des technologies vertes pour un monde plus durable
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Développement durable

Des technologies vertes pour un monde plus durable

15.11.2023
par Maévane Mas

Avec un marché estimé à 1 500 milliards de dollars – et une projection à plus de 9 500 milliards de dollars d’ici à 2030 – ces technologies d’avant-garde promettent le progrès pour chaque pays. Wai Kit Si Tou, responsable des affaires économiques à la CNUCED, l’affirme fermement dans cette interview.  

Wai Kit Si Tou
Responsable des affaires économiques à la CNUCED

Wai Kit Si Tou, quelle est la situation actuelle du développement et de l’utilisation des technologies pour le développement durable ?

En 2018, les pays développés et les pays en développement ont exporté approximativement le même nombre de technologies vertes dans le monde, soit environ 60 milliards. Toutefois, nous constatons que la plupart des opportunités sont aujourd’hui saisies par les pays développés. En 2021, nous avons observé une augmentation de ces exportations dans les pays développés (près de 156 milliards) alors que les pays en développement accusent un fort retard avec seulement 75 milliards d’exportations. Leur part dans les exportations mondiales de technologies vertes est passée de plus de 48 % à moins de 33 %. Ces pays ont cependant un énorme potentiel notamment au niveau de l’énergie solaire et éolienne. Cette divergence peut donc être rattrapée.

Quel est le rôle des technologies telles que l’Intelligence artificielle et l’Internet des objets dans la lutte contre le réchauffement climatique ?

Ces technologies ouvrent une fenêtre à des opportunités plus durables et permettent d’accélérer la transition verte. Au niveau du processus de production, elles nous aident par exemple à mieux contrôler les normes, à améliorer les déficiences opérationnelles et à fournir de meilleures données d’analyse. Elles permettent également d’optimiser la logistique et de réduire la consommation d’énergie tout au long du processus de production. 

En ce qui concerne la conception d’un produit, ces technologies nous aident à mieux comprendre les besoins réels du consommateur. Nous pouvons également réfléchir à comment améliorer les produits, concevoir des produits recyclés et remplacer les composants nocifs par des composants plus respectueux de l’environnement.

Enfin, ces technologies permettent de contrôler de manière efficace le système électrique grâce à un système de communication qui lui permet de reconnaître nos comportements. Elles savent par exemple lorsque nous éteignons la lumière et lorsque nous avons besoin de l’allumer, ce qui permet des économies énergétiques. L’IA et l’IdO peuvent aussi améliorer notre capacité à utiliser les énergies renouvelables en analysant par exemple les données météorologiques et en faisant des prévisions sur la production d’énergie.

Comment ces nouvelles technologies peuvent-elles améliorer les économies, en particulier dans les pays du Sud ? 

Premièrement, ces technologies permettent le développement et le déploiement d’énergies vertes et renouvelables. Notre rapport contient de nombreux exemples montrant comment les pays en développement peuvent mettre en place des politiques fortes pour tirer parti de ce potentiel vert, en particulier en Afrique où les énergies renouvelables telles que les énergies solaire et éolienne sont abondantes. 

Nous parlons également de la « twin transition », c’est-à-dire que les transitions numérique et écologique peuvent se soutenir mutuellement. Nous soutenons qu’avec ces technologies, les pays en développement peuvent réaliser cette double transition et contribuer à l’écologisation des chaînes de valeur mondiales.

Finalement, les technologies vertes de pointe offrent la possibilité aux pays de se diversifier dans un produit ou un secteur plus complexe et écologique. Dans notre rapport, nous soulignons les étapes permettant aux pays d’identifier les secteurs qui ont le plus de potentiel. Sur cette base, les pays peuvent sélectionner les possibilités de diversification en fonction de leurs priorités nationales telles que la création d’emplois, l’égalité des sexes ou l’économie sociale, par exemple.

Existe-t-il un soutien au développement de ces technologies ?

La CNUCED propose un système de soutien et différents projets pour aider les pays à développer ces technologies. Nous proposons également des programmes de formation à l’intention des décideurs politiques et nous leur fournissons des évaluations technologiques qui les aident à identifier les forces et faiblesses du pays. Nous fournissons aussi un bilan très complet sur la politique en matière de technologie et d’innovation qui engage les parties prenantes du pays et leur montre comment améliorer le système d’innovation.  

Comment voyez-vous le développement de ces technologies vertes dans les années à venir ?

Nous avons assisté à une augmentation très rapide de l’utilisation de ces technologies vertes. Nous observons cependant des divergences et des occasions manquées dans de nombreux pays en développement. Nous espérons sincèrement qu’ils rattraperont leur retard et qu’ils tireront parti de ces possibilités. S’ils ne se préparent pas réellement à saisir ces opportunités, ils pourraient manquer le coche et se retrouver à la traîne. De plus, la coopération internationale est primordiale. Un pays aura beau avoir une politique proactive, son développement dépendra beaucoup du soutien et de la collaboration avec d’autres pays. Les pays développés doivent apporter un soutien technique ou financier aux pays en développement pour les aider à rattraper leur retard à ce niveau. Le développement et l’utilisation de ces technologies vertes devrait combler le fossé actuel entre les pays développés et les pays en développement, tout en déployant une économie durable. 

Interview Maévane Mas

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