Pourquoi un iceberg peut-il réserver de désagréables surprises ? Parce que nous n’en voyons que 10 à 15 %, tandis que le reste se dissimule sous la surface de l’eau. De la même manière, il est gênant de ne pas connaître les préférences de ses clients si l’on souhaite bien les conseiller dans une perspective durable.
En matière de conseil en placement, l’usage s’est établi depuis des années de clarifier la capacité de risque et la propension au risque des clients au début de chaque relation d’affaires. Cela permet d’identifier les opportunités et les risques liés aux activités d’investissement. C’est aussi un moyen d’éclairer les clients sur les placements adaptés – ou pas – à leur situation.
Si cette approche semble évidente, elle n’est pas pour autant la norme aujourd’hui en matière de services financiers et de durabilité. Nous entendons y remédier. Car d’une part, nous associons au développement durable les valeurs les plus diverses et nos préférences varient selon les aspects concernés. D’autre part, dans le domaine du développement durable, nous sommes confrontés à des opportunités et à des risques qui peuvent jouer un rôle plus ou moins important pour nous à titre personnel. C’est pourquoi l’ASB a introduit deux autorégulations à l’intention des banques membres.
Premièrement, les préférences des clients quant à la durabilité feront dorénavant partie intégrante de tous les entretiens de conseil en placement et en gestion de fortune. Lors de leur première rencontre avec les clients, les conseillers les interrogeront sur leurs préférences et adapteront leur offre en conséquence. Cela vaudra dès 2024 pour toutes les nouvelles ouvertures de relations d’affaires et, à partir de 2025 au plus tard, pour toutes les relations d’affaires déjà existantes au sein des banques membres de l’ASB. Nous créons ainsi la base requise pour que chaque client de ces
banques dispose d’informations transparentes et claires sur la durabilité de ses placements. Et nous contribuons grandement à la prévention de l’écoblanchiment.
Deuxièmement, la question de l’efficacité énergétique devra être abordée à l’avenir lorsque des clients évoqueront le financement d’un achat immobilier ou de leur logement actuel avec les conseillers des banques membres de l’ASB. C’est l’objet de notre seconde autorégulation. En effet, l’efficacité énergétique joue un rôle important lorsqu’il s’agit de préserver à long terme la valeur d’un immeuble. Il faut donc estimer les travaux de rénovation potentiellement nécessaires. De plus, les banques membres de l’ASB informeront leurs clients sur les aides à la rénovation des bâtiments auxquelles ils pourraient prétendre, en les adressant au besoin à des services spécialisés indépendants susceptibles de leur fournir des conseils spécifiques.
Les préférences des clients quant à la durabilité feront dorénavant partie intégrante de tous les entretiens de conseil en placement et en gestion de fortune.
En édictant ces nouvelles prescriptions minimales pour la prise en compte des critères de développement durable dans le conseil en placement et le conseil hypothécaire, nous souhaitons apporter de la valeur ajoutée à l’ensemble de la clientèle des banques membres de l’ASB tout en contribuant concrètement à la réalisation des objectifs climatiques de l’Accord de Paris. Mais la décision d’investir dans le développement durable et/ou dans l’efficacité énergétique incombe en fin de compte toujours aux clients.
Texte August Benz, vice-CEO, Association suisse des banquiers (ASB)
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