Après les fêtes de fin d’année, souvent synonymes d’excès et de repas copieux, nombreux sont ceux qui cherchent à alléger leur alimentation sans pour autant sacrifier leur plaisir gustatif. Plutôt que de se lancer dans un énième régime restrictif, pourquoi ne pas essayer quelque chose de différent et plus durable ?
Adopter une alimentation vegan pendant une semaine ou un mois pourrait être la solution idéale pour repartir sur de bonnes bases, tout en découvrant de nouvelles saveurs.
Jean-Philippe Cyr, alias “The Buddhist Chef”, connaît bien ce défi. Ancien chef cuisinier spécialisé dans les viandes, il est devenu vegan il y a neuf ans après une prise de conscience brutale. Aujourd’hui, il inspire des milliers de personnes à travers ses livres de recettes, ses vidéos, et ses produits disponibles dans les épiceries au Canada. Selon lui, la cuisine vegan ne rime pas avec privation, bien au contraire : elle offre une opportunité unique de repenser son assiette, de manger plus sainement, tout en se faisant plaisir.
Jean-Philippe Cyr, pourquoi vous surnomme-t-on “The Buddhist Chef” ?
Je suis devenu vegan principalement pour des raisons éthiques. Lors de retraites de méditation bouddhiste, j’ai réalisé que consommer de la viande entraînait forcément la souffrance animale. En adoptant le principe bouddhiste de « ne pas nuire », j’ai choisi le véganisme. J’ai ensuite cuisiné dans ces centres de méditation, ce qui m’a permis de développer les recettes pour mon premier livre. Le bouddhisme, loin d’être une pratique égoïste, m’a appris à être une meilleure personne envers ceux qui m’entourent.
Que diriez-vous à ceux qui hésitent à devenir complètement vegan ?
Je ne demande pas aux gens de devenir vegan du jour au lendemain. Mon approche est plus souple : je recommande simplement de remplacer quelques repas par semaine par des options végétariennes ou végétaliennes. Par exemple, au lieu des traditionnelles pâtes bolognaises, on peut opter pour une sauce aux lentilles ou du tofu émietté. L’idée est de garder des recettes familières tout en utilisant des alternatives végétales rapides à préparer.
De plus, le régime vegan est associé à des bienfaits pour la santé, notamment la réduction des risques de diabète de type 2, de maladies cardiovasculaires, et de certains cancers. Dans les pays où la consommation de viande est plus faible, comme certaines régions d’Asie, les taux de cancers du sein et de la prostate sont aussi plus bas. Un régime végétalien, pauvre en graisses saturées, aide à diminuer le cholestérol. Une étude d’Oxford a même suggéré qu’adopter une alimentation vegan pourrait prolonger l’espérance de vie de près de dix ans. En remplaçant la viande par des légumineuses, on augmente aussi l’apport en fibres, qui sont essentielles pour la satiété et la santé intestinale; un point souvent négligé, car la majorité des gens ne consomment pas assez de fibres au quotidien.
Quelles recettes recommanderiez-vous pour aider les gens à adopter une alimentation à base de plantes ?
J’ai plus de 500 recettes sur mon site et dans mes livres. Les recettes qui plaisent le plus sont souvent les plus simples. Par exemple, mon tofu à la sauce arachide prend à peine onze minutes à préparer. Il ne contient pas de cholestérol, est économique, et même les enfants en raffolent ! Il suffit d’un peu de sauce soja, de beurre d’arachide et de sirop d’érable. J’encourage toujours à adapter les recettes traditionnelles en remplaçant la protéine animale par une protéine végétale.
Quels sont tes plats végétaliens préférés ?
J’adore cuisiner les légumes-racines et les courges. Par exemple, je fais des fusillis à la courge butternut, rôtie au four, avec une sauce crémeuse à base de noix de cajou et de levure maltée. C’est un vrai délice !
Quels ingrédients essentiels utilisez-vous pour sublimer les plats végétaliens sans ajouter trop de calories ?
Je recommande la levure alimentaire ou “levure maltée”, souvent méconnue, qui apporte un goût salé proche du parmesan et est riche en vitamine B12. Le miso, qui est une pâte de soja fermentée, apporte aussi de l’umami. Le sirop d’érable est un ingrédient phare pour moi, il aide à équilibrer l’amertume. Enfin, pour un peu de piquant, j’adore le sriracha, et pour l’huile, j’utilise souvent l’huile de sésame grillée.
Vous semblez mélanger beaucoup d’influences culinaires internationales…
Absolument ! Quand on est vegan, il faut être curieux et s’inspirer des cuisines du monde entier. Par exemple, il y a 600 millions de végétariens en Inde. Les occidentaux, par contre, utilisent beaucoup moins de légumineuses par rapport aux autres cultures où elles sont omniprésentes dans l’alimentation quotidienne.
Quelles sont les idées reçues sur la cuisine vegan auxquelles vous êtes souvent confronté?
La plus courante est la crainte de manquer de protéines. Pourtant, il y a des millions de végétariens sur Terre qui ne souffrent pas de carences en protéines ! Le tofu, le tempeh, les légumineuses, et même le brocoli contiennent des protéines. En fait, la majorité des gens ne manquent pas de protéines, mais bien de fibres. On entend aussi que manger vegan coûte cher, alors que le tofu est beaucoup moins cher que le poulet ou les crevettes. Devenir vegan peut réduire la facture des courses de 34 %, à condition d’être prêt à cuisiner.
Quel est votre mantra ?
Pour citer le moine Matthieu Ricard : « Les animaux sont mes amis, et je ne mange pas mes amis. » (rires)
Fusillis sauce crémeuse à la courge
Les courges sont magnifiques : il en existe de toutes les couleurs et de toutes les formes. On les met dans son panier à l’épicerie et lorsqu’on arrive à la maison, on se demande ce qu’on va faire avec ça. Le secret ? Les faire griller au four. Ça caramélise la chair, réveille les saveurs et fait ressortir leur côté sucré.
Portions 4 Préparation 35 min Cuisson 30 min Trempage 15 min
350 g de fusillis
➙ Courge butternut
- 1 Courge butternut (environ 1 kg)
- Pelée, épépinée et coupée en petits dés
- 3 c. à soupe (45 ml) d’huile d’olive
- ¼ C. à café de sel
- ¼ C. à café de paprika doux
- Poivre au goût
➙ Béchamel de cajou
- 85 g de noix de cajou
- 500 ml de bouillon de légumes
- 2 c. à soupe (16 g) de fécule de mais
- 60 ml d’huile végétale
- 30 g de levure maltée
- 2 c. à café de vinaigre de cidre
- 1 c. à soupe (15 ml) de sirop d’érable
- 1 c. à café de sel
- 1 c. à café d’huile de truffe (facultatif)
- Faire cuire les pates selon les directives du fabricant. Egoutter et réserver.
- Préchauffer le four a 200 ˚
- Déposer les dés de courge dans un saladier et ajouter l’huile d’olive, le sel, le paprika et le poivre. Bien mélanger, puis transférer sur une plaque de cuisson et faire rôtir au four 20 minutes.
- Faire tremper les noix de cajou dans de l’eau bouillante 15 minutes et les égoutter.
- Déposer les noix de cajou et tous les autres ingrédients dans le bol d’un mixeur, puis mixer jusqu’à texture homogène.
- Transférer la préparation dans une casserole.
Porter à ébullition, à feu moyen, en mélangeant à l’aide d’un fouet. Quand le point d’ébullition est atteint, réduire le feu et poursuivre la cuisson 1 minute, en remuant constamment. - Ajouter la courge et remuer délicatement.
Ajouter les pâtes et bien les enrober de sauce.
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