Son organisation humanitaire soutient et aide les personnes dans des situations très diverses. L’anniversaire d’Henry Dunant ainsi que la Journée mondiale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge a lieu le 8 mai. Portrait d’un des hommes les plus importants de l’Histoire suisse.
Les missions de la Croix-Rouge ou du Croissant-Rouge sont connues dans le monde entier. Pour cause, l’institution poursuit toujours un objectif important: prévenir et soulager la souffrance humaine et protéger la dignité humaine. Le siège de l’organisation mondiale d’aide humanitaire se situe à Genève – car c’est là qu’Henry Dunant décide de la fonder en 1863, à la suite d’une expérience qui l’aura profondément marqué.
Parcours formateur
Le Genevois Henry Dunant naît le 8 mai 1828, à Genève, dans une famille très engagée socialement et politiquement. Les professions et les attitudes de ses parents lui enseignent très tôt la responsabilité sociale et ce que cela signifie d’être actif dans le domaine humanitaire. Au cours de son activité d’homme d’affaires, il voyage souvent à l’étranger et entre en contact avec d’autres cultures.
La deuxième guerre d’indépendance italienne éclate en 1859, entre la Sardaigne, avec le soutien de Napoléon III, et l’Empire autrichien de l’époque. La bataille décisive de ce conflit se déroule à Solférino, près de Milan. À cette période et par pur hasard, Henry Dunant traverse ce cauchemar: des milliers et des milliers de soldats blessés et mutilés gisent sur le champ de bataille sans recevoir aucune attention médicale.
Dans les villages environnants, les femmes de la région apportent des soins aux combattants meurtris. Ainsi, Henry Dunant contribue, lui aussi, tant bien que mal à leur venir en aide. De par cette décision, il prend conscience du besoin pressant de soutien, de matériel médical et d’expertise que requiert cette situation. Par conséquent, cet épisode d’horreur et la bravoure des interventions des infirmières ont un fort impact sur l’homme d’affaires suisse et influenceront sa destinée.
Un livre qui fait l’histoire
Après avoir passé un certain temps à soigner les soldats à Solférino, Dunant retourne à Genève. Trois ans plus tard, en 1862, il met par écrit les souvenirs du champ de bataille qui ne le hantent. Son œuvre «Un souvenir de Solférino» est imprimée en 1500 exemplaires qu’il distribue auprès de son réseau de personnalités politiques et militaires ainsi que dans son cercle d’amis.
Dans ce livre, Dunant déplore les circonstances qui ont entouré la prise en charge des blessés dans cette guerre. De plus, il soutient qu’il est nécessaire d’avoir des unités neutres pour soigner et protéger tous les soldats blessés, sans tenir compte de leurs idéaux. Il appelle les pays à passer des traités entre parties belligérantes, ainsi qu’à financer la création d’organisations d’aide neutres.
Best-seller
À l’époque, le livre rencontre vite un grand succès. L’œuvre se répand et vient même à trouver un public au sein de certaines maisons royales européennes. Jusqu’au jour où «Un souvenir de Solférino» atterrit sur le bureau de l’avocat genevois Gustave Moynier. Ce dernier accorde à Henry Dunant l’accès à la communauté caritative de Genève.
D’ailleurs, les membres de cette société valorisent le caractère éthique et humanitaire de ses idées à propos des soins des soldats. Ils souhaiteraient réduire la perte de vies humaines en situation de guerre. C’est ainsi que le 17 février 1863, un comité de cinq personnes crée officiellement le Comité International de la Croix-Rouge.
Un déclin fulgurant
Bien qu’Henry Dunant soit derrière l’idée qui a donné naissance à la Croix-Rouge et que, grâce à elle, des milliers de personnes dans le monde reçoivent une aide humanitaire, sa vie n’a pour autant pas été facile. Après le succès initial de la fondation, des différends apparaissent entre Dunant et Moynier. Le premier considère la protection de la neutralité des infirmières et des hôpitaux comme une nécessité. En revanche, l’avocat Moynier considère que la neutralité est inapplicable et somme Dunant de vite l’oublier. Cependant, ce dernier ne lâche pas l’affaire et insiste à défendre la neutralité dans l’organisation de secours.
Il ne faut pas oublier qu’Henry Dunant était avant tout un homme d’affaires qui faisait souvent du commerce en Algérie. En raison de plusieurs événements malheureux survenus dans le pays, Dunant souffre de plus en plus de difficultés. En 1867, sa société commerciale s’effondre complètement et est contrainte de déposer son bilan et, est mise en examen. Le Comité de la Croix-Rouge exclut alors Dunant et ses contacts de la haute société se détournent de lui. Ce déclin social le conduit à vivre dans une extrême pauvreté, dans diverses villes européennes. Cela, durant de nombreuses années. Il arrive à garder la tête hors de l’eau grâce à des petits boulots.
Seul à Heiden
Après des années passées à l’étranger – notamment à Stuttgart, Paris et Londres – le Genevois revient en Suisse, et plus précisément à Heiden, en Appenzell. Dans ce petit village, il mène une vie modeste et discrète et se lie d’amitié avec les habitants. Lord d’un nouveau concours de circonstances, Henry Dunant rencontre le rédacteur en chef du journal «Die Ostschweiz», qui dresse son portrait dans un article. C’est ce même article qui l’aide à obtenir une nouvelle vague de sympathie et de soutien dans toute la Suisse. En 1901, il reçoit le premier prix Nobel de la paix et d’autres distinctions pour son engagement humanitaire et son œuvre littéraire.
Après des années à l’étranger – notamment à Stuttgart, Paris et Londres – le Genevois revient en Suisse
Cependant, la popularité retrouvée n’empêche pas Dunant de sombrer dans des dépressions et des délires de plus en plus grands au fil des ans. Ainsi, il passe le reste de ses jours, seul et isolé, à Heiden. Henry Dunant meurt le 30 octobre 1910. Les derniers mots qu’il adresse au docteur Altherr sont: «ah, que ça devient noir!». Il laisse alors son œuvre comme héritage de son passage sur Terre, qui aujourd’hui encore, continue à vivre et fournir de l’aide humanitaire partout sur le globe.
Texte Flavia Ulrich
Traduit de l’allemand par Laetizia Barreto
Image d’Henry Dunant jeune, Source Wikimedia Commons
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