comment être heureux ?
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Comment être heureux ?

16.12.2023
par Kevin Meier

C’est une question qui est au moins aussi vieille que l’humanité. Être heureux est un concept apparemment simple que tout le monde aimerait réaliser. Et pourtant, depuis des siècles, de nombreuses personnes n’y parviennent pas.

Voici ce qu’écrit Herman Hesse à propos du mot « bonheur » : « Je trouvais que ce mot, malgré sa brièveté, avait quelque chose d’étonnamment lourd et plein, quelque chose qui rappelait l’or ». Il s’agit peut-être d’une description floue. Et pourtant, Herman Hesse touche juste. Cela nous semble être un mot de tous les jours, mais sous la surface se cache un réseau complexe de significations et d’associations.

Les Américains reconnaissent le droit à la poursuite du bonheur. Si pour beaucoup, il est quelque chose qui nous arrive par hasard, nous pouvons aussi être les artisans de notre propre bonheur. La biologie considère les endorphines, la dopamine et la sérotonine comme les responsables physiologiques du bonheur. La philosophie s’intéresse également au concept. Si les scientifiques, les artistes et nos voisins semblent savoir de quoi ils parlent lorsqu’ils l’évoquent, le bonheur personnel reste un vague fantôme qui ne peut guère être saisi et encore moins capturé.

Prendre soin de ses contacts pour prendre soin de soi

D’un côté, c’est banal, de l’autre, c’est un défi. La recherche du bonheur n’a jamais été facile. Outre les philosophies et pratiques de vie ancestrales, il existe aujourd’hui d’innombrables guides et cours censés ouvrir à tous la voie du bonheur. C’est à chacun de découvrir s’ils sont bénéfiques ou s’ils sont plutôt destinés à manipuler les malheureux.

La science est elle aussi à la recherche de ce bonheur éphémère. L’ « Harvard Study of Adult Development » tente depuis 80 ans de comprendre ce qui rend les gens heureux à l’aide de données empiriques et d’enquêtes auprès des participants. Le directeur de l’étude Robert Waldinger et son adjoint Marc Schulz présentent dans leur livre The Good Life les premières conclusions de cette étude à long terme.

Les auteurs mettent en garde contre le fait de considérer le bonheur comme un objectif final, un prix final ou simplement un hasard. Cette vision, souvent répétée, conduit plutôt au contraire. Le bonheur ne doit pas être quelque chose que l’on doit atteindre, ni un objectif pour lequel on doit travailler dur. Il s’agit plutôt d’un état que l’on reproduit chaque jour.

La formule du bonheur

Si elles devaient énumérer les facteurs d’une vie heureuse, de nombreuses personnes citeraient probablement la réussite professionnelle, la prospérité, une activité physique suffisante ou une alimentation saine. Il ne fait aucun doute que ces aspects influencent la vie et le bien-être de chacun. Mais selon Robert Waldinger et Marc Schulz, la formule du bonheur est différente : « De bonnes relations nous rendent plus sains et plus heureux ». On ne parle pas seulement des relations de couple et des partenariats. Il faut tout autant entretenir les liens familiaux, les relations avec le voisinage et les collaborateurs ainsi que les connaissances. Ces relations ont un impact sur notre bonheur, mais aussi sur notre santé de manière durable : les personnes socialement connectées présentent des niveaux d’hormones de stress et des taux sanguins plus sains.

Toutefois, cela ne signifie pas forcément que les personnes isolées ne sont pas heureuses. De plus, l’étude de Harvard montre aussi qu’il n’est jamais trop tard pour rendre sa vie plus heureuse.

Le bonheur évolue avec le temps

L’incarnation culturelle du bonheur et de l’insouciance – du moins en Occident – est le jeune enfant. Il semble que les enfants soient intrinsèquement conscients de ce qui les rend heureux, et ils le font savoir à leurs parents. Pour les enfants, le monde est encore petit, ils vivent dans l’instant présent et ne se préoccupent guère d’argent ou d’autres concepts abstraits. Au contraire, le monde des adultes est plein de complexité et d’incertitude. Le désir de revenir à une époque plus innocente peut alors survenir.

La perception du bonheur évolue donc avec l’âge, ce qui ne veut pas dire qu’elle se détériore. On observe en effet une tendance à l’augmentation de la perception personnelle du bonheur à partir de 60 ans. Tobias Esch, professeur à l’université de Witten/Herdecke, considère également l’âge comme un facteur favorisant le bonheur. Au milieu de sa vie, la planification de la carrière, l’éducation des enfants ou les problèmes relationnels peuvent ternir le bonheur, jusqu’à ce que finalement, à un âge plus avancé, la modestie renforce le bien-être.

Le problème est la solution

« L’enfer c’est les autres ». Rares sont ceux qui rejetteront cette déclaration de Jean-Paul Sartre. Mais à la lumière d’innombrables études sur le bonheur et la santé, il faudrait aussi reconnaître la véracité de l’adage « Le ciel, c’est les autres ». Tout comme les autres peuvent nous rendre malheureux, ils sont la solution à notre bonheur et à notre santé personnels. Il est vrai qu’avec l’âge, il est plus facile de reconnaître ce qui est vraiment important pour nous dans la vie. Mais le bonheur n’est pas quelque chose qui nous tombe dessus. Il s’agit plutôt d’une décision consciente et quotidienne de créer quelque chose de meilleur avec les autres. Il suffit de commencer par un mot gentil pour la voisine ou par un sourire pour le caissier.

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