sans le savoir. Tout simplement, elles ne s’expriment pas».

Texte Andrea Tarantini 

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