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«Planet of Finance»: lier investisseurs et gestionnaires

15.04.2018
par SMA

Après une carrière dans la banque à Genève, Olivier Collombin lance en 2016 «Planet of Finance». Cette plateforme financière sur internet bouscule les codes de l’acquisition de clients pour les gérants de fortune en permettant des contacts directs entre les épargnants-investisseurs d’une part, et les gestionnaires d’autre part. Selon M. Collombin, les réseaux sociaux vont complètement modifier la relation du client avec sa banque. Pour quelles raisons ? Et avec quelles conséquences? M. Collombin nous l’explique dans cette interview exclusive.

Quelles ont été les principales étapes de votre carrière dans la banque?

J’ai travaillé 30 ans dans la banque en Suisse. Tout d’abord, cinq ans passés au Crédit Suisse où après divers stages en Suisse et à l’étranger, j’ai participé à la mise en place du premier desk de Suisse consacré aux gérants de fortune indépendants (GFI). J’ai ensuite développé cette même activité pour le Groupe Hentsch, devenu Darier Hentsch, puis enfin Lombard Odier & Cie (LO), banque privée au sein de laquelle je suis devenu «Associé Capital Partner». Ayant fait le tour de mon sujet, je me suis passionné pour les nouvelles technologies et les changements qu’elles induisent dans la société en général, et dans la finance plus particulièrement. En 2015, j’ai décidé de quitter la banque afin de créer, avec l’aide de quelques collègues et investisseurs, notre propre plateforme digitale.

Pourquoi avoir quitté le monde confortable et feutré de la banque privée pour vous lancer dans une aventure entrepreneuriale risquée?

Pour une raison principale qui est apparue au milieu des années 2000: l’ouverture au public de Facebook en 2006. Je m’explique avec quelques remarques. L’émergence des réseaux sociaux et leur adoption immédiate par les jeunes adultes a démontré l’immense appétit de ces derniers pour ces outils permettant de démultiplier les interactions avec son cercle de relations. Quel que soit le jugement que l’on porte sur ce type de mécanisme, j’ai très vite acquis la conviction que cela allait, tôt ou tard, impacter le monde de l’entreprise en général, et la manière dont elle allait devoir interagir avec ses clients.

En 2009, alors que vous étiez encore chez LO, vous avez créé «E-merging.com». De quoi s’agissait-il?

J’avais convaincu les Associés de la Banque Lombard Odier de laisser mon équipe  concevoir, à titre expérimental, un réseau social professionnel exclusivement destiné aux «experts financiers indépendants» (GFI). Ainsi est né «E-merging.com», une sorte de site de rencontre gratuit et sécurisé pour les professionnels de la gestion de fortune. Malgré le scepticisme d’une partie de la profession, la plateforme est devenue en quelques années un formidable outil de marketing pour notre service destiné aux GFI.

L’émergence des réseaux sociaux et leur adoption immédiate par les jeunes adultes a démontré l’immense appétit de ces derniers pour ces outils permettant de démultiplier les interactions avec son cercle de relations. – Olivier collombin

Mais comme souvent, les «laboratoires» cohabitent mal avec les activités établies, et les conflits d’intérêts commencèrent à pointer leur nez. Au moment de mon départ en 2015, je me suis donc mis d’accord avec LO pour procéder au spin-off de la plateforme, qui s’est ainsi affranchie de son «incubateur» historique. Nous l’avons ensuite rebaptisée «Planet of Finance» et ouverte à un public plus large, tout en développant de nouvelles fonctionnalités.

Qu’est-ce que Planet of Finance (PoF) aujourd’hui?

PoF réalise principalement deux choses. Premièrement, la mise en contact instantanée d’investisseurs à la recherche de conseils avec des experts financiers triés sur le volet. Ça a l’air simple lorsqu’on le dit comme ça, mais avant PoF, il n’existait aucun moyen pour un particulier d’obtenir des offres de service en ligne dans le but de comparer à la fois les prix et la nature des prestations proposées.

Aujourd’hui, c’est chose faite, c’est gratuit, sans engagement, et la variété des prestataires agréés sur le site donne de grandes chances de trouver le conseiller financier qu’il vous faut. Des centaines de prestataires dans plus de soixante pays sont présents sur la plateforme.

Deuxièmement, PoF délivre un passeport financier (Money-ID) aux personnes qui doivent, comme c’est souvent le cas aujourd’hui, apporter la preuve de l’origine de leur patrimoine (ou leurs fonds) et de sa conformité avec les lois internationales en matière de lutte contre le blanchiment. Mais attention, le détenteur d’un «Money-ID» garde le contrôle exclusif du «contenu» de son passeport, et il ne le partage avec un tiers qu’à sa demande expresse, et il en perçoit une partie du revenu généré s’il le souhaite. Autrement dit: une manière de valoriser son propre profil! Dans tous les cas, le service est gratuit pour les personnes privées et payant pour les professionnels.

Pensez-vous que la gestion de fortune traditionnelle vit ses dernières heures?

Oui et non. Opposer la banque à grand papa aux nouvelles technologies financières digitales ne fait pas grand sens. En tant que client, je préfère généralement être servi par un être humain. Mais si un robot s’avère être plus rapide, plus fiable ou moins cher, ou tout en même temps, alors je n’hésite pas longtemps. Heureusement, la vraie vie est moins manichéenne que cela.

Le service de demain, je veux dire d’ici trois à cinq ans, sera plutôt un assemblage de prestations humaines et digitales. L’objectif sera de conserver le côté émotionnel délivré par une personne et d’y ajouter les performances d’un algorithme comme un «RoboAdvisor» (un conseiller-robot) par exemple. C’est créer, en quelque sorte, un «banquier augmenté» au service de clients qui sont devenus plus exigeants et mieux informés que par le passé. Mais cette étape ne sera sans doute qu’une transition! Tout comme le chauffeur de taxi muni d’un GPS est un «chauffeur augmenté» qui n’est qu’une transition avant la voiture autonome…

Planet of Finance gère-t-elle aussi des fonds?

Non, nous ne gérons pas de fonds. J’ajoute que nous ne pratiquons aucun des métiers de base de la banque privée. Nous ne sommes ni dépositaires, ni négociants en titres, ni gérants. A aucun moment, nous n’entrons en concurrence avec nos membres professionnels. Au contraire, le but est de créer un espace sur lequel ils peuvent se mettre en valeur, accroître leur visibilité digitale ou encore organiser des événements thématiques à l’intention des membres de notre communauté.

Comment sera la banque demain?

Ce sera une App, ou ce qui aura remplacé ce concept vieux de presque 10 ans déjà!

Et quel est l’avenir de Planet of Finance dans ce contexte?

A ce jour, PoF représente «le plus important ecosystème digital au monde dans le domaine de la gestion de fortune». Des milliers d’experts dans 60 pays sont en mesure de servir des milliers de clients privés à la recherche de solutions personnalisées. C’est tout à la fois un réseau social, une place de marché et un site de rencontre dans le domaine financier.

Mais le plus difficile reste encore à faire, car nous nous sommes fixés comme objectif non seulement de conforter notre position, mais également de devenir un acteur incontournable du secteur, y compris en Asie et aux Etats-Unis.

Notre équipe consituée de jeunes gens en provenance des meilleures écoles et de tous les continents constitue le socle de notre organisation qui entend faire mentir le constat qu’aucune platerforme digitale de référence n’est issue du continent européen.

Pour plus d’infos: 

www.planetoffinance.com

contact@planetoffinance.com

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