L’alcool figure parmi les plus anciennes substances psychoactives de l’humanité. Il a traversé les âges, revêtant diverses identités, souvent à tort : aliment, fortifiant, remède et bouc-émissaire.
Les études ont enrichi nos connaissances, dévoilant la dualité complexe de l’alcool. Ancré dans notre culture, il se lie aux festivités, à la détente et à la sociabilisation. Comme l’a si justement exprimé le psychiatre français Jean Maisondieu, l’alcool semble parfois être le trait d’union manquant pour oser aimer. Mais derrière joies et plaisirs, ce produit accessible et omniprésent peut être à l’origine de graves problèmes de santé et sociaux.
Selon l’Enquête suisse sur la santé (2017), environ 4 % de la population ont une consommation chronique à risque*. L’alcool est impliqué dans 10 % des décès chez les hommes, 5 % chez les femmes. Bien que la consommation globale ait diminué, elle a augmenté chez les 15-24 ans, ce qui est préoccupant. Les conséquences sur la santé sont multiples : accidents, violences, maladies et atteintes à la santé mentale. Aucune partie du corps n’est épargnée par cette substance qui s’infiltre dans les moindres recoins de notre organisme.
Dans ce contexte, la campagne de prévention Dry January revêt une signification profonde. Dry January signifie « Janvier sec », sans alcool. En dépit du nom, l’idée principale véhiculée ici n’est pas d’interdire de boire mais d’ouvrir la réflexion sur l’alcool et à faire accepter le « non boire », une pause dans la consommation quelle qu’elle soit.
Ne pas boire est souvent mal interprété, c’est anormal et perçu comme un comportement incompatible avec la vie sociale.
L’« abstinence » étant souvent associé à des problèmes d’alcool, le terme « non boire » reflète mieux l’esprit de la campagne. Ne pas boire est souvent mal interprété, c’est anormal et perçu comme un comportement incompatible avec la vie sociale. Une étude d’Unisanté de janvier 2023 révèle le malaise de jeunes non-buveurs face aux remarques et pressions de l’entourage, parfois poussés à mentir pour être acceptés.
Le Dry January vise aussi la normalisation du choix de ne pas boire pour lutter contre cette stigmatisation.
Le GREA coordonne la campagne en Suisse romande. Pour lui, c’est une opportunité de dialogue et d’ouverture. C’est une invitation à repenser notre relation à l’alcool, à réévaluer les normes sociales et à promouvoir le respect des choix individuels dans une société qu’il invite à s’ouvrir à de nouvelles habitudes.
Texte Célestine Perissinotto, responsable projet, GREA
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