Entreprises, durabilité et innovation : La responsabilité comme moteur de transformation

Jonathan Normand
Directeur de la Fondation B Lab Suisse
Face aux défis environnementaux et sociaux croissants, il est impératif que les entreprises jouent un rôle central dans la promotion de la durabilité. Cependant, les exigences des grandes entreprises ne sont pas toujours alignées avec les intérêts des PME. Il est essentiel de développer des instruments de dialogue pour que les voix des PME soient entendues et prises en compte dans l’élaboration des politiques publiques.
Les PME se trouvent souvent confrontées à des politiques conçues avec une perspective de grande entreprise. Ces régulations peuvent être perçues comme lourdes et inadaptées aux capacités et ressources des petites structures. Par exemple, les nouvelles réglementations européennes, telles que la Corporate Sustainability Reporting Directive (CSRD) et la Directive sur la durabilité des entreprises (CSDDD), imposent des obligations de reporting exigeantes et instituent un devoir de vigilance des entreprises vis-à-vis des impacts négatifs de leur chaîne de valeur sur les droits de l’homme et sur l’environnement. Cela représente un enjeu majeur pour les PME et leur accès aux marchés. En outre, il est essentiel de développer un index fiable de la perception et du progrès des entreprises pour mesurer efficacement l’impact de ces régulations et identifier les domaines nécessitant des améliorations.
En réponse à ces défis réglementaires, le Secrétariat d’État à l’économie (SECO) lancera bientôt une consultation sur la CSRD pour mieux comprendre comment ces régulations affecteront les PME suisses. Cette consultation est une opportunité cruciale pour les PME de faire entendre leur voix et d’influencer les régulations de manière à ce qu’elles soient plus adaptées à leurs réalités.
Pour naviguer dans ce paysage réglementaire complexe, il est vital de créer des instruments de dialogue efficaces entre les PME, les grandes entreprises et les décideurs politiques. Les réglementations qui vont s’appliquer en Europe et en Suisse créeront des attentes en cascade pour les PME fournisseurs des grandes entreprises, illustrant bien ce besoin. Sans une communication claire et des consultations inclusives, les PME risquent de se retrouver submergées par des exigences de reporting qu’elles ne sont pas en mesure de satisfaire.
Dans ce contexte, il est encourageant de voir des initiatives pragmatiques et prometteuses émerger pour soutenir la dynamique durable en Suisse. Le projet de cadre volontaire proposé par l’Alliance des Entreprises Durables est un exemple de réponse proactive aux défis actuels. En offrant un statut d’« Entreprise durable » adapté aux besoins des PME, cette proposition en discussion sous la coupole sera débattue le 15 août 2024 par la commission des affaires juridiques du Conseil National. Si adoptée, la proposition ouvrirait la voie à un projet législatif plus détaillé visant à introduire un tel statut juridique.
En conclusion, les entreprises ont un rôle crucial à jouer dans la promotion de la durabilité et l’influence des politiques publiques. Cependant, pour que cet impact soit positif et constructif, il est essentiel d’assurer un dialogue ouvert et inclusif qui tienne compte des réalités spécifiques des PME. La responsabilité des entreprises évolue, et au-delà des contraintes, de nombreuses opportunités se présentent également. Ce changement de paradigme est une nécessité, et l’embrasser avec un regard innovant et ouvert sera source de prospérité. En travaillant ensemble et en reconnaissant les contributions et les besoins de chaque acteur, nous pouvons progresser vers un avenir plus résilient et durable.
Texte Jonathan Normand, Directeur de la Fondation B Lab Suisse
Laisser un commentaire