Markus Manfredi, alias Swissaround, est un photographe et créateur de contenu basé en Suisse qui a su conquérir le cœur de plus de 2 millions de followers sur Instagram. À 33 ans, Markus a bâti sa renommée grâce à ses photos et vidéos qui révèlent la beauté époustouflante de son pays natal.
Markus Manfredi, qu’est-ce qui vous a motivé à devenir photographe indépendant en Suisse ?
Comme j’ai toujours eu une passion pour la photographie et que de plus en plus de gens me suivaient sur les réseaux sociaux, j’ai partagé mes photos sur mon compte Instagram Swissaround pendant 10 ans, puis j’ai décidé de faire de mon hobby mon métier en créant mon entreprise : Swissaround – Markus Manfredi Photography.
Votre passion pour la photographie a commencé dès votre enfance lorsque vous étiez chez les scouts. Comment ces expériences précoces ont-elles façonné votre amour pour la photographie ?
Chez les scouts, je me promenais dans la nature et je prenais déjà des photos avec mes vieux téléphones. Personne ne comprenait pourquoi je faisais ça, car à cette époque, Instagram n’existait pas encore. De plus, en 2002, la qualité des appareils photo n’était pas au top. Ce que j’aime, c’est le fait de pouvoir prendre des photos même dans des situations difficiles et pour moi, le meilleur moment pour prendre des photos est lorsqu’il y a des nuages dans le ciel. Aussi, mes parents m’ont toujours soutenu dans ce que je voulais faire et m’ont motivé à continuer même si ça ne marchait pas comme prévu. Ma mère était aussi passionnée par la photographie, c’est donc peut-être un caractère héréditaire (rires).
Comment qualifieriez-vous votre style ?
J’ai d’abord commencé par faire de la macro, c’est-à-dire des photos très rapprochées où l’on voit tous les détails que l’on ne verrait pas à l’œil nu. Mais je me suis vite rendu compte que cela nécessitait beaucoup d’équipement supplémentaire et, après une excursion, j’ai constaté que j’avais plus de photos de paysages que de photos macro sur mon appareil. J’ai donc décidé de me concentrer sur les photos de paysages et de nature.
En 2013, vous avez reçu votre premier appareil photo reflex Canon. Quelle a été l’influence de ce moment important sur votre approche de la photographie ?
Les quelques centaines de premières photos ont été comme un auto-apprentissage. Je voulais photographier en mode manuel mais au début, il est encore difficile de comprendre ce que signifient l’ouverture, le temps d’exposition, l’ISO et tous les réglages. Les photos étaient également différentes dans les mises au point, comme par exemple un premier plan ou un arrière-plan flou.
Pourriez-vous nous en dire plus sur votre décision, en 2018, de quitter votre travail pour vous établir comme photographe indépendant ?
Le métier que j’ai appris est celui de ferblantier CFC, l’artiste du toit, comme on dit. Ce métier exige une grande capacité de représentation spatiale et, bien sûr, une bonne condition physique. En tant que ferblantier, on est très souvent dehors et dans la nature. Après, je me suis réorienté vers diverses formations mais je n’ai jamais été vraiment heureux dans tout ce que j’ai fait. Voilà pourquoi j’ai décidé de me consacrer à ma passion.
Avez-vous constaté une évolution majeure au niveau des réseaux sociaux ?
En 2018, les réseaux sociaux étaient principalement axés sur les images, et TikTok ainsi que les vidéos n’étaient pas encore présents. Lors de mes voyages en Suisse, j’ai commencé à documenter mon périple à travers des stories, partageant ensuite les photos dans mon fil d’actualité les jours suivants. Initialement, il s’agissait simplement d’un passe-temps, avec peu de likes et de commentaires, mais cela ne m’a pas découragé. J’ai également suivi de nombreux profils, certains que je continue à suivre aujourd’hui car ils ont été parmi mes premiers supporters sur les réseaux. Avec le temps, j’ai atteint les 1000 followers, suscitant de plus en plus de likes et de commentaires. Un jour, j’ai essayé la nouvelle fonction de série d’images. Vingt-quatre heures plus tard, une de mes images avait récolté plus de 10 000 likes et plus de 400 commentaires grâce à la diversité des lieux en Suisse que j’avais partagés. Cependant, cette dynamique a changé avec l’arrivée des réels et des vidéos. J’ai constaté que les images n’atteignaient plus autant d’audience, alors j’ai combiné la vidéo avec la photographie.
Ma passion pour la photographie ne s’éteindra jamais. Markus Manfredi
Comment avez-vous adapté votre stratégie de contenu au fil des ans ?
Comme je constatais une prédominance de vidéos sur Instagram, j’ai décidé de changer de stratégie en explorant les réels, les vidéos et TikTok. J’ai compris qu’il était essentiel d’évoluer pour ne pas rester à la traîne, sachant que la publication d’images seule ne serait plus suffisante. Pour m’adapter, j’ai investi dans du matériel vidéo de qualité, y compris la mise à niveau de mon téléphone portable car la qualité de sa caméra n’était plus optimale. J’ai également acquis un gimbal à trois axes pour assurer des enregistrements de haute qualité. Aujourd’hui, je diversifie mes publications en partageant également des photos de temps en temps, bénéficiant de la visibilité auprès de ma vaste communauté. Comme toujours, ma motivation reste la passion, et je me préoccupe peu des statistiques d’engagement, privilégiant le plaisir de créer. Ma passion pour la photographie ne s’éteindra jamais.
Quel rôle ont joué les réseaux sociaux pour rendre les destinations suisses plus populaires auprès des voyageurs, et comment conciliez-vous l’aspect publicitaire avec le côté artistique de la photographie ?
Aujourd’hui, les réseaux sociaux jouent un rôle très important pour les voyageurs. Il suffit par exemple d’entrer le lieu que l’on veut visiter sur Instagram pour y voir une multitude d’endroits magnifiques. On peut même consulter les témoignages des autres, s’ils indiquent des lieux dans leurs stories. La plupart du temps, lorsque je publie des photos, je publie une série dans laquelle j’identifie différents lieux en Suisse.
Aussi belle que soit la Suisse, c’est un petit pays. Couvrez-vous uniquement la Suisse ou prévoyez-vous également des voyages dans d’autres pays ?
Je me suis spécialisé dans les voyages en Suisse. Les gens me suivent notamment parce qu’ils aiment la Suisse et qu’ils la visiteront peut-être un jour. Cependant, pour 2024, j’ai décidé d’aller dans les pays voisins à savoir l’Autriche et l’Italie, plus précisément au Tyrol du Sud dans les Dolomites, ce qui sera certainement bien accueilli, car beaucoup de gens ne se contentent pas que de voyager en Suisse.
En 2020, vous avez suivi une formation en gestion des réseaux sociaux. Comment ces compétences supplémentaires ont-elles complété votre travail de photographe ?
Ma formation de Social media manager, suivie d’un emploi temporaire dans ce domaine, m’a beaucoup apporté. J’ai appris à faire de la publicité sur les réseaux sociaux, à travailler avec des influenceurs et à collaborer avec des marques. J’étais comme un photographe d’entreprise, toujours à la recherche d’histoires à raconter. Dans mon travail indépendant, c’est presque exactement la même chose.
Quelles stratégies avez-vous utilisées pour atteindre une telle audience et quels conseils donneriez-vous à ceux qui souhaitent développer leur présence sur les réseaux sociaux ?
Beaucoup pensent qu’une fois les photos ou vidéos publiées, le succès arrive tout seul. Ce n’est pas vrai. Si l’on n’est en ligne que lorsque l’on poste, personne ne le verra jamais. Il faut d’abord créer une communauté en commentant des vidéos d’autres utilisateurs qui n’ont pas encore beaucoup de vues. Ces publications pourraient en effet devenir virales et ce commentaire se retrouverait donc parmi les premiers. Avant, il y avait la méthode « follow for follow », c’est-à-dire s’abonner à une personne qui s’abonne en retour, pour finalement, après un certain temps, se désabonner à nouveau… Je ne recommande cette méthode à personne car le profil pourrait être considéré comme du spam et être bloqué. Mon conseil est de vivre simplement sa passion et de ne pas abandonner trop vite si cela ne marche pas bien au début.
Comment voyez-vous l’avenir de la photographie sur les réseaux ?
Malheureusement, je pense que les vidéos vont supplanter les images. Toutefois, une compréhension photographique combinée à des vidéos a de très nombreux avantages. Dans les deux cas, on regarde toujours où se lève le soleil, où il va se coucher, s’il y a des nuages, s’il va pleuvoir, etc. Une chose est sûre cependant, un appareil photo de téléphone portable ne remplacera jamais un véritable appareil photo (rires).
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