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Éditoriaux Énergie

Le double défi de la Suisse en matière d’énergie

15.12.2022
par SMA
Martin Kernen, Directeur romand de l’Agence de l’énergie pour l’économie (AEnEc)

Martin Kernen
Directeur romand de l’Agence de l’énergie pour l’économie (AEnEc)

Cet hiver, et pour la première fois depuis plus d’un demi-siècle, la Suisse – ses habitants, entreprises et collectivités – est confrontée à un risque de pénurie d’énergie. Ce qui était considéré comme normal jusqu’à présent – on appuie sur un interrupteur et la lumière jaillit – n’ira peut-être plus de soi à l’avenir.

Quelle réponse pouvons-nous apporter pour que le scénario catastrophe de coupures d’électricité ou de gaz n’advienne pas? Dans un premier temps, et comme le préconise le Conseil fédéral, toutes les mesures de lutte contre le gaspillage – la sobriété énergétique – doivent être mises en œuvre. On estime à 20% le gaspillage dû aux mauvais réglages des installations de chauffage et de ventilation. Il est facile d’y remédier avec un coût minime et sans nuire au confort des utilisateurs. D’autres précieux conseils pour les particuliers, les collectivités et les entreprises sont disponibles sur le site stop-gaspillage.ch

De plus, le risque de pénurie, les prix élevés de l’énergie et la crise climatique doivent nous inciter à prendre en compte l’énergie dans nos choix, notamment lors d’une rénovation d’un bâtiment ou le remplacement d’une installation. Un surcoût initial pour une installation énergétiquement optimale est très souvent rentabilisé en quelques années, alors qu’un mauvais choix se paie pendant les 20 années suivantes, sans compter ses conséquences environnementales. Par ailleurs, lors de tout changement d’installation – que ce soit une chaudière de villa ou un compresseur d’air dans une industrie – il faut sélectionner le nouvel équipement en fonction des besoins réels et non pas le remplacer à l’identique. De cette manière, on combine avantageusement économies d’énergie et économies financières.

L’innovation, dans l’efficience énergétique et les énergies renouvelables, peut contribuer significativement à l’objectif par la mise sur le marché de solutions compétitives, avec comme exemple phare le photovoltaïque dont le coût a été divisé par 10 en 20 ans.

C’est en agissant de manière systématique sur ces trois axes – sobriété, efficience et énergies renouvelables – que nous réduirons significativement notre dépendance aux énergies importées, améliorerons notre compétitivité et atteindrons la neutralité climatique.

La transition énergétique et climatique à laquelle la Suisse s’est engagée est donc techniquement possible mais dépend d’une accélération significative du rythme de l’assainissement des bâtiments, de la mobilité sans carbone et de la décarbonation des procédés industriels.

Ce travail de longue haleine nécessite le concours de tous.

Ce travail de longue haleine nécessite le concours de tous: citoyens, propriétaires, collectivités publiques et entrepreneurs. Les conditions économiques, prix de l’énergie élevés et intérêts bas, doivent nous inciter à investir dans des solutions durables et économiquement rentables.

Les milieux professionnels – conseillers, fournisseurs et installateurs – sont également appelés à contribuer à cet objectif. Il leur faudra renforcer leurs équipes tant en capacité qu’en compétences pour identifier et réaliser les mesures d’efficience énergétique et exploiter efficacement les installations techniques. Au-delà du problème maintenant bien connu pour installer des capteurs photovoltaïques sur nos toitures, tous les autres secteurs sont également touchés par le manque de professionnels.

Les professions liées à la transition énergétique et climatique, ainsi que plus largement au développement durable, sont très attrayantes pour les jeunes en quête de sens, d’innovation et de défis professionnels. Il est maintenant capital de leur offrir des formations adaptées au monde à venir et les inciter à s’engager dans ce domaine fondamental.

La Suisse doit relever un double défi: éviter une pénurie d’énergie à court terme et réduire drastiquement ses émissions de gaz carbonique à long terme. Nous y parviendrons en considérant l’énergie, nécessaire à la vie, comme un bien précieux à investir avec parcimonie.

Texte Martin Kernen, Directeur romand de l’Agence de l’énergie pour l’économie (AEnEc)

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